Rentrée littéraire#3

Publié le 04 octobre 2010 par Lecerclereader

Une sélection d’ebooks, trois voyages : voyage au pays du bling-bling et de la combine (Cantique de la racaille opus 2) ; voyage aux tréfonds de l’intime et de la réconciliation (Mamita) ; voyage au bout de la langue, à la recherche du premier mot (Le premier mot). Bonne route !

Vincent Ravalec, Cantique de la racaille opus 2

C’est un Gaston tout juste sorti de prison que le lecteur retrouve dans ce Cantique de la racaille opus 2. Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis le volume initial, aussi bien dans le roman que dans la « vraie vie » (pour mémoire, le premier opus a obtenu le prix de Flore en 1994), mais les retrouvailles se déroulent sans encombre : il n’est pas vraiment nécessaire de se rafraîchir la mémoire pour entamer cette suite.

Anti-héros roublard, Gaston n’a pas perdu son allant en prison, bien au contraire. Il y a rencontré un mystérieux gourou, Hepner, qui lui a insufflé une nouvelle philosophie de vie fleurant le coaching de bas étages : « Il est important d’avoir un physique en bonne condition, débarrassé des tensions générées par la modernité. C’est d’ailleurs un des fondements des enseignements H+, « un esprit sain dans un corps sain. » (pp. 83-84) L’étrange Hepner ne s’est pas contenté de lui bourrer le crâne de maximes H+, il lui assure aussi une réinsertion à base de plans douteux et d’argent facile. Le lecteur suit ainsi des aventures rocambolesques, qui commencent dans la France bling-bling pour continuer dans un monde en danger… Font partie de ce trépidant voyage, bien entendu, des Gaston’s girls d’une classe à toute épreuve :
« – C’est une pute ?
-    Non, pas vraiment une pute. C’est quelqu’un qui ne voit les choses que sous un angle vénal. C’est même pas malsain, c’est dans son caractère. Elle pense qu’elle est un objet précieux et qu’elle doit évoluer dans le luxe. » (p. 69)

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Michel del Castillo, Mamita

Dans ce roman, Michel del Castillo explore de nouveau « son » territoire : celui d’une enfance sacrifiée durant une période de tourmente. En sa compagnie, le lecteur traverse un 20e siècle meurtri et dissèque un désastre. Le désastre est bien entendu mondial, historique, mais aussi intime. C’est que le narrateur (très proche de l’auteur) n’en finit pas d’ausculter son passé, d’y chercher des réponses : « Il songeait au Steinway, à la subtile transformation de son jeu, durant cet hiver 1936. Elle délaissait les fresques pittoresques, les espagnolades, le folklore, elle entrait dans la musique. Qu’y cherchait-elle ? Elle n’y rencontrait que sa solitude nouvelle. Elle avait beau se justifier à ses propres yeux, se persuader qu’elle avait agi pour la bonne cause, se soûler de mots, en vain plaidait-elle les circonstances, la guerre, la peur : une part d’elle-même savait qu’elle avait franchi une frontière, le territoire des hommes pour aborder un continent de glace. C’est cette solitude définitive que la musique lui offrait, celle-là même qu’il habitait depuis l’enfance. » (pp. 161-162) La paix attend-elle au bout de ce Mamita ? Je vous laisse le découvrir…

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Vassilis Alexakis, Le premier mot

Fidèle à lui-même, Vassilis Alexakis nous livre ici une aventure philologique frisant parfois l’essai. Prenant pour prétexte la quête d’une sœur qui a promis à son frère mort de retrouver le premier mot de l’humanité, l’auteur brode autour de ses thèmes de prédilections avec un plaisir évident : « La langue grecque n’est pas réputée pour son expressivité, a reconnu Miltiadis. Je crois que le français est plus riche en onomatopées, et l’anglais encore davantage. La musique de la poésie anglaise passe difficilement dans les autres langues. Le verbe to buzz rend mieux le bourdonnement que le français « bourdonner » et le grec vouizo, peut-être parce qu’il n’a qu’une syllabe. D’ailleurs, les Français sont en train de l’adopter, je l’entends de plus en plus souvent à la télévision, « C’est un buzz », disent les présentateurs, c’est-à-dire une nouvelle qui fait du bruit… Je m’étonne tout de même que Platon ne voie pas que tous les mots, dans leur grande majorité, sont des constructions improvisées, qu’il n’y a aucune affinité entre le mot « arbre » et la chose, que les arbres pourraient aussi bien être appelés montagnes, les chevaux lions, et ainsi de suite. Il s’agit de conventions qui nous permettent de nous comprendre. Les mots et les choses se dévisagent par-dessus un gouffre. » (pp. 119-120) Une lecture distrayante pour les amoureux de la Langue, française ou autre !

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Et vous, avez-vous lu l’un de ces ouvrages ? Lequel vous a le plus plu ?