Dans cette « Potiche » , il y a de tout , du Vaudeville , du Guitry , au milieu d’une satire sociale sur la petite bourgeoisie de Province ( un brin « chabrolien» ) , qui n’épargne pas forcément la classe ouvrière . Bref une comédie dans laquelle tout le monde en prend pour son grade et où tout le monde devrait s’y retrouver puisque le gentil réalisateur égratigne, sans oublier au final la caresse de consolation.
D’abord pour les femmes, en mal de reconnaissances (les potiches) et ensuite pour les messieurs dépassés par leur épouse, et autre maîtresse.
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Fabrice Luchini en sait quelque chose, lui le patron sans partage qui au début des années soixante-dix, mène sa petite entreprise, comme sa famille, à la baguette. Pas de discussion possible et chacun à sa place. Celle de madame lui pèse un peu, et un jour, par un concours d’heureuses ou malheureuses circonstances (tout dépend du point de vue ), elle s’installe dans le fauteuil de son mari. Les enfants sont partagés, les salariés aussi, et le député maire communiste en perd son latin, surtout que le bougre n’est pas forcément très catholique.
Une mise en scène , souvent théâtralisée
Inutile d’élécubrer sur les tenants et les aboutissants de cette histoire aussi réaliste que tarte et farfelue, qui mélange les genres et les années avec humour pour mieux disséquer l’âme humaine et ses petits travers. Ca se passe en 1972, mais les résonances actuelles ne manquent pas. Ozon passe de l’un à l’autre avec l’air de celui qui n’a rien vu ; c’est amusant.
A ce jeu , les comédiens prennent un plaisir évident, surtout que les dialogues imaginés d’après une pièce de boulevard de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy (1980) (la mise en scène s’en ressent) font mouche derrière la caméra d’un observateur attentif : les répliques ne vont pas sans le décor pour mener une situation drolatique à son paroxysme. Alors, confier ça à un Gérard Depardieu débonnaire dans ses frusques de député communiste, ou à un Luchini qui pourrait en faire des tonnes , mais n’en fait rien , c’est tout bonnement du pain béni .
La bénédiction finale on la doit à Catherine Deneuve éclatante de drôlerie mâtinée d’un rien de coquinerie , et qui dans un registre difficile réussit à passer de la soumission au pouvoir, tout en conservant dans le regard ce zeste de tendresse qui la rend si vraie, si vulnérable . Le combat de la condition féminine est-il à ce prix ?
Ozon a un faible pour les femmes et il sait les filmer, jusqu’à la caricature (Karin Viard ,la maîtresse du patron ). Les faire chanter aussi. Sans sauter au plafond, on en ressort enchanté.