![My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010 My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010](http://media.paperblog.fr/i/382/3827291/my-dear-enemy-nest-passe-case-regime-ffcf-201-L-HZIZyG.jpeg)
Ha Jeong-Woo, quant à lui, s’est distingué sur les écrans français chez Kim Ki Duk (Dream et Souffle) et surtout chez Na Hong Jin, dans le remarquable The Chaser (le tueur, c’était lui). Le succès gigantesque du sympathique Take Off l’année dernière en a fait une star incontestable en Corée du Sud. On ne peut donc s’étonner que la projection de My Dear Enemy mercredi soir ait été tant courue par le public parisien. Passé la joie de voir le quatrième film de Lee Yoon-Ki sur grand écran, il m’a pourtant bien fallu redescendre sur Terre et faire le constat de ce qu’est My dear enemy : un film malade. Il souffre d’un mal qui pourtant n’était pas incurable et aurait pu être traité avec efficacité si son créateur avait constaté les symptômes qui lui sont à l’évidence passé sous le nez.
Cette maladie c’est la longueur. My dear enemy dure plus de deux heures quand il aurait dû, aurait pu ne durer qu’1h40. C’est dommage car il ne s’agit vraiment pas là d’un mauvais film. Celui-ci fourmille au contraire de qualités, mais celles-ci sont noyées dans le surplus. Lee Yoon-Ki n’a pas osé tailler dans le gras sur la table de montage, et en faisant cela il a plus ou moins gâché son bon film.
![My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010 My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010](http://media.paperblog.fr/i/382/3827291/my-dear-enemy-nest-passe-case-regime-ffcf-201-L-gD8iHa.jpeg)
L’idée n’est pas mauvaise, d’autant que My dear enemy offre bien plus que ce qu’un tel synopsis pourrait apporter dans nombre de films. La première des qualités de l’œuvre est la finesse de la relation dépeinte entre les deux protagonistes. Lee Yoon-Ki a la bonne idée de ne pas dévoiler ses personnages d’un seul coup. Il les peint par petites touches, elle rigide et triste, lui bon enfant et conciliant. Ces masques que le cinéaste leur donne ne restent pas figés, sans pour autant changer de couleur d’une scène à l’autre. Il les affine sans les bouleverser. Elle a de bonnes raisons de se fermer, mais semble capable de s’ouvrir. Il a beau être séducteur et positif, l’ombre du doute passe sur lui, à travers les personnages que l’on croise en route et qui portent un regard attendrissant mais triste sur Byung-Woon.
L’autre belle qualité du film, c’est sa propension à utiliser sa structure de road-movie urbain et de confrontation permanente pour dresser un portrait de la société coréenne. Le machisme latent (Byung-Woon a beau avoir disparu avec l’argent de Hee-su un an plus tôt, on lui reproche à elle d’avoir prêté de l’argent et de se montrer si déterminée), le rapport de force inégal dans le mariage (une scène en restaurant avec un couple d’amis ), l’importance de l’honneur quelle que soit sa condition (une femme élevant seule sa fille avec difficulté préférant prêter de l’argent précieux plutôt que de passer pour quelqu’un qui ne tient pas ses promesses)… Les différentes étapes du voyage aux quatre coins de Seoul est l’occasion pour le réalisateur de poser le doigt sur des caractéristiques singulières de la société.
![My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010 My Dear Enemy n'est pas passé par la case régime au FFCF 2010](http://media.paperblog.fr/i/382/3827291/my-dear-enemy-nest-passe-case-regime-ffcf-201-L-dzYY3I.jpeg)
Quel dommage. My dear enemy aurait pu être un film brillant dont on n’aurait perçu que la finesse, le trouble, la joie et la vie qui s’en dégage. Sa santé resplendissante aurait certainement rayonné sur le Festival Franco-Coréen du Film. Mais le diagnostique arrive trop tard, et le film restera malade à jamais.