La Presse : À quelques jours du 33e Salon du livre de Montréal, un instantané de l’édition québécoise nous montre une industrie capable de faire face aux défis nationaux et mondiaux. Quand les éditeurs, peu portés à l’allégresse de nature, nous disent que leur industrie va bien, nous aurions tort de ne pas les croire. Chez les grands ou les petits, même son de cloche: le livre québécois, sans parler d’âge d’or, vit des années fructueuses.
«Nous avons des bons écrivains et nous faisons des beaux livres: l’industrie roule bien», nous disait récemment Gaëtan Lévesque après trois années à la présidence de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL). Le cofondateur d’XYZ, passée l’an dernier dans le groupe Hurtubise HMH, est assez convaincu pour se relancer, à 60 ans, dans une nouvelle aventure: Gaëtan Lévesque éditeur.
Pour Hervé Foulon, le président d’Hurtubise HMH, le lecteur québécois n’a jamais eu accès à autant de titres, tant québécois – plus de 6000 nouveautés par année – que français (63 000 nouveaux titres en 2009). «Le dynamisme littéraire se manifeste d’abord dans la relation entre les écrivains et les éditeurs», dira M. Foulon dont la maison fête ses 50 ans cet automne.
L’édition québécoise n’en fait pas moins face à de nombreux défis, économiques, politiques et structurels. Le premier touche le passage à l’ère numérique. «L’émergence de nouveaux marchés implique la mise en place de nouveaux modèles économiques», explique Richard Prieur, le nouveau directeur général de l’ANEL, en soulignant la difficulté que pose la cohabitation de méga-entreprises avec les maillons traditionnels de la chaîne du livre, auteurs, éditeurs, distributeurs, libraires et autres, qu’il faut protéger.
À court terme, le défi consiste à constituer une «masse critique» d’ouvrages québécois disponibles en version numérique. L’agrégateur de l’ANEL, conçu par la firme DeMarque de Québec, contient présentement quelque 3500 livres numérisés, principalement des nouveautés et titres récents (voir le site vitrine.entrepotnumerique.com). Objectif immédiat: doubler ce nombre en numérisant les titres du fonds littéraire québécois, ceux des Aquin, Major, Beaulieu, etc.
Nul ne peut prédire comment se développera le livre électronique et quelle place occuperont les oeuvres québécoises dans ce marché mondialisé (qui doit désormais inclure les livres papier vendus sur l’internet). Pour l’heure, rappelle M. Prieur, le marché du livre au Québec représente 810 millions de dollars, tous genres confondus; les éditeurs québécois détiennent 40 % du marché de la littérature générale et 93 % de celui du livre scolaire. «Les Québécois dépensent cinq fois plus pour les livres que pour le cinéma…»
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