Tu veux ou tu veux pas… Tu votes ou tu votes pas… Le référendum sur le traité constitutionnel avait meurtri durablement le PS, en raison notamment des prises de positions très tactiques de Laurent Fabius et des postures pour le moins ambiguës de l’aile « gauche » du parti face à la construction européenne… Le Traite de Lisbonne replonge le PS dans les affres des positions difficiles : grands écarts, haute voltige, équilibrisme instable. Le bureau du PS (ce qui ne veut pas dire les parlementaires du PS) avait décidé de dire Oui au traité de Lisbonne, mais les parlementaires PS n’iront pas au palais Bourbon, pour sa ratification en Congrès.
« Un référendum a rejeté le traité précédent. Un nouveau texte a été préparé. Il me paraît impossible que nous participions à la révision préalable de la Constitution, dès lors que nous défendons la voie référendaire plutôt que la voie parlementaire. C'est une question de cohérence », s'est justifié le patron du groupe PS à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault, qui rappelle que son parti s'était prononcé pour un référendum lors de la campagne présidentielle.
Le bureau national du PS a toutefois dit oui au traité de Lisbonne début novembre. S'agissant de la ratification proprement dite, les parlementaires socialistes n'entendent donc pas la bloquer et participeront au vote du texte. « En tout cas c'est la position majoritaire du PS, parce que les acquis du texte sont supérieurs à ses insuffisances et parce qu'il est une chance de sortir l'Union de sa paralysie politique », assure Jean-Marc Ayrault.
Soulagement : les positions de principes du PS peuvent rassurer les socialistes anti-européens (même si « socialistes » et « anti-européens » sont deux mots difficiles à « pacser » sans occasionner trop de dégâts : L'absence des députés PS de Versailles ne compromettra en rien la révision constitutionnelle, puisque seuls les votes exprimés sont pris en compte.
Un rappel : La ratification du traité de Lisbonne doit en effet se faire en plusieurs étapes. Tout d'abord un projet de loi constitutionnelle pour réviser la Constitution sera examiné dans chaque chambre, le 15 à l'Assemblée, le 29 au Sénat, où les députés PS seront présents.
Puis sera nécessaire un vote aux 3/5e des parlementaires présents en Congrès, donc sans l'opposition de gauche si la consigne est suivie.. Viendra ensuite la ratification proprement dite, avec l'examen d'un projet de loi spécifique dans les deux chambres. Bouclage prévu le 7 février.
Comme le Parti communiste et les Verts, les socialistes déposeront une motion pour exiger un référendum début février lors du débat sur la ratification du traité de Lisbonne. Par formalisme là aussi. Par « moraline » plus que par éthique politique puisque la ratification par voie parlementaire effectivement contestable avait été clairement annoncée avant l’élection présidentielle de Sarkozy, donc légitimée par le suffrage universel.
Crédit photo : Rock Cohen/FlickR