Cela fait un mois que le tournage de Khamsa s’est achevé et j’ai enchaîné directement avec le montage.
Première étape, le dérushage, qui consiste à revoir et à sélectionner avec Lise Beaulieu, ma fidèle monteuse (depuis "Pigalle", mon premier long- métrage), l’ensemble des rushs du tournage. Je comparerais cette étape à la remontée des filets sur un bateau de pêcheur. On fait le tri, on compare, on pèse le pour et le contre, la portée émotionnelle de chaque prise. Bref, cette étape est surtout l’heure des bilans. On regrette de ne pas avoir osé telle ou telle chose, ou tout simplement de ne pas avoir eu l’idée simple et lumineuse qui aurait sauvé la scène, ou au contraire on s’étonne de découvrir des émotions, des sentiments qui nous ont échappé dans le vif de l’action.
La salle de montage est une sorte de bulle loin du monde, où l’on assiste ému à la naissance du film. Dans une semaine, nous arriverons à un premier ours, c’est comme cela que l’on nomme dans notre jargon le tout premier montage. Je ne connais pas l’origine de cette appellation, peut-être parce qu’il s’agit d’une forme brute, mal léchée?
Ce premier ours devrait durer 2h30. Il nous faudra alors le sculpter et le ramener à une durée inférieure à 2 heures. Ce travail se rapproche le plus de l’écriture du scénario, à ce stade, la structure est encore mouvante. Le but du jeu est de trouver le rythme idéal du film. J’aime cette étape où l’on cherche la musicalité et les lignes de force du récit.
Ici, au montage, je retrouve le même sentiment que sur le tournage. Khamsa est mon septième long-métrage, mais j’ai l’impression de réaliser mon premier film. La même liberté, la même joie, le même émerveillement, la même énergie fougueuse qui me porte et me donne la force de construire sans chercher à savoir si ce que je propose sera bien ou mal perçu. Juste se laisser porter par ses convictions profondes et son instinct.
Ce sont tous ces enfants qui m’ont donné cette force pour tourner et ils continuent à me porter dans ma bulle de montage. Leurs rires de mômes, leurs vitalités, leurs insouciances, éclatent sur les écrans de ma salle de montage. Je sais qu’une vraie rencontre a eu lieu entre ces enfants et l’homme de cinéma que je suis, et cela aucun discours, aucune théorie, aucune polémique ne pourra me le retirer.
C’est donc en pensant aux minots de Khamsa et à tous ceux qui me soutiennent dans cette aventure que je vous présente ce petit diaporama: