Quand on lit les textes de François Beuchat, on aimerait vivre sa vie. Ce qui est un paradoxe absolu: il ne lui est jamais rien arrivé.
Né en 1945 dans le Jura, notre auteur vit encore avec sa maman dans la maison de son enfance, à Nidau, près de Bienne, en 1945. Le grand voyage de sa vie l’a conduit à Genève, pour le début d’études de lettres que la mort de son père lui a fait abandonner. Depuis lors, François Beuchat se promène et écrit.
Il a publié un recueil d'aphorismes et de poèmes, Ballade en rose et noir (Ed. du Panorama, 1988). Puis plus rien pendant dix-sept ans. Il a d’ailleurs fallu des circonstances exceptionnelles pour que son œuvre refasse surface.
Chaque mercredi, à la Galerie, 15 rue de l’Industrie, à Genève, des auteurs lisent leurs textes. En 2002, la nièce de Beuchat, qui s’occupe de ces Lectures publiques, l’a invité à y présenter quelques extraits.
Ils ont produit une forte impression sur les auditeurs présents. Des rumeurs flatteuses sont remontées jusqu’à Pascal Rebetez. Intrigué, l’éditeur de D’autre part a pris contact avec l’auteur et découvert sa production somptueuse et étendue.
Et encore, on ne connaît rien de ce qui a été écrit avant 1980: tout a été détruit. L’œuvre ultérieure de Beuchat, elle, occupe 5000 pages dactylographiées. Il s’agit de séquences, fragments d’un grand tout inachevable et sauvé par la mémoire. Il y a toute une tradition derrière cette prose qui s’impose si naturellement, tendue entre deux univers poétiques. La chanson et ses refrains d’une part, telle qu’on peut la trouver dans Hugo. D’autre part le somptueux appareil de l’alexandrin dont on peut repérer le rythme majestueux dans nombre de textes.
Cette virtuosité, que Beuchat fait oublier, est au service de la vie et de ses moments d’exceptions, captés avec sensibilité, justesse, ferveur. C’est dans la lucidité de l’insomnie que cet homme qui a tout sacrifié à l’écriture trouve ses textes.
Evidents, poétiques, ils se présentent comme des dons. En eux s’opère la restitution de moments, de scènes, de visions, d’images. Leur lecture offre au lecteur une beauté nostalgique et illuminée.
L’oeuvre est publiée sous le titre général Fragments du roman d’une vie. Sa deuxième partie, Le moineau dans un bocal, vient de paraître.
François Beuchat, Le moineau dans un bocal, Editions d’Autre part
François Beuchat lira certains de ses textes mercredi 17 novembre sous le titre Insomnie du miroir à La Galerie, 13 rue de l’Industrie aux Grottes, Genève
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