En arrivant en Grèce on change tout : l'alphabet, l'heure, le paysage.
L'alphabet n'est pas si compliqué mais quand on vient de passer quelques semaines baigné dans le cyrillique des balkans il y a de quoi s'embrouiller : d'un côté le "H" se lit "N" et le "N" inversé se lit "i", de l'autre le "H" se lit "i" mais la minuscule correspondante ressemble à un "n", le "N" se lit bien "N" mais sa minuscule est un "v"... Du coup il nous faut bien 5 minutes pour déchiffrer un mot et après le passage de la frontière c'est un peu la panique pour lire les panneaux. Heureusement plus loin on se rend compte qu'ils sont traduits, ce qui va nous permettre de nous habituer plus sereinement à ce nouvel alphabet.
Concernant l'heure, 2 jours après le changement d'heure en Macédoine nous voilà revenus à l'ancienne à cause du décalage horaire entre la Grèce et l'ouest de l'Europe.
Enfin le paysage, qu'on n'aura pas le temps de bien contempler le 1e jour puisque comme d'habitude on arrive à destination dans la nuit (ce que notre guide nous déconseille absolument...). On est surpris de croiser beaucoup de champs en train de brûler, le responsable se tenant à distance avec un bidon d'essence à ses pieds. Est-ce une façon de désherber à la fin de la saison ? En tout cas entre ça et des terrains vagues, plus les zones industrielles qu'on a croisées avant de rattraper l'autoroute, le paysage n'était pas des plus agréables.
Comme je le disais plus haut nous arrivons de nuit à Kastraki, au pied des Météores, dont on ne distingue pas nettement les contours. On voit seulement des ombres qui ont l'air énormes et sur le coup ça nous donne le vertige. C'est même assez effrayant de se sentir entouré de formes impressionnantes dont on ne sait pas de quoi il s'agit. Et le matin au réveil voilà ce qu'on trouve autour de nous :
Pas vraiment des montagnes, puisque globalement les alentours sont plutôt plats. Il s'agit de masses rocheuses qu'on croirait tombées du ciel tellement elles tranchent avec le reste du paysage, d'où leur nom de Météores. Sur ces gros rochers se trouvent des monastères fondés à partir du XIVe siècle, chaque monastère étant construit au sommet de son rocher. Un certain nombre d'entre eux ont été abandonnés et leurs ruines sont quelquefois visibles. Seuls 6 sont encore en activité, 3 d'entre eux étant tenus par des nonnes et les autres par des moines.
Tous les monastères sont ouverts au public à certaines heures de la journée mais hors saison la documentation qu'on avait sous la main nous indiquait que ce jour-là on ne pouvait en visiter que 2. Au final il semblerait que la saison ait été un peu étendue puisqu'on a eu droit aux horaires d'été, ce qui nous a permis de visiter 4 monastères. Leur accès se fait à pied depuis la route, par des chemins puis des escaliers taillés dans la roche. Avant la création de ces escaliers, les moines utilisaient un système de paniers couplé à des poulies pour accéder au sommet. Je ne suis pas sûre que j'aurais osé m'y aventurer. Déjà que par les escaliers il vaut mieux ne pas être trop fatigué...
C'est assez bluffant de voir ces monastères sur ces rochers longilignes en se demandant d'abord comment ils ont pu construire tout ça là-haut, d'autant plus à cette époque, et ensuite comment on peut bien y accéder. Le pire c'est qu'il ne se sont pas contentés de construire des bâtisses carrées, les monastères sont tous sublimes et les églises richement décorées. Malheureusement les photos étaient interdites à l'intérieur et bien que tous les autres touristes aient quand même pris des photos (en se signant après), nous avons respecté l'interdiction.
A l'entrée de chaque monastère on trouve des jupes longues pour recouvrir les pantalons des femmes (obligatoire si on veut entrer). Et pour les monastères les plus touristiques, des boutiques de souvenir attendent les touristes le long de la route, entourées de chats à l'affut du moindre morceau de nourriture. En parlant de nourriture, on prend notre repas de midi en terrasse. Le 3 novembre ! C'est qu'il fait chaud dans ce pays. Au menu halloumi pané, beignets de courgettes, moussakas et gros haricots blancs. Bienvenue en Grèce!
Dans l'après-midi nous décidons de faire une petite ballade vers un rocher, celui qui est tout petit là-bas au fond debout.
Au passage on croise des grottes aménagées, des vignes bénies et de petites églises dont on ne sait pas si elles sont encore utilisées. Et le petit caillou debout est finalement beaucoup moins petit quand on est juste en dessous ! Drôle de paysage, on en prend plein les yeux tellement tout ça est inhabituel. Comme quoi on n'a pas fini de s'émerveiller.