Du créateur Gerry Anderson, on se rappelle immédiatement les fameuses « Supermarionations » avec leurs engins futuristes et leurs effets spéciaux sophistiqués. Mais il y a un début à tout et en 1960, le marionnettiste génial est encore plus proche de l’artisanal que du grand spectacle. Toutefois, il continue de développer sa technique et avec cette série, il aiguise ses ambitions. Dans l’intro ci-dessous, que je vous ai choisie en allemand pour plus de dramatisation, c’est à la fois risible et émouvant : on hausse les sourcils parce ça paraît primaire, et puis on sourit parce qu’on devine immédiatement que tout est déjà là et que ce n’est qu’une question de moyens.
Le titre de la série, c’est le nom de la petite ville où se passe l’action et dont le héros Tex Tucker est devenu le sheriff. Les quatre plumes en question, ce sont des plumes magiques qu’il a reçu des indiens et qui font de lui et ses compagnons de véritables super héros. En fait, ce n’est pas de la magie, c’est carrément de la sorcellerie puisque désormais, ses pistolets tirent tout seuls et ses deux compagnons qui sont pourtant un chien et un cheval se mettent à parler comme vous et moi (ou plutôt comme vous et moi si nous étions anglais). Et tout cela est bien sûr fort pratique pour traquer, débusquer et neutraliser les bandits qui n’ont que le temps de hausser les sourcils quand ils se prennent deux balles dans le buffet au moment où ils s’y attendent le moins. Ce à quoi on ne s’attend pas, nous téléspectateur, c’est la couleur de l’époque qui pose tout en noir et blanc. Je veux parler de la grimace que l’on fait quand on voit les méchants Pedro et Fernando ou le fourbe indien Red Scalp. On leur pardonne, mais ce n’est pas finaud.
Le ton est encore à l’humour, bien moins solennel ou sombre que le seront les futures production d’Anderson. Cela tient sans doute au fait que le réalisme des marionnettes ne permet pas encore « d’y croire » et à une « cible » qui est plus jeune.L’ambiance est familiale et les personnages de la communauté de Four Feather Falls préfigurent les boites thématiques de Playmobil, avec son grand-père, son épicière, son barman, son banquier et son télégraphiste. Mais ça n’enlève rien à la performance technique du programme aux effets spéciaux nombreux (les coups de feu des pistolets de Tex sont peints sur la pellicule après tournage). Anderson présente pour la première fois des marionnettes expressives, dont les yeux peuvent bouger et surtout qui peuvent parler, c’est à dire dont la bouche est animée. Le reste consiste surtout à cacher la misère, comme ces nombreuses ambiances sombres qui sont idéales pour masquer les fils. Et puis il y a les décors qu’il faut carrément construire car les personnages qui y évoluent sont quand même assez grands (60cm environ) et que Reg Hill (qui sera sur toutes les productions Anderson) construit avec son équipe dans une maison louée pour le tournage et qui est loin d’offrir les facilités d’un vrai studio.
Derrière les micros pour enregistrer les dialogues il y a Nicholas Parsons, Kenneth Connor (de On the House, Carry on Laughing!, ‘Allo ‘Allo!), Denise Bryer, David Graham (qui a participé à toutes les autres supermarionations et dont les fans du Doctor Who connaissent aussi la voix) et le chanteur Michael Holliday pour les chansons composées par Barry Gray.
La série a été éditée en DVD par Network.
J.B.
Une belle page (en anglais) à propos de la série
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