Chambre 26b
Publié le 09 janvier 2008 par Jlhuss
Un peu plus tôt, un peu plus tard, on prend un lit dans la souffrance mais c’est encore la vie. Que pèsent ici les bouquets, les tendresses, les réconforts ? Seul compte le fil du temps, fil du sérum dont les gouttes sont des jours en plus dans les veines. Flacon matriciel, ombilical cordon que règle une main fraternelle, à vous et vos philtres de rétablir mon corps dans ses droits !
Par accès on voudrait quitter sa chair, sentir de loin, vivre en dehors, deviner la Terre à sa course comme un ballon au sifflement de l’air déplacé ; se dire : c’est elle, elle repassera, nous existons toujours ! La douleur retombe. On fait sa paix du va-et-vient des bienveillantes en blouses pour qui la durée va de soi. Une odeur de chariot-repas fait regretter la faim ; des rires dans le couloir ravivent une image de course sur la plage : c’était hier en mille.
A présent me voilà d’une autre contrée, d’un autre peuple. Le doute donne à ma présence la distance que j’enviais aux mendiants sous les porches au temps où je vivais à part entière. On entoure mon lit d’insouciance ; on cherche à me rappeler au cours premier de la rivière, on craint que je ne m’engage dans le bras forcé qui mène au moulin.