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Les joues de cochon à l’orange ou la recette du bonheur en trois plombes

Par Estebe

Bien le bonjour, les porcelets ravis
 

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Le bonheur, c’est simple comme un coup de fil, disait naguère une pub pour les Télécoms. Ben non. Même pas vrai. Tout dépend du coup de fil. On en connaît qui se sont fait virer, larguer, harceler, lobotomiser, étriper, crumbelisés même, par un simple coup de fil. Pas toujours bon, le téléfon.
A vrai dire, le bonheur, c’est simple comme…
Un coussin péteur soigneusement planqué sous le fauteuil de votre chef de service, celui qui manque un brin d’humour. Gros, le brin.
L’enlèvement de Sarah Palin par des chirurgiens extraterrestres (et de toutes les bigotes frappadingues du Tea-Party avec) en vue d’examen approfondi des recoins putrides de l’âme humaine.
Un barbu au regard doux qui se met à jouer du blues comme un sauvage, là devant vous, sur sa guitare vintage, avec un son gros comme un building et un feeling de diable.
Une lueur de lubricité complice qui se met à luire dans la pupille de l’être convoité en silence depuis des lustres. Genre, c’est OK, darling, right now.
Une joue de cochon à ce point mijotée, qu’elle fond dedans votre cavité buccale et y dégageant une cascade de parfums acidulés autant qu’exquis.
Z’avez vu la transition?
Pour réaliser cette couillonnissime quoiqu’affolante recette de joues de porc mijotées à l’orange, il nous faut trois joues par personne (ce qui nous fait un cochon et demi, quand on y songe), deux oranges, une mignonnette de Cointreau, des épices, un bon fond de veau artisanal (par de merdouille en poudre, je vous en conjure à genoux et la larme à l’œil), deux carottes, deux brins de céleri branche et une chouette polenta pour jouer les garnitures moelleuses.

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Zestez une demi-orange puis pressez-la. Pressez l’autre aussi. Blanchissez les zestes deux minutes dans de l’eau frémissante.
Dans une boule à thé, tassez une feuille de laurier, deux clous de girofle, un demi-brin de romarin et quelques graines d’un poivre aromatique venu de très loin avec SwissAir.
Faites dorer les joues au fond d’une cocotte dans une lichette d’huile d’olive. Réservez. Faites blondir deux échalotes et une gousse d’ail émincées dedans ladite cocotte. Ajoutez la viande. Assaisonnez. Mouillez avec un déci de fond de veau, le jus d’orange et une giclée de Cointreau. Immergez la boule à thé. Couvrez. Laissez glouglouter tout doux environ trois plombes.

Ce qui vous laisse le temps de songer au bonheur, un concept total ringard et réac inventé par la CIA pour endormir la vigilance du petit peuple opprimé.

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Une demi-heure avant le miam, déposez sur la viande les zestes, ainsi que les carottes et le céleri, les uns et l’autre artistiquement et respectivement émincés en rondelles et virgules. Quand les légumes sont tendres, rectifiez avec vigueur d’une pincée de sel vengeresse ou d’un tour de moulin à poivre flamboyant. Puis servez avec la polenta, et un vin du Piémont, oui du Piémont, un Gattinara racé et profond, ça change, ça fait exotique, ça te chavire la bouche.

Bye, bye love

PS: Mais que fait ce briquet d’un goût déplorable à côté du cochon? Hein? Ben, il passait par là. Chez les Slurp, on sait accueillir les gens et les objets, aussi indécents soient-ils.


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