Elle n’épargne personne. Quand elle nous saisit, notre pression artérielle augmente, nos muscles se tendent. La peur, c’est quoi au juste ?
C’est la nuit, tu ne dors pas. Tu n’arrêtes pas de penser au film d’horreur que tu viens de regarder. Soudain, tu entends des pas et une porte qui grince…
Aussitôt, ton cœur s’emballe, tu transpires. Prenant ton courage à deux mains, tu te lèves. Tremblant, tu marches lentement vers la cuisine… allumes la lumière…
Ce n’est que ton père, en train de se goinfrer dans le garde-manger ! Aucun danger. Mais quelle trouille tu as eue !
Un système d’alarme
Tu n’as pas eu le temps de réfléchir. Quand tu as entendu les pas et le grincement, ton corps s’est automatiquement préparé à réagir à un danger. Et même si le danger ne s’est pas matérialisé, ta peur était bien réelle.
Ta pression artérielle a augmenté. Tes muscles se sont tendus. Ton cœur battait plus vite et tu transpirais. Pendant ce temps, tes glandes surrénales* ont libéré de l’adrénaline et du cortisol. Sous l’effet de ces deux hormones, ton corps et ton esprit sont devenus extrêmement alertes… Est-ce mieux de fuir ou d’affronter le danger ? Dans les deux cas, tu étais prêt.
* Glandes surrénales : petites glandes situées sur le sommet des reins. Elles sécrètent les hormones du stress et agissent sur le taux de sucre dans le sang.
Quand tu as vu ton père, ton système d’alarme a compris qu’il n’y avait pas de danger. Il a donc cessé de «sonner». Et ton corps a retrouvé son état normal.
Un avantage évolutif
Pour survivre, l’humain a dû apprendre très rapidement que certaines choses étaient dangereuses. Si l’homme des cavernes n’avait pas eu peur de l’énorme mammouth qui fonçait sur lui, il serait resté sur place et serait mort piétiné. Ce sont les plus peureux qui ont survécu !
Aimer la peur, ça se peut ?
Voir quelqu’un se faire poursuivre par un tueur, ce n’est pas très rassurant. Alors pourquoi les films d’horreur sont-ils si populaires ? Ce qu’on aime, ce sont les effets que la peur nous procure.
Pense à un manège épeurant. Hiii ! Ça file à toute allure ! Ça tourne à l’envers ! Ton esprit est excité, tes sens sont aiguisés. C’est à cause de l’adrénaline sécrétée dans ton organisme. Quand c’est fini, tu ressens un soulagement agréable, comme si tu flottais. C’est l’effet de l’endorphine, une hormone produite par le cerveau pour apaiser ton corps. Aaaah…
La peur sous observation
Un laboratoire n’est pas un endroit redoutable. Pourtant, c’est là que Jorge Armony et d’autres scientifiques étudient la peur.
Mais pas question de mettre les gens face à un vrai danger : «On ne pourrait pas enfermer une personne dans une cage pleine de lions !» s’exclame le neuropsychologue de l’hôpital Douglas, à Montréal.
Jorge Armony demande plutôt à ses sujets de s’allonger dans un grand cylindre. C’est un appareil d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. À l’intérieur de ce tube, les gens visionnent diverses images qui suscitent la peur.
Pendant ce temps, Jorge Armony observe sur un écran quelles zones du cerveau s’activent. De cette façon, il veut déterminer ce qui se passe exactement dans le cerveau lorsqu’une personne est effrayée. L’objectif de ses recherches est de mieux comprendre certains troubles liés à la peur, comme les phobies.
À suivre au prochain numéro d’Hebdo-science, les mythes et réalités de la peur.