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Syngué sabour, pierre de patience d’Atiq RAHIMI

Par Lecturissime

syngué sabour

♥ ♥ ♥

Un court roman qui se lit d'une traite et ne s'oublie plus jamais...

L’auteur :

Atiq RAHIMI est un romancier et réalisateur qui a la double nationalité afghane-française. Il fuit l’Afghanistan en 1984 et demande l’asile politique à la France. Il a obtenu le prix Goncourt en 2008 pour ce roman.

L’histoire :

Un homme est allongé dans une pièce vide. Il a reçu une balle dans la nuque et semble comme absent bien qu'il respire, comme engourdi dans une forme de coma.
Sa femme vient régulièrement lui rendre visite, quêtant en vain un signe de vie. Elle lui parle, elle confie son quotidien de femme musulmane bafouée dans ses droits, elle ne cesse de lui parler, ignorant s'il l'entend ou pas.

Ce que j’ai aimé :

- Il s'agit d'un roman dramatique, de la confession d'une femme que trop d'années ont brimée : oppressée par son statut de femme musulmane, bafouée dans sa vie quotidienne, religieuse et sociale, elle se confie à celui qui représente tout ce qu'elle veut fuir.
C'est un roman sur l'Islam, sur la situation en Afghanistan, sur la guerre, c'est
un roman universel et incontournable.

- Le temps s'étire dans cette chambre unique lieu de l'action. La vie continue au dehors, il est fait mention des enfants de la femme, mais le lecteur reste enfermé dans cette chambre qui devient le sanctuaire des secrets de la femme. Cela crée une sensation d'enfermement prégnante et dérangeante chez le lecteur qui ressent plus âprement les soubresauts de la guerre qui sévit à l'extérieur. On peut penser que le danger vient de là, mais au fil du récit de la jeune femme, on se rend compte qu'il n'en est rien.

Ce que j’ai moins aimé :

- Peut être dérangeant, le lecteur est souvent mal à l'aise.

- La fin est... mais chut découvrez par vous mêmes...

Premières phrases :

« La chambre est petite. Rectangulaire. Elle est étouffante malgré ses murs clairs, couleur cyan, et ses deux rideaux aux motifs d’oiseaux migrateurs figés dans leur élan sur un ciel jaune et bleu. Troués çà et là, ils laissent pénétrer les rayons du soleil pour finir sur les rayures éteintes d’un kilim. Au fond de la chambre, il y a un autre rideau. Vert. Sans motif aucun. Il cache une porte condamnée. Ou un débarras.

La chambre est vide. Vide de tout ornement. Sauf sur le mur qui sépare les deux fenêtres où on a accroché un petit kandjar et, au-dessus du kandjar, une photo, celle d’un homme moustachu. Il a peut-être trente ans. Cheveux bouclés. Visage carré, tenu entre parenthèses par deux favoris, taillés avec soin. Ses yeux noirs brillent. Ils sont petits, séparés par un nez en bec d’aigle. L’homme ne rit pas, cependant il a l’air de quelqu’un qui refrène son rire. Cela lui donne une mine étrange, celle d’un homme qui, de l’intérieur, se moque de celui qui le regarde. La photo est en noir et blanc, coloriée artisanalement avec des teintes fades."

Vous aimerez aussi :

Un jour avant Pâques de Zoyâ PIRZAD

Syngué Sabour, Atiq RAHIMI, POL, août 2008, 164 p., 15 euros

Syngué Sabour, Atiq RAHIMI, Folio, Gallimard, mars 2010, 5.60 euros


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