«L’Italie n’est pas une dictature, c’est une dictature de la merde.»
Ainsi se termine le beau film de Sabina Guzzanti, équivalent italien de Michael Moore dans ce qu’il fait de mieux, cinq ans après son féroce Viva Zapatero qui à partir du propre cas de la satiriste-réalisatrice, dont l’émission fut supprimée de la télévision, présentait les dérives de la main-mise d’un seul homme sur tous les médias du pays.
Draquila s’intéresse cette fois à ce tremblement de terre à L’Aquila, qui bouleversa le monde entier en avril 2009 et dont on ne parlera bientôt plus. Car il y a tremblement de terre et tremblement de terre. Tandis que pour Haïti, de l’autre côté du monde, les efforts internationaux ne manquent pas, plus près d’ici il semblerait qu’il n’y a besoin d’aucune aide. Une fois Barack Obama et Angela Merkel passés sur les lieux, il ne reste à Berlusconi qu’une chose à dire : «Tout va bien, on va tout reconstruire, et les habitants auront des logements dans cinq mois». Refusant les aides financières internationales,
Déclaration prononcée seulement quatre jours après la catastrophe.
Est-ce que ce tremblement de terre aurait pu être prévu ? Etait-il déjà prévu ? Dans tous les cas, les habitants, ayant ou non un nouveau logement dans cinq mois, vont attendre dans l’indifférence générale la soi-disante solidarité de l’Etat, entre camping-cars, hôtels et camps inaccessibles aux journalistes non autorisés par Berlusconi. Refusant l'aide internationale par fierté et pour d'autres raisons plus ou moins avouables, Berlusconi charge Guido Bertolaso du dossier (ce qui vaudra à ce dernier d'être nommé ministre à défaut d'avoir été réellement utile), préfèrant organiser le G8 (étonnamment déplacé de la Sardaigne à L’Aquila), avec constructions qui ne serviront au mieux qu’une fois et privilèges à plusieurs milliers d’euros, le tout sur fond de révélations scandaleuses. Qu’importe, puisque comme le disent tant d’Italiens :«S'il résout nos problèmes, il peut avoir toutes les filles qu'il veut». On comprend à travers ce film pourquoi Berlusconi est toujours là, comment il fascine une partie des électeurs. Mais pour l’autre partie des électeurs, et par extension le public étranger, une demi-heure du film suffira pour ne toujours pas comprendre pourquoi les gens l’applaudissent aussi fort.
Finalement, les plus chanceux des sinistrés tenus à l’écart du monde finiront par avoir un logement, sans vie sociale cette fois, et il ne leur restera plus qu’une chose à faire : prendre un grand soin du logement, après tout ils ne sont pas chez eux, c’est Berlusconi qui les a invités là en laissant une bouteille de champagne dans le frigo.
Manque de chance pour lui, son rôle de sauveur de L’Aquila, comme de Naples sous les ordures et de l’Italie ruinée par la Mafia, ne lui suffira pas pour résister aux scandales et il en arrivera bientôt au résultat que l’on sait ...
Jul