De la voix même de la réalisatrice, Léa Seydoux était faite pour ce rôle. « Je n’ai rencontré qu’elle. J’ai décidé tout de suite que ce serait Prudence. Léa était la bonne personne », La belle personne comme pour son premier grand rôle dans le film de Christophe Honoré. A croire que ce mot ne peut être dissocié de sa personne. Dans Belle épine, Léa Seydoux est sur tous les plans (ou presque). Elle crève l’écran par sa souffrance, sa blancheur de peau et ses cernes qui la rendent à la fois fragile et effrontée. Belle, mélancolique, parfois audacieuse, toujours séduisante, Léa Seydoux incarne solennellement le rôle d’une adolescente écorchée vive qui tente à sa manière de faire son deuil et d’avancer.
Difficile dans ces moments-là de laisser de la place aux autres acteurs. Mais les personnages satellites qui gravitent autour de Léa Seydoux à l’instar d’Anaïs Demoustier et Johan Libéreau (Les Témoins de Téchiné) sont tout aussi remarquables.
Par leur jeu d’acteurs, ils sauvent à eux trois un film brouillon, lourd, d’une noirceur déprimante où une image trop électrique et des sons assourdissants plombent une ambiance déjà bien trop pesante. La réalisatrice s’éternise sur Prudence sans parvenir à faire passer les émotions et l’état de tristesse de son personnage principal. Sans parvenir non plus à s’échapper du carcan imposé par un certain cinéma d’auteur français. Sortie tout droit de la Fémis, Zlotowski reproduit des schémas traditionnels vus et éculés. Une position qui lui vaudra certainement une reconnaissance de ses paires mais qui, sur un plan purement cinématographique, déçoit et laisse au spectateur un profond sentiment de lassitude et d’amertume quant à la possibilité au genre de se renouveler.
Pour une première expérience à la réalisation d’un long-métrage, la Belle épine de Rebecca Zlotowski pique sans finalement nous toucher.
Sortie en salles le 10 novembre 2010