L'Europe, ou l'honneur perdu du parti socialiste

Publié le 08 janvier 2008 par Nico2312
"Nous n'irons pas à Versailles. Un référendum a rejeté le traité précédent. Un nouveau texte a été préparé. Il me paraît impossible que nous participions à la révision préalable de la Constitution dès lors que nous défendons la voie référendaire plutôt que la voie parlementaire". Jean-Marc Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale a beau bomber le torse, cette rodomontade ridicule et pathétique ne masque pas l'incurie et le manque de courage du parti socialiste au sujet du Traité de Lisbonne.
En effet, le député-maire de Nantes peut bien brasser de l'air et se donner des allures de défenseur de la volonté populaire, il n'en est rien puisque la majorité des 3/5e du Parlement, indispensable pour valider la révision constitutionnelle, s'apprécie en fonction des votes exprimés !!! Bref, poussant à un paroxysme rarement atteint l'art de la faux-culterie, le chef des députés PS, en interdisant à ses troupes de se rendre à Versailles fait volontairement le jeu de la révision que seuls des votes négatifs des parlementaires socialistes pouvaient empêcher.
Il aurait été bon que pour la première fois depuis longtemps, la rue de Solferino fasse preuve d'un minimum de courage au sujet de l'Europe : soit, comme l'a voté le Bureau national, le PS est favorable au traité et dans ce cas la décence serait de voter ouvertement la révision constitutionnelle. Soit, conformément aux promesses de campagne de sa candidate à la présidentielle, le PS revendique un nouveau référendum et dans ce cas ses parlementaires se doivent d'empêcher par leur vote la révision constitutionnelle. Mais en choisissant la solution bâtarde consistant à réclamer à hauts cris un référendum tout en permettant sciemment la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, le PS démontre au grand jour l'absurdité de ses prises de position et le manque flagrant de courage de ses dirigeants…
Et dire que Jean-Marc Ayrault condamne que "les parlementaires n'existent dans l'esprit du président que pour écouter sa parole et avaliser la personnalisation du régime", alors que dans le même temps il participe grandement à ce jeu malsain en privant les parlementaires socialistes de la seule arme qu'ils possèdent face à Nicolas Sarkozy : le vote (que le boycott empêche par définition)…