Racontant l'histoire d'une garnison de centurions romains confrontée à une tribu du nord de l'Angleterre résistant à l'envahisseur (l'irréductible village gaulois n'est pas loin...), le film de Marshall constitue un morceau de pellicule extrêmement bancal. En effet, la première partie du film possède un rythme proche du néant, et la belle trogne du héros le rapproche davantage du bellâtre métrosexuel que du Romain belliqueux et sanguinaire. Par ailleurs, les pitoyables dialogues ponctués de "fuck" (en 117 après JC, ça le fait moyen), tendent à faire gentiment sortir le spectateur de l'histoire.
Heureusement, le film se rattrape dans sa seconde partie, dans laquelle une poignée de centurions, ayant survécu au massacre de leur garnison par la tribu des Pictes, se voit pourchassée par la peuplade locale après que l'un des Romains ait tué le jeune fils du chef de la tribu. Le film bifurque alors vers la chasse à l'homme plutôt bien menée, Marshall boostant le rythme du métrage avec ce qu'il faut de vengeance, de combats et de sang, à travers de très beaux paysages naturels.
Par ailleurs, Marshall nous propose un personnage de "pisteuse" plutôt réussi, incarné par Olga Kurylenko, mannequin de son état, qui s'avère plutôt efficace dans le rôle de cette femme muette et avide de vengeance. Son personnage de traitresse violée et mutilée dans sa jeunesse, rompue au maniement des armes, est suffisamment contrasté et doté d'aspérités pour être intéressant.
D'autre part, Marshall parsème son film de scènes sanglantes bien sauvages (tête coupée en son milieu, oeil crevé à la flèche, décapitations en plusieurs coups), qui apportent au film une sauvagerie réussie.
C'est donc un film en demi-teinte que nous offre Neil Marshall pour son nouvel opus, extrêmement décevant d'abord, très efficace ensuite. En tout état de cause, le réalisateur aime (se) faire plaisir, et parvient à ne jamais tomber dans le cynisme cinématographique lorsqu'il s'agit de postmodernisme, contrairement à nombre de ses confrères.