Je suis à ma fenêtre (Liu Yong)

Par Arbrealettres


Je suis à ma fenêtre, oisive, depuis une éternité.
Sous la lune froide, le givre tombe.
Silencieusement, je baisse le store :
La lampe ne jette plus qu’une faible lueur.
Je n’en finis pas de poursuivre le passé,
L’âme égarée d’absence,
Le coeur broyé de peine.
Je reste assise à fredonner des airs sans paroles.
Les beaux jours peuvent bien revenir,
Mon front ne saurait plus se dérider.

Trop tôt et trop souvent j’ai été blessée.
Au fil des mois et des années,
Que d’abandons, que de ruptures !
Ah ! si nous pouvions nous revoir
Et de nouveau recommencer,
Comme par le passé !
Mais à quoi bon regretter, mon mal est sans remède.
La beauté de la nuit est hors d’atteinte
Pour moi qui ne suis plus que cendres.

(Liu Yong)