l a fallu 11 tours aux jurés Renaudot pour attribuer lundi leur prix à Virginie Despentes ("Apocalypse bébé") Les jurés du Renaudot l'ont consacrée par 4 voix
contre trois à Simonette Greggio pour "Dolce Vita 1959-1979" .
Attendu depuis quatre ans, " Apocalypse bébé" est un thriller décalé, un "road-book" entre Paris et Barcelone, dont la narratrice est une
de ces "looseuses" chères à la romancière.
Virginie Despentes est vendeuse au rayon librairie d'un Virgin Megastore à Paris lorsque paraît en 1993 son premier roman au titre et au
contenu provocateurs, "Baise-moi", refusé par de nombreux éditeurs et publié chez Florent-Massot.
Sept ans plus tard, elle en fera une retentissante adaptation cinématographique, en collaboration avec Coralie Trinh Thi. Le film fait
scandale.
"Le viol est un programme politique précis"
Avant d'être vendeuse, la jeune Nancéenne, née le 13 juin 1969, passe son bac en candidate libre et enchaîne les petits boulots "borderline".
Prostituée via le Minitel, dans un salon de massage et des peep-shows, elle est aussi pigiste pour des magazines rock et pornos.
Après son deuxième roman, "Les chiennes savantes", en 1996, elle rejoint les éditions Grasset chez qui elle publie en 2001 "Les
jolies choses", livre adapté au cinéma par Gilles Paquet-Brenner, avec Marion Cotillard. En 2002, paraît "Teen Spirit" et en 2004 "Bye bye
Blondie". Elle en tourne actuellement l'adaptation au cinéma avec Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart.
Publié en 2006, "King Kong Théorie", un essai autobiographique, fait l'effet d'une bombe et se vend à près de 45.000 exemplaires. Elle y
dévoile avoir été violée à 17 ans. Un viol qu'elle décrit comme "fondateur". "Le viol, écrit-elle, est un programme politique précis : squelette du capitalisme, il est la
représentation crue et directe de l'exercice du pouvoir".
Il y a dans ce roman un peu déjanté des fulgurances, des personnages attachants, des phrases crues, des scènes choc, des romances et des
violences.
Pendant tout le livre, le lecteur navigue entre polar classique et portrait social, portrait de femmes (plus rarement d'hommes) et une fin que
n'aurait pas renié un Dantec en forme.
Le livre raconte l'histoire de la traque d'une jeune fugueuse, Valentine, que tente de retrouver une détective privée..pas trop motivée par ce
job.
Pour réussir cette enquète, elle se trouve une assistance qui décoiffe, surnommée la "hyène", aux méthodes expéditives et à la sexualité
envahissante. Ensemble, elles partent à la recherche de Valentine, de Paris à Barcelone. Ce couple improbable se plonge dans la famille et le passé de la jeune
Valentine, faisant éclore toute une série de personnages, des scènes chaudes ou ultra-violentes, des amours, des flash-back.
Dans cette galerie de personnages, Despentes réussit certains portraits (le père écrivain, ceux de ses femmes ou maîtresses sont particulièrement
savoureux) d'autres s'averent moins intéressants. On retrouve dans le livre, une partie de la verve qui avait fait le succès de l'auteur de "Baise-moi", même si parfois l'histoire patine un
peu.
Quant à la fin du livre, elle s'avère particulièrement surprenante et livre une vision assez pessimiste du monde. Une fin dont on ne dira bien sûr pas un mot.
source: France2.fr