Le Prix Renaudot à Virginie Despentes

Publié le 09 novembre 2010 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE


l a fallu 11 tours aux jurés Renaudot pour attribuer lundi leur prix à Virginie Despentes ("Apocalypse bébé") Les jurés du Renaudot l'ont consacrée par 4 voix contre trois à Simonette Greggio pour  "Dolce Vita 1959-1979" .


Attendu depuis quatre ans, " Apocalypse bébé" est un thriller  décalé, un "road-book" entre Paris et Barcelone, dont la narratrice est une de  ces "looseuses" chères à la romancière.

Virginie Despentes est vendeuse au rayon librairie d'un Virgin Megastore à  Paris lorsque paraît en 1993 son premier roman au titre et au contenu  provocateurs, "Baise-moi", refusé par de nombreux éditeurs et publié chez  Florent-Massot.
Sept ans plus tard, elle en fera une retentissante adaptation  cinématographique, en collaboration avec Coralie Trinh Thi. Le film fait  scandale.
"Le viol est un programme politique précis"


Avant d'être vendeuse, la jeune Nancéenne, née le 13 juin 1969, passe son  bac en candidate libre et enchaîne les petits boulots "borderline". Prostituée  via le Minitel, dans un salon de massage et des peep-shows, elle est aussi  pigiste pour des magazines rock et pornos.
Après son deuxième roman, "Les chiennes savantes", en 1996, elle rejoint les  éditions Grasset chez qui elle publie en 2001 "Les jolies choses", livre adapté  au cinéma par Gilles Paquet-Brenner, avec Marion Cotillard. En 2002, paraît  "Teen Spirit" et en 2004 "Bye bye Blondie". Elle en tourne actuellement  l'adaptation au cinéma avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart.
Publié en 2006, "King Kong Théorie", un essai autobiographique, fait l'effet  d'une bombe et se vend à près de 45.000 exemplaires. Elle y dévoile avoir été  violée à 17 ans. Un viol qu'elle décrit comme "fondateur". "Le viol, écrit-elle,  est un programme politique précis : squelette du capitalisme, il est la  représentation crue et directe de l'exercice du pouvoir".

De Paris à Barcelone, sur les traces de la jeune Virginie, des femmes se croisent jusqu'à l'apocalypse finale

Il y a dans ce roman un peu déjanté des fulgurances, des personnages attachants, des phrases crues, des scènes choc, des romances et des violences.

Pendant tout le livre, le lecteur navigue entre polar classique et portrait social, portrait de femmes (plus rarement d'hommes) et une fin que n'aurait pas renié un Dantec en forme.

Le livre raconte l'histoire de la traque d'une jeune fugueuse, Valentine, que tente de retrouver une détective privée..pas trop motivée par ce job.

Pour réussir cette enquète, elle se trouve une assistance qui décoiffe, surnommée la "hyène", aux méthodes expéditives et à la sexualité envahissante. Ensemble, elles partent à la recherche de Valentine, de Paris à Barcelone. Ce couple improbable se plonge dans la famille et le passé de la jeune Valentine, faisant éclore toute une série de personnages, des scènes chaudes ou ultra-violentes, des amours, des flash-back.

Dans cette galerie de personnages, Despentes réussit certains portraits (le père écrivain, ceux de ses femmes ou maîtresses sont particulièrement savoureux) d'autres s'averent moins intéressants. On retrouve dans le livre, une partie de la verve qui avait fait le succès de l'auteur de "Baise-moi", même si parfois l'histoire patine un peu.

Quant à la fin du livre, elle s'avère particulièrement surprenante et livre une vision assez pessimiste du monde. Une fin dont on ne dira bien sûr pas un mot. 

source: France2.fr