Magazine Journal intime

Souvenir de stage

Par Kasey

«  Ca donne l’impression que tu n’acceptes pas la critique » La phrase fait réfléchir, surtout que ce n’est même pas ma vérité. En trois ans de kiné, c’est la 4ème fois que je craque. 1ère fois, en évaluation orale, j’adorais la prof : on avait un livre de plus de 300 pages à connaître par cœur. Et le muscle choisit : Le long extenseur de l’Hallux ( à l’époque, je ne comprenais pas son importance ) m’a destabilisée. Je connaissais d’autres muscles mais celui là, surement pas. J’ai essayé pendant 20 minutes de trouver quelque chose à dire, mais c’était le vide abyssal. Alors quand y a fallu se présenter, j’ai demandé à partir. Je préférais avoir 0 à une évaluation que de me mettre à pleurer. La prof a refusé. « baratine, si tu sais pas, mais ne dit plus jamais cela parce que tu ne sais pas qui est en face de toi ». La 2ème fois, c’était injuste… Ma collègue et moi ont s’est faite aggressées dès notre entrée par la prof, plus de 10heures à bosser sur un dossier pour s’entendre dire en entrant dans la salle « vous savez très bien que votre dossier est naze ». J’avais jamais été autant humiliée de ma vie que pendant cette éval. Parce que ce n’était pas justifiée, que je me défonce toujours pour les dossiers à faire chez soi, et qu’on avait pas mérité d’avoir en face de nous une femme en pleine crise de la ménopause ( ou en tout cas, avec les symptômes ). La 3ème, c’était mon stage en HIA… Mais, c’était après 17h30, tous les kinés étaient partis. La 4ème, c’était hier.

Je me suis décue toute seule finalement : le pire, c’est que j’ai même pas compris ce qui s’est passé. Je m’en veux…

Le pire, c’est que ce n’est pas une question d’acceptation des critiques, ou des reproches, c’est une question de contrôle de soi.

La MSP avait bien commencé pourtant malgré le fait que la patiente m’avait déconcertée parce que les transferts avaient été durs et que je me sentais moins assurée que sur les hémiplégiques que j’avais cotoyés. Pourtant, j’ai essayé… J’ai pris 5 minutes de plus, pour finir le bilan sur les 20 minutes imparties. Et malgré le fait, que le BDK n’avait pas été fait, j’étais plutôt satisfaite dans l’ensemble. Déconcertée, mais satisfaite.

J’avais pris la liberté de commencer la MSP par le cutané, puis le fonctionnel avant de faire la neurologie.

Arrivée à la neuro, tout se passait bien, et un des kinés m’a stupéfaite. Parce qu’il m’a expliquée que cela n’avait aucune valeur mon bilan neuro puisque la patiente n’était pas déshabillée. L’explication était censée. Mais le ton, la facon de dire, le fait que ce soit lui… j’ai été déstabilisée.

La première remarque est passée. La deuxième… apparemment pas.

Cela aurait été le cadre, ca m’aurait rien fait, je m’y serais attendue de sa part. Là, ca m’a surprise. Ce kiné, au cours des MSP, est placide. Observateur, de bons conseils, mais placide. Là, il était d’attaque. A sa juste valeur. Mais c’était déconcertant de sa part.

En sentant ma voix flanchée en attaquant le bilan articulaire, je me suis énervée contre moi : « putain ». J’ai essayé de reprendre le contrôle de ma voix, mais elle a déraillée, en parlant de la mobilité des membres inférieurs. Et en tentant de reprendre ma phrase, j’ai craqué minablement.

Ce qui m’a énervée encore plus.

Dans ces moments là, tu sais que la seule chose qui permet de reprendre le contrôle, c’est de pleurer un bon coup, de courir ou de faire passer le cerveau sur autre chose.

Même si j’avais envie de me cacher… je suis restée, essayant de respirer… pour poursuivre.

J’ai essayé de continuer, j’ai terminé le bilan tant bien que mal… Puis, je suis passée au BDK que j’ai essayé de faire en impro. N’ayant aucun support du fait d’une mauvaise gestion du temps imparti.

La voix a encore flanchée.

Se reprendre encore une fois.

Et débité un BDK à l’instinct…

Aider la patiente à faire le transfert… Puis, s’asseoir et attendre qu’on te dise ce qui allait ou pas dans la MSP. Rester dans ces cas là, alors que t’aimerait te calmer quelque part, avant d’enchainer sur une épreuve éprouvante, c’est dur.

« ce que toi tu penses, et l’impression que tu projettes y a un décallage ».

Pourtant, j’étais en colère contre moi… de pas me contrôler suffisamment, de m’humiliée devant l’équipe, de savoir que ma référente était là, d’avoir « classé » ce kiné dans une catégorie, et qu’il soit parvenu si facilement en disant quelque chose de censé à me destabiliser.

Pourtant, j’accepte la critique.

Toute la discussion après la MSP, j’ai noté comme auparavant ce qui portait à débat, ce qu’il fallait corriger, changer…

Je ne suis pas kiné, je ne suis qu’étudiante. Finalement ce qu’il disait, c’était juste, et j’aurai du y penser.

«  il a vu que t’avais de l’assurance, et il a cherché à te tester »

Il a réussi.

J’aimerai trouver une facon de me comporter différente… Mais, je ne supporte pas de pleurer parce que les personnes qui font cela, le font souvent pour qu’on s’appitoie sur elle. Une fille dans mon école était adepte de cette pratique, et l’empressement des autres à la consoler me révulsait. J’ai toujours hais le chantage émotionnel. Et si je ne suis pas satisfaite de moi, je m’énerve…

Finalement, ma prof de sport au BAC avait raison « un jour, tu tomberas sur des gens qui ne te connaissent pas, et qui ne comprendront pas pourquoi tu réagis comme cela ».

… Alors on fait quoi pour changer ?


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