La carte et le territoire, Prix Goncourt 2010, roman de Michel Houellebecq, aux Editions Flammarion, 428 pages, 22€.
Michel Houellebecq vient (enfin) de remporter il y a quelques jours à peine, le prix Goncourt, qu'il avait déjà loupé à plusieurs reprises. Il a reçu le prix Goncourt pour son roman La carte et le territoire. Comme vous avez dû le remarquer, j'ai plutôt tendance à parler des livres qui m'ont marqués et que j'ai aimé. Alors, avec le risque de me faire taper, je vais quand même parler de ce livre que, oui, j'ai aimé. Ceci dit, de là à avoir le prix Goncourt, je suis d'accord avec beaucoup d'entre vous, il y a quand même des limites.
C'est le premier livre de Houellebecq que je lis. J'ai tenté il y a plusieurs années Les particules élémentaires, mais en vain, je devais être trop jeune. Mais je n'ai jamais réessayer. Et je crois que ça ne devrait pas tarder. La carte et le territoire, c'est un artiste, Jed Martin, un artiste solitaire. La peinture et la photographie sont ses principales activités. Il se fait vraiment repérer lorsqu'il prend des photos de cartes Michelin. Il obtient l'éloge de tous les magazines possibles du territoire. Puis il arrête. Franz, qui a une galerie, lui propose de l'exposer. Jed Martin se remet alors à la peinture. Et il demande à Michel Houellebecq de lui rédiger un texte pour sa prochaine exposition, donc un texte sur lui, son travail etc. Chose que Michel Houellebecq accepte de faire.
La carte et le territoire est en trois parties. Une première partie où il ne se passe pas grand chose. Une deuxième partie où il ne se passe pas grand chose. Une troisième où il se passe beaucoup plus de choses que dans les deux premières réunies. Oui, concluez qu'il ne se passe pas grand chose. Mais j'aime le personnage marginalisé de Jed Martin, le personnage totalement exclu de Houellebecq, le personnage normal de Franz. Pour ceux qui ne sont pas au courant, oui, Houellebecq s'est mis en fiction dans son roman, et après lecture, nous pouvons conclure qu'il a tout de même un égo assez surdimensionné. Mais là n'est pas un problème. Il fait ce qu'il veut de ses mots et de ses livres. J'ai aussi aimé le style de Houellebecq, je ne le connaissais pas et ai donc découvert un autre style, contemporain certes, mais un autre style. Seuls deux choses me dérangent, les 428 pages auraient sûrement pu être écourtées par plusieurs passages. Et les citations de nom de livres pour désigner un auteur telles que "L'auteur d'un roman français" ou "L'auteur des particules élémentaires" sont trop présentes, et complètement inutiles.
Si je devais donner un conseil à tous ceux qui se sont arrêtés en cours de route (en général ceux là se sont arrêtés avant la page 269, donc avant la troisième partie), je vous conseille de reprendre le livre, et de lire au moins la troisième partie qui vaut le coup d'être lu.
Si je devais donner un conseil à tous ceux qui ne l'ont pas encore lu, je vous dirais d'essayer autant que vous le pouvez de lire jusqu'à la moitié de la troisième partie. Si vous ne rentrez toujours pas dedans, alors là vous pouvez arrêter. Vous n'aimerez pas plus les 100 dernières pages.
Et si je devais donner un conseil à tous ceux qui ne l'ont pas encore lu et qui y sont réticents, je vous dirais tout simplement de ne lire que la troisième partie. Je viens de vous raconter le début, vous trouverez certainement d'autres résumés du début encore plus complets que le mien, et vous économiserez le temps de lecture des deux premières parties qui, de toutes façons, ne vous plairont pas.
Et à tous les lecteurs, les anti-Houellebecq, les fans de Houellebecq, les agacés des prix, les I-don't-care, les femmes et hommes qui passez par là, félicitez Houellebecq. Il vient malgré tout de remporter le prix Goncourt !