Les fenêtres

Publié le 11 novembre 2010 par Paulo Lobo
Je me suis toujours demandé à qui je dois ma seconde chance. Une certaine science diffuse brouille mon esprit. Surtout, il ne faut rien attendre des fenêtres. Elles s'accrochent à leur façade comme l'arbre s'accroche à sa forêt. Elles s'ouvrent et se ferment comme si de rien n'était, mais toujours restent à la même place.
Transparentes, elles jouent l'indifférence.
Un jour, j'ai lancé un caillou à la fenêtre. À une fenêtre. Un verre brisé sonna le glas de mes joies espiègles. Une peur effroyable saisit mon parquet. Un craquellement s'înitia dans ma demeure.
C'est l'automne, vous l'avez compris, et il faut faire vite. Bientôt, les jours seront enterrés et oubliés. Des figures sans nom circuleront dans les rues.
Attendront sur le quai hagard un train blafard.
Avec des yeux tout petits, qui auront froid aux pupilles.
Rien ne laissera supposer une mise en danger de l'espace public. Les débats à la télé seront animés par des paroles de bon aloi.
J'essaierai de lire une page d'un livre que j'aurai acheté sur Internet. Ma part disponible de cervelle sera rétive et chétive comme une peau de chagrin. Il y aura beaucoup de convives, mais pas assez de parts de gâteau.
Voici mon intimité révélée.
J'aime bien
les mouchoirs en papier Tempo
le beurre à tartiner HomaGold
les lecteurs de DVD Sony
ma télé Philipps
le papier toilete Lotus
l'eau en bouteille Hepar
les pots de confiture Materne
le lait en brique Luxlait
les cornflakes Nestlé Fitness
le café en grains Cactus
la Nutella
les crêpes Delhaize
j'ai très bien déjeuné hier midi chez le restaurant Good Friend, Quartier de la Gare, Luxembourg-Ville
Je n'en dis pas plus, faut bien préserver une fraction de mystère.
Modèle photo: Emília Ribeiro