Avec son film, au titre-sentence qui fleure déjà l’âpre parfum du milieu carcéral, Léa Fehner, jeune toulousaine de 28 ans, réussit un coup de maître, n’ayant absolument rien à envier à un Audiard et son Prophète, parvenant même- dans d’intenses éclairs de justesse- à le dépasser sur le terrain émotionnel. Car du drame, de l’humain et de la chair : voilà bien ce qui constitue toute l’âme d’un film incroyablement maîtrisé ; trois piliers fondamentaux d’un scénario a priori casse-gueule, qui sublime d’un bout à l’autre les destinées qu’il laisse s’entrecroiser, s’entrechoquer, évitant habilement les écueils et du film choral et du docu social. Dans ce chassé-croisé implacable et à hauteur d’hommes, Fehner suit un trio de protagonistes dans la tourmente, trio de gueules d’acteurs monstres (Reda Kated, Farida Rahouadj, Pauline Etienne), dont le seul point commun demeure la prison, un croisement des chemins amené en toute subtilité par une cinéaste visiblement ultra documentée sur son sujet. Laure, jeune ado, dont le premier amour se retrouve derrière les barreaux, Stéphane, la trentaine, face à son avenir incertain, Zohra, mère algérienne endeuillée par le meurtre de son fils : trois personnages, en témoins de centaine d’invisibles pour parler de l’envers du décor carcéral, des autres victimes, ceux, dehors, qui attendent, qui espèrent, qui viennent au parloir, et dont la vie se poursuit, en semi liberté, rongés par le silence oppressant des murs, des mots et du corps d’un de leurs proches. Tous, figés, à un moment charnière de leur existence qui ouvre et clôt le film. Construit comme un polar, le scénario se déroule dans une atmosphère sèche et anxiogène, et, Léa Fehner conduit sa mise en scène avec une rigueur époustouflante, ne laissant rien au hasard, de la moindre note de musique à la plus infime respiration. Le tout respire la peinture sociale forte et bouleversante, la fiction crédible et sensible, et, par-dessus-tout, les promesses de grand cinéma d’une toute jeune réalisatrice.
Avec son film, au titre-sentence qui fleure déjà l’âpre parfum du milieu carcéral, Léa Fehner, jeune toulousaine de 28 ans, réussit un coup de maître, n’ayant absolument rien à envier à un Audiard et son Prophète, parvenant même- dans d’intenses éclairs de justesse- à le dépasser sur le terrain émotionnel. Car du drame, de l’humain et de la chair : voilà bien ce qui constitue toute l’âme d’un film incroyablement maîtrisé ; trois piliers fondamentaux d’un scénario a priori casse-gueule, qui sublime d’un bout à l’autre les destinées qu’il laisse s’entrecroiser, s’entrechoquer, évitant habilement les écueils et du film choral et du docu social. Dans ce chassé-croisé implacable et à hauteur d’hommes, Fehner suit un trio de protagonistes dans la tourmente, trio de gueules d’acteurs monstres (Reda Kated, Farida Rahouadj, Pauline Etienne), dont le seul point commun demeure la prison, un croisement des chemins amené en toute subtilité par une cinéaste visiblement ultra documentée sur son sujet. Laure, jeune ado, dont le premier amour se retrouve derrière les barreaux, Stéphane, la trentaine, face à son avenir incertain, Zohra, mère algérienne endeuillée par le meurtre de son fils : trois personnages, en témoins de centaine d’invisibles pour parler de l’envers du décor carcéral, des autres victimes, ceux, dehors, qui attendent, qui espèrent, qui viennent au parloir, et dont la vie se poursuit, en semi liberté, rongés par le silence oppressant des murs, des mots et du corps d’un de leurs proches. Tous, figés, à un moment charnière de leur existence qui ouvre et clôt le film. Construit comme un polar, le scénario se déroule dans une atmosphère sèche et anxiogène, et, Léa Fehner conduit sa mise en scène avec une rigueur époustouflante, ne laissant rien au hasard, de la moindre note de musique à la plus infime respiration. Le tout respire la peinture sociale forte et bouleversante, la fiction crédible et sensible, et, par-dessus-tout, les promesses de grand cinéma d’une toute jeune réalisatrice.