Michel de Poncins – Le 11 novembre 2010. Nous assistons depuis deux ans dans beaucoup de pays, et surtout en Europe, à des plans étatiques de relance puis d'austérité. Il faut s'interroger à la fois sur les termes et sur la validité des ces plans. Car la situation dite « de crise », quelle qu'elle soit, offre une occasion unique pour les Hommes de l'État d'appesantir leur lourde main sur les autres et, en fait, d'augmenter leur pouvoir sur les citoyens ; pour ce faire la prétendue relance, comme l'austérité, n'offrent-t-elles pas des motifs apparemment honorables et justifiés ?
Fin 2008 le pouvoir s'est acharné à courir derrière cette relance espérée, ce qui s'est exercé en particulier parce que l'on peut appeler la technique des compteurs. Dans l'usine à gaz législative, qui existe évidemment en France mais également dans tous les pays, les dirigeants s'imaginent en manipulant tel ou tel compteur de créer du gaz là où il y en n'a pas : faut-il encourager le bâtiment, faut-il appuyer sur le bouton « industrie » ? Ou sur celui des services ? La vraie question que personne ne formule serait : les pouvoirs publics disposent-ils de la connaissance suffisante pour s'occuper efficacement de la crise ? Avec deux ans de recul, il semble que non.
Aujourd’hui, la plupart des plans en Europe doivent se consacrer à la réduction des déficits publics. Il y a deux moyens de réduire les déficits : réduire les dépenses ou augmenter les impôts. En France le choix est clair bien que non affirmé publiquement : ce seront les impôts ; la partie la plus visible des nouveaux impôts sera représentée par le rabot des niches fiscales à concurrence d'au moins 10 %, ceci dans un nuage de réglementations impossibles à comprendre, augmentant l’incertitude juridique, préjudiciable à l’entrepreneuriat et à la croissance.
Or l'historique des réductions de déficits publics depuis longtemps montre que l'aggravation des impôts nuit nécessairement à la richesse nationale. N'est-ce pas pure logique ? La dernière étude de l’économiste Alberto Alesina le montre abondamment. Pour augmenter la richesse il faut en effet libérer le travail et le capital et donc nullement les taxer davantage.
Une autre remarque s'impose. En France, il y a certes un resserrement modeste des dépenses publiques avec de l'austérité ici ou là pour les simples citoyens. En revanche, pas d'austérité prévue pour les politiques sauf quelques mesurettes. Ces mesurettes sont tout à fait modestes par rapport à l'immense problème du gaspillage des deniers publics auquel ils se livrent avec allégresse. Leur liste est variée : diminution des cabinets ministériels, réductions des frais des assemblées, lutte contre le nombre des voitures avec chauffeur, réglementation pour le logement des ministres, idem pour les voyages. Une question : ne faudrait-il pas que les politiques du plus haut niveau donnent eux-mêmes l'exemple ?(voir l’avion présidentiel).
Il est de mode d'énoncer que la réduction des déficits publics avec l'espoir de diminuer l'endettement public conduirait à l'amélioration du PIB et ce, suffisamment pour résoudre les problèmes comme le chômage.
Les dirigeants français clament à l'envi que si le PIB augmente tous les problèmes trouveront leur solution y compris celui du chômage. Les ordinateurs tournent alors à toute allure et le pouvoir lance sur les ondes un certain pourcentage d'accroissement annuel du PIB à partir duquel tous les malheurs se résoudraient. Des questions se posent. Ce PIB n'est-il pas une quantité évanescente qui n'existe pas dans la réalité objective et n'est-il pas qu'une chimère de plus ? En effet, des observations sérieuses montrent que les critères des calculs officiels changent au gré de l'humeur des gouvernements successifs. S'ajoutent des manipulations de chiffres des organisations internationales qui veulent rendre les PIB comparables.
En outre, la solution au chômage ne repose-t-elle pas principalement sur l'assouplissement du code du travail lequel par ses rigidités empêche toute amélioration de l'emploi ? Par exemple, en augmentant le coût du licenciement on décourage les entrepreneurs d’embaucher et on génère le chômage. Cette remarque n'est-t-elle pas l'inverse de la vulgate officielle ? C'est de l'amélioration de l'emploi que pourrait venir l'augmentation de la richesse et donc la réduction des déficits.
Les pays émergents dont certains se situent en Afrique peuvent tirer les leçons de ces faux plans de « relance ».
Michel de Poncins
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