Raphaël a changé. L'homme a mûri et c'est tant mieux.
Pas de merchandising, pas de gros artifices, l'homme va à l'essentiel: la musique, juste la musique.
Ce soir l' Ancienne Belgique affiche sold out et
toutes les conditions sont réunies pour vivre un grand concert. Et ce sera le cas!
Pourtant, en ce qui me concerne tout avait mal commencé.
Vers 19h, je me pointe devant l'AB et une file sans fin s'allonge de minute en minute depuis les portes de la salle jusqu'au rideau métallique de la rue des Pierres.
Je m'installe donc au milieu de cette chaîne humaine et cherche mon ticket. Et là, horreur, je me rends compte qu'il est gentiment resté sur mon bureau. Il ne me reste plus qu'à retourner le
chercher au pas de course et de me repointer avant 20h30. Direction parking- embouteillages, re-embouteillages au retour et re-parking.
Il est finalement 20h20 lorsque je rejoins l'AB pour la deuxième fois ce soir. Ouf !
La salle est pleine comme un oeuf et je parviens finalement à dégoter une place au balcon, légèrement excentrée, mais qui me permettra de prendre des notes d'une manière relativement confortable
pendant le show. L'honneur est sauf !
Le public scande le nom de Raphaël et il va être entendu car à 20h30 les lumières
s'éteignent.
Quelques notes de piano en intro de Terminal 2B et Raphaël et ses zicos (basse, claviers,violoncelle, drums, guitare) apparaissent on stage. Vêtu d'un blouson de cuir brun, d' un t shirt noir au
motif fils barbelés sur un jeans délavé, il
"J'ai très envie de vous chanter essentiellement les titres de mon nouvel album, mais comme je ne suis pas un salaud je vous en ferai aussi quelques autres plus
anciens.." Et d'enchaîner avec " Bar de l'Hôtel".
A la guitare on retrouve l'excellent Yann Péchin, guitariste attitré de feu Alain Bashung.
"Ne partons pas fâchés" accompagné par des lights rouges du plus bel effet permettra au guitariste de briller au banjo tandis que Raphaël se charge de l'harmonica et de l'acoustique. Une version
très country de bonne facture.
"Je hais les dimanches" tiré du dernier album précèdera "Chanson pour Patrick Dewaere". Raphaël tombe le blouson de cuir.
"Une petite chanson ancienne que vous devez connaître..." Et de nous livrer une version hispanisante de "Caravane". Bluffant !
"Ce doit être l'amour", la guitare hurlante de Péchin en alternance avec les arpèges de Raphaël est du plus bel effet. "Odyssée de l'espèce" magnifique titre qui clôture l'album nous plonge
ensuite dans une atmosphère pesante..
"Versailles"précèdera "Rendez vous" écrit pour Stefan Eicher.
Quelques notes de piano emplissent la salle et c'est "la mémoire des jours" suivit de " ''C'est bon aujourd'hui" magnifique titre bourré d'émotion. La salle fait silence.
Suivra "Schengen"... grosse ambiance dans la salle. C'est pas le moment d'avoir une petite envie pressante à moins de posséder une formation de para-commando pour fendre la foule compacte.
La chanson suivante je l'ai écrite à Bucarest après une cuite mémorable à la vodka tabasco.." et c'est "Dharma blues" joué en voix/guitare où Raphaël s'aide d'une pédale de loops ( loop station)
et d'un theremin ce qui crée un climat musical étrange du meilleur effet.
Retour du band pour "La petite misère" enchaîné avec " Locomotive" et son riff à la slide guitar."Prochaine station" sera ensuite crachée à la gueule du public dans une
version rock apocalyptique avec une nouvelle fois un Yann Péchin balançant de la disto à foison.
Le set se terminera par "Dans 150 ans", enveloppé de claviers plaintifs et sous un silence respectueux suivi d' une ovation.
Bruxelles veut un bis !
"Je vais vous faire un titre de mon chanteur préféré de tous les temps comme disent les gosses...Monsieur David Bowie ! " Et de se lancer dans une sobre
interprétation de "Modern Love" du Thin White Duke.
Et puis vient la chanson ( faussement ?) polémique clin d'oeil à l'Hexagone de Séchan : "le Patriote", pamphlet anticonformiste égratignant la démago de gauche et de droite d'un coup de gueule
libérateur, accompagné des sifflets de la foule lors de la phrase "...et les français sont désolants ! ". Marrant.
"Sur la Route" repris en choeur par la salle servira aussi à présenter ses musiciens.
"Le vent de l'hiver" précèdera un dernier titre le célèbre "Bruxelles "de Dick Annegarn ( avec qui il a collaboré sur Pacific 231) offert pour la circonstance en conclusion d'un concert classieux
d'un artiste qui, à 35 ans, commence seulement à nous livrer son vrai potentiel artistique.
Rendez- vous le 15 mai 2011 dans cette même salle pour ceux qui voudraient renouveler le plaisir ou qui ont raté l'excellente prestation de ce soir.