A ceux qui apprécient la langue française et qui en veulent en affiner la connaissance, je conseille vivement d’avoir à portée de la main ces deux petits ouvrages, à déguster sans modération.
Ils auront plaisir à les ouvrir à leur guise, sans contrainte, de les feuilleter et s’arrêter à telle page, à tel article ou à telle citation, pour s’instruire tout en souriant.
Je citerai en premier lieu la « PETITE ANTHOLOGIE DES MOTS RARES ET CHARMANTS » de Daniel LACOTTE, parue chez Albin Michel en 2007 et rééditée en janvier 2010 par « Le livre de poche ».
L’auteur y a réuni un demi-millier de « mots rares et charmants et d’expressions d’hier et d’aujourd’hui » en en donnant «l’origine précise et le sens caché ».
Ainsi, j’ai pu trouver des vocables, dont la sonorité m’était soit familière soit tout simplement agréable, mais dont le sens exact m’échappait.
Comme « atrabilaire » (p. 62) et « pusillanime » (p. 177), comme « emberlificoter » (p. 207) et « borborygme » (p. 47), comme « recru » (p. 100) et « teinturier » (p. 91), ou comme « entregent » et « accointance » (p. 20).
Bien sûr ce ne sont des mots que l’on est appelé à placer dans une discussion normale ; il s’agit de mots comme le précise l’auteur « RARES », mais charmants.
Les expressions retenues par l’auteur ne manquent pas de saveur non plus.
Comme « perdre le goût du pain » (p. 157), ou bien « apprendre à sa mère à faire des enfants » (p. 192) ou encore cette formule « avoir les talons courts » (p. 222) dont le sens est, si subtilement mais si crument, bien caché derrière la malice populaire française qu’il est pratiquement impossible à deviner.
Ensuite, je vous parlerai du « PETIT INVENTAIRE DES CITATIONS MALMENEES » établi par Paul DESALMAND et Yves STALLONI et paru chez Albin MICHEL en novembre 2009.
Partant du double constant que « un grand nombre de phrases célèbres sont apocryphes » et que « un nombre tout aussi grand sont passées à la postérité à cause d’un contresens faits à leur égard », les auteurs ont donc répertorié un certain nombre de citations célèbres, qu’ils ont recadrées dans « leur véritable contexte littéraire, politique ou historique ».
Ainsi après des recherches pointues, documentées et argumentées, cet inventaire conclut par exemple à l’inexistence dans l’œuvre de Arthur Canon Doyle de la fameuse formule de Sherlock HOLMES : “ELEMENTAIRE, MON CHER WATSON”. Tout le monde lui attribue la paternité de cette phrase, alors qu’elle n’est qu’une réplique de cinéma inventée par un dialoguiste talentueux.
La même rigueur dans les recherches permet aux auteurs de dénicher les citations « historiques » sont indument affectées à tel ou tel homme personnage connu, alors qu’elles n’ont jamais été prononcées. « L’ETAT, C’EST MOI » est ainsi généralement attribuée à tort au roi Louis XIV et « ET POURTANT ELLE TOURNE » est indument mise au nom de Galilée sur son bûcher.
Voltaire se voit prêter une formule qu’il aurait pu prononcer en effet, mais qui n’a jamais été prononcée par le philosophe : « Je ne partage pas vos idées, mais je suis prêt à donner ma vie pour que puissiez les défendre ». Belle formule, courageuse, généreuse mais apocryphe selon les auteurs.
Même le vénérable Karl Marx n’échappe pas à ce « toilettage ». Sa phrase reprise par tous les militants de gauche « La religion est l’opium du peuple » est une version revisitée d’un texte plus long qui commence par « La religion est le soupir….. » et se termine trois lignes plus loin par « Elle est un opium pour le peuple » !
Les auteurs passent ainsi au crible soixante cinq citations, pour notre plaisir et souvent notre étonnement.
BONNE LECTURE !