J'avais bien dit et écrit dans ce blog , après "Versus", que je n'irai plus voir un spectacle de Rodrigo Garcia. Et pourtant , dans "Borges Vs Goya", j'ai marché ... Bien sûr il y a le moment où je me suis sentie agressée, la provocation , comme toujours chez Rodrigo Garcia est forte . Mais cela fait du bien , cela réveille , cela oblige le spectateur à se poser des questions , cela le remue .Cette société est soporifique , chacun s'enferme dans son petit confort fait de choses matérielles souvent inutiles, qui sont là pour faire comme tout le monde.. Pour les deux comédiens (l'un, en français, évoque Borges qu'il admire et qu'il rêve d'aborder ; l'autre , en espagnol, crie son désir de voir les peintures de Goya au Prado) , à la base de leur mal-être,est la frustration de culture . La culture est rejetée par beaucoup parce qu' inaccessible ; rejet qui marque un profond désir de culture , un manque à combler , souvent par de la violence (du vocabulaire , des gestes...) Vers la fin ils s'en prennent tous deux au philosophe Peter Sloterdijk , symbole de la célébrité -pour eux d'une certaine mode - et du summun de la culture. Ils restent condamnés , l'un à aller à Disneyland avec ses enfants , alors qu'il a envie d'aller au Prado pour Goya , et l'autre à se contenter des petits textes qu'il écrit... La mise en scène , avec une voiture toute cabossée qui sert beaucoup , est pleine d'inventions et les deux comédiens, Arnaud Troalic et Julien Flament sont prodigieux de vitalité... Je retournerai voir des spectacles de Rodrigo Garcia ...