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A Pôle, on ploie

Publié le 12 novembre 2010 par Letombe

A Pôle, on ploiePôle emploi crée de nouveaux chômeurs, le titre est de Capital : « Pôle emploi a officialisé hier la suppression de 1 800 postes d’ici fin 2011. Cette mesure provoque la colère des syndicats, qui dénoncent la surcharge de travail des agents dans un contexte de chômage de masse, annonce l’introduction de l’article. A l’heure où le taux de chômage dépasse 9% en France, Pôle emploi… taille dans ses effectifs. L’organisme né de la fusion de l’ANPE et des Assedic va supprimer 300 CDI, via des départs non remplacés, et ne pas reconduire 1 500 CDD d’ici la fin 2011, ont annoncé les syndicats. Une coupe justifiée par la nécessité d’adapter le budget de Pôle emploi au projet de loi de finances 2011, a expliqué un porte-parole à l’AFP. Le gouvernement a décidé de ne pas reconduire certaines mesures exceptionnelles prises pendant la crise pour faire face à l’explosion du nombre de chômeurs. » Une fois de plus, les bras nous en tombent. La « crise » est-elle terminée, les « mesures exceptionnelles » ne sont-elles pas plus que jamais nécessaires, « l’explosion du nombre de chômeurs » a-t-elle été endiguée ? La décision du gouvernement est d’autant plus irresponsable que le chômage est en réalité beaucoup plus élevé que ne l’affichent les statistiques officielles, que Pôle Emploi fait baisser artificiellement en multipliant les radiations arbitraires, comme nous le dénoncions dans un billet de mars 2010 (40 000 chômeurs radiés chaque mois !). Nous avons donc un organisme Symbole de la faillite des « réformes » sarkozystes (relire notre article de juin 2009),

parfaitement incapable de gérer l’afflux massif de chômeurs

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et… le gouvernement y supprime des postes !

Fureur chez les salariés : « Pour les syndicats FO, SNAP, CGT, Unsa, CGC, CFDT, CFTC, Sud et SNU, « la situation explosive vécue par les salariés – et par ricochet sur les services rendus aux usagers – et la situation économique ancrée entraînant la hausse du chômage exigent au contraire une augmentation des effectifs », rapporte l’AFP. « Cette annonce inacceptable » de 1 800 suppressions de postes « est vécue comme une véritable agression à l’égard des salariés ». D’où grève et manifestation : « La pluie qui tombe à Paris depuis quatre jours est un bon test de mobilisation… Remporté avec brio aujourd’hui par les salariés de Pôle Emploi, descendus en masse avec leurs k-way et parapluies, raconte Libération. Ils étaient entre 1500 et 3000, excédés par leurs conditions de travail et la dégradation du service rendu aux usagers. «Ah non mais le coup des 1800 nouvelles suppressions d’emploi annoncées il y a trois jours, c’est de la provoc’ pure et simple», s’étrangle presque Franck, 18 ans de métier, brassard FSU. (…) Comme les autres, il voit la pile de dossiers sur son bureau s’allonger toujours plus, avec à la clef des délais de réponse aux usagers qui s’allongent. «Trois semaines d’attente en moyenne à Caen pour informer seulement un nouveau chômeur de ses droits et du montant de l’indemnisation.» Alors bien sûr, enchaîne-t-il, «faut pas s’étonner de la montée de l’agressivité, entre agents et de la part des usagers. L’autre jour, une collègue a évité de peu un coup de poing en pleine face.» Sono syndicale à plein tube, on réchauffe le moral des troupes à coup de «Y en a assez, assez de ce Pôle emploi, de ses missions bradées, qui jette ses CDD, maltraite ses salariés, maltraite ses usagers». «Nous on veut des moyens pour bosser.» Un camion syndical plus loin, c’est : «Il était un service public (bis)/ Qui brutalise ses salariés/ Ohé ohé ! Ohé ohé Pôle emploi !» (…) Alex est venue de Toulouse, (…) criant à tue-tête contre «cette machine à radiation» qu’est devenu le Pôle emploi, «cette pompe à fric qui broie le personnel et les usagers». Dans son agence, elle constate tous les jours la dégradation du service rendu depuis la fusion ANPE-Assedic fin 2008. «Je me retrouve avec 210 demandeurs d’emploi à charge que je suis censée recevoir une fois par mois. C’est impossible, rien que de répondre à toutes les demandes par téléphone, on ne s’en sort pas. »

Alex et ses 210 chômeurs à tenter d’accompagner incarne un cas limite, la moyenne étant tout de même – bien qu’inacceptable – plus basse : « Les portefeuilles des conseillers de Pôle Emploi sont surchargés, résume un autre article de Capital. Fin août, chaque employé avait à sa charge 103,1 dossiers, une hausse de 12% en un an selon Les Echos. Pire, un agent sur huit est censé accompagner de façon personnalisée plus de 130 chômeurs dans leur recherche d’emploi. Autant dire, une mission impossible. Pourtant, le gouvernement avait promis que la fusion entre l’Anpe et l’Unedic début 2009 réduirait à 60 le nombre de demandeurs d’emploi géré par conseiller. [Ne jamais croire les promesses de l'UMP, NdA] Même les contrats de sous-traitance, signés ces deux dernières années avec des agences d’intérim et des cabinets de recrutement, n’ont pas suffi à absorber l’explosion du chômage. » Parlons-en justement : « Confronté à une explosion du chômage qu’on tente tant bien que mal de camoufler et à la faillite totale d’un Pôle emploi complètement débordé, le gouvernement a décidé un recours massif au privé : confier jusqu’à 250 000 chômeurs par an à des Opérateurs privés de

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placement (OPP), selon le chiffre avancé par Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi, dans une interview au Parisien, écrivions-nous en août 2009. Evidemment, on songe tout de suite qu’il serait tout de même préférable que les agents de Pôle emploi soient plus nombreux – et mieux formés -, et puis on se souvient être en Sarkozie. La logique de ce régime-là n’est certes pas d’embaucher des agents publics mais de dégraisser sauvagement, quitte à se dire ensuite : « Oh ben zut alors, maintenant qu’on a viré tout le monde, on n’y arrive plus ! » Remède miracle, donc le privé. Et qu’est-ce que ça donne, en coût et en efficacité, un chômeur pris en charge par le privé ? » A l’époque de notre article, les résultats définitifs de l’évaluation n’étaient pas encore connus. Le rapport a finalement été publié en octobre 2009. Il compare l’incidence, par rapport à un accompagnement standard du chômeur, d’un suivi personnalisé public (Cap vers l’entreprise, CVE) ou assuré par un OPP : « Le programme CVE a un effet rapide et élevé sur le taux de sortie vers l’emploi pour les demandeurs d’emploi récemment inscrits : à l’horizon de 6 mois, la hausse du taux de sortie des listes vers l’emploi est de +9,1 et +7,6 points, selon que les demandeurs d’emploi sont ou non indemnisables. L’accompagnement par les OPP a un impact plus tardif et plus modéré sur la sortie vers l’emploi. La hausse du taux de sortie vers l’emploi ne devient statistiquement significative qu’à l’horizon de 6 mois où elle s’élève alors à +4,2 points. »

 C’est chiffré : le privé obtient de moins bons résultats. La conclusion du rapport avance une explication : « les 11 OPP sélectionnés par l’Unédic pour prendre en charge les parcours d’accompagnement renforcé étaient hétérogènes, tant en terme de taille et d’expérience que d’ancrage territorial. Aux côtés d’opérateurs expérimentés dans les démarches de reclassement des salariés, se trouvaient également des organismes récemment positionnés sur ce marché, n’ayant pas (encore) ces atouts. Les OPP se sont donc appuyés sur des compétences et ressources assez hétérogènes, ce qui a pu jouer dans le sens d’un abaissement global des performances en termes de retour à l’emploi. » Donc en gros, on a embauché n’importe qui ! Le rapport n’aborde pas les coûts respectifs des deux programmes et il nous faut donc retourner à notre billet d’août 2009 : « Et en 

mr
termes de coûts ? Ne cherchez pas, c’est beaucoup plus cher ! « On n’attend pas la fin des expérimentations menées pour lancer l’opération à grande échelle », s’indignait déjà Maurad Rabhi, représentant CGT à Pôle emploi, dans La Tribune du 29 avril dernier. Il réclamait alors un « véritable débat (avec les pouvoirs publics) sur le recours aux opérateurs privés, dont le coût pour le reclassement d’un demandeur d’emploi est estimé entre 3 500 et 7 000 euros, contre 800 euros par an pour Pôle emploi. » Vous avez entendu parler d’un tel débat, vous ? Mais à quoi bon demander leur avis aux gens ? Le dogme de l’incomparable plus-value du secteur privé ne se discute pas. « Ça fait partie aussi d’un Etat moderne de piloter des réformes et d’externaliser, quand c’est nécessaire, quand il y a une surcharge ponctuelle d’activité, une partie des tâches », déclare Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, la bouche en coeur (repris sur Impôts utiles). Ce que ça peut être horripilant, cette manie de se draper dans la soi-disant modernité ! « Il n’y a pas de mal à sous-traiter à des professionnels, des spécialistes du sujet [sic, au vu du rapport ! NdA], (ce que) d’ailleurs l’administration fait dans de nombreux domaines ». Et s’ils font le travail moins bien pour beaucoup plus cher ? Ah pardon, ce doit être ça, « l’Etat moderne ». Avec le nouveau plan de 1800 suppressions de postes, le gouvernement donne le coup de grâce à Pôle emploi. Et il ne serait pas surprenant qu’on nous annonce un nouveau recours massif au privé, qui annulera in fine les économies réalisées par les suppressions de poste pour obtenir des résultats beaucoup moins bons. Quant aux chômeurs, qu’ils se débrouillent ! Voilà comment gouverne l’UMP, et cette critique déborde largement le cadre de l’anti-sarkozysme. François Fillon, promis à conserver son poste de Premier ministre à l’issue d’un remaniement dont on se fiche comme d’une guigne – parce qu’il ne changera rien à rien -, s’il a meilleure image que le psychopathe de l’Elysée, est lui aussi un ardent promoteur de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), qui n’est ni plus ni moins qu’un saccage systématique du service public. Qui sauvera la France de ces prédateurs ?

Plume de presse

à lire :

Non M. Wauquiez, le chômage augmente aussi chez les seniors!

Le PS condamne les suppressions de postes à Pôle emploi


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