Nous poursuivons notre découverte des romans de cette prolifique rentrée littéraire, avec trois ebooks au ton et au style très différents : « Les bulles » de Claire Castillon, « Mon âme au diable » de Jean-Pierre Gattegno et le surprenant « Nevrospiral » de Patrick Olivier Meyer…
Les bulles de Claire Castillon
« Les bulles » est un recueil de 38 mini-nouvelles portant chacune un prénom. Ces courts chapitres, qui sont autant de personnages, se présentent sous la forme de monologues qui ressemblent à ceux que l’on peut saisir en tendant une oreille indiscrète vers une conversation téléphonique. Claire Castillon nous propose une vision très crue et pour tout dire peu reluisante des rapports humains, de la famille, du couple, des amis. Dans ces dialogues qui n’en sont pas vraiment, on attend sans cesse la réponse d’un interlocuteur qui reste désespérément silencieux. Ces discours de personnages perdus dans leur bulle, qui d’adressent à des proches distants, voire absents (quand ils ne sont pas tout simplement morts, comme dans l’une des dernières nouvelles), ressemblent fort à un portrait en creux d’une solitude aussi insondable que généralisée…
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Mon âme au diable de Jean-Pierre Gattegno
On ne compte plus les livres écrits par des enseignants témoignant de leur difficultés à exercer leur métier. L’image qu’ils donnent des établissements dans lesquels ils enseignent est souvent assez inquiétante… Mais après avoir lu le dernier roman de Jean Pierre Gattegno, le plus alarmant de ces témoignages vous semblera bien exagéré. Car le collège décrit dans « Mon âme au diable » est tout simplement terrifiant. Malgré les caméras, les détecteurs de métaux et les brigades de polices, les élèves y sont violents et agressifs ; les locaux sont dans un état de délabrement avancé ; les enseignants, lorsqu’ils ne sont pas suicidés, estiment qu’un cours est réussi lorsqu’ils s’en sortent sans une égratignure ; et pour ne rien arranger, la proviseur est corrompue (d’ailleurs, le personnage principal du roman, Théodore Simonsky, professeur de français remplaçant, est chargé de l’assassiner)… Bref, vous aurez compris que derrière ce polar loufoque, l’auteur (professeur de français dans le civil) nous dresse un tableau extrêmement caricatural du monde de l’enseignement. On rit jaune cependant, car comme dans toute caricature, aussi grossière fut-elle, l’auteur mais souvent la plume là où ça fait mal… Un roman loufoque, que l’on déconseillera tout de même à toutes celles et tout ceux qui voudraient un jour exercer cette merveilleuse, mais décidément périlleuse, profession d’enseignant…
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Nevrospiral de Patrick Olivier Meyer
Quatre personnages, quatre névroses. Ian Furrigan est obsédé par les blondes. L’hypochondriaque (et blonde) Anita est persuadée que son médecin va bientôt lui annoncer une tumeur au cerveau ; Samuel Wilson, dépressif notoire, est sur le point d’assassiner une innocente blonde ; Richard Richardson, rock star cynique, collectionne les groupies blondes… Quatre histoires, avec deux points communs : la blondeur et un médicament, le Névrospiral…
J’ai dû vérifier plusieurs fois pour en avoir le cœur net, (comme on se pince pour vérifier que l’on ne rêve pas) mais « Nevrospiral » est bel et bien un roman français. Et pourtant, ce style, cet humour, jusqu’aux noms des personnages, tout sonne américain dans ce roman. Imaginez un mélange de Bret Easton Ellis et de Chuck Palahniuk, avec une dose de Douglas Coupland, et vous aurez peut-être une idée du résultat : un mélange détonnant d’humour, de digressions, de sexe, de violence, de cynisme et de folie. Un premier roman réussi, dont les nombreuses qualités (style, inventivité, rythme, humour) font vite oublier la fin un peu confuse (un abus de Nevrospiral, sans doute).
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