Soyons honnête. Sur les cinq courts-métrages présents dans ce Regards Croisés 2, nous n’en avons vu que deux, car il se jouait My Dear Enemy (2008) dans une autre salle de l’Action Christine – film qui entrait dans notre programme pour ce festival. Ainsi manque à l’appel dans ce billet : Pay Day (2007), Chacun Pour Tous (2009) et L’Aide au Retour (2009).
[We Need National Protection (2008) de Robert Prey]
Des hippies en Corée du Sud ?! Si, si ça existe. J’en suis resté pantois. Moi qui ai une aversion de ces « individus » depuis le lycée... J’entends encore la voix d’un ami qui me lançait avec véhémence : Never trust a Hippie ! Du coup, je ne sais comment prendre ce documentaire… Les croire, ne pas les croire… ? Là est la question. Trêve de plaisanterie, parlons de chose sérieuse. Le véritable intérêt de ce documentaire réside dans la quête que cette bande d’individus aux dread locks se donne. Celle d’aller dans un centre où des immigrés sont enfermés. Des immigrés, des travailleurs le plus souvent qu’on imagine sans papier et en attente d’expulsion. L’intérêt véritable c’est de montrer le rapport des sud-coréens face à ce « centre » qu’on préfère oublier ou feindre de ne pas connaître. On y découvre dès lors combien ce « centre » met mal à l’aise la population locale (du moins celle qu’on veut bien nous montrer, celle gardée au montage, bien entendu j’écris ceci sans remettre en cause l’intégrité de l’auteur, cela va de soi). On notera, une mise en forme proche de l’amateurisme, pas qu’un peu d’ailleurs. On a vu mieux sur les Youtube et consorts. Un peu de rectitude, bon sang ! Comment suscité l’envie si aucun n’effort n’est fait de ce côté-ci ? Affligeant. Cet amateurisme consternant donc est heureusement sauvé in extremis par son sujet. Un sujet traité avec une pointe d’humour qui ne serait pas loin d’un cynisme derrière ces visages souriants et enthousiastes, We Need National Protection vaut tout de même le coup d’œil.
[A Lamp in the Darkness (2008) de Ashok Thapa]
« Stop Crackdown », un groupe rock d’ouvriers multi-ethnique est au centre de ce documentaire qui met en exergue à travers ses membres la situation des ouvriers et plus particulièrement des ouvriers d’origine étrangère dans la société coréenne. Intéressant que ce documentaire qui traite d’un sujet trop rare. Propos en voix off sur des images d’une population peu visible en Corée, interview face caméra, scènes musicales,… A Lamp in the Darkness peine dans la réalisation. On ne demande pas un cadre travaillé, une lumière léchée ainsi que des mouvements de caméra pour enjouer son sujet mais juste un minimum de travail. Du coup, on ne peut que regretter cet aspect bâclé qu’on retrouve également (en plus prononcé) dans We Need National Protection (2008), dommage. Sans cela, si la forme est à jeter, le fond révèle au moins une importance palpable et indéniable dans « la lutte contre la discrimination et en réclamant justice pour le droit des travailleurs » (catalogue du 5ème Festival Franco-Coréen du Film).
Parce que c’est plutôt rare pour ne pas le souligner, profitons de ce billet pour féliciter et encourager (à continuer) les organisateurs et les programmateurs du Festival pour avoir (fort bien) choisi un thème aussi fort dans cette nouvelle édition du FFCF. Ce thème de l’immigration et son rapport culturel et social au sein de la société coréenne est surprenant dans un panorama cinématographique où il est quasi-nul au du Pays au matin calme. Après le thème de l’homosexualité au FFCF ’09, nouveau bon point pour cette section du Festival qui continue de persévérer dans l’audace de montrer la Corée du Sud à travers un regard différent. Bravo.
I.D.
Vous avez aimé cet article ?
Partager