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Chez Zone Jeu, on avait beaucoup aimé Fable II, son monde ouvert et son ambiance tellement british. Alors, quand Fable III est sorti, nous promettant de pouvoir régner directement sur ce mode et présider à son destin en tant que souverain, on s'est bien sûr précipité dessus. Alors, digne successeur ou dauphin présomptueux ? Notre réponse en test...
Deux jeux en un
Fable III vous invite quelques années après la fin de Fable II, à incarner le fils (ou la fille) du héros du second épisode, entre temps devenu roi d'Albion. Votre père est mort de sa belle mort, et a laissé son royaume à votre frère aîné, Logan, tandis que vous profitez de la vie comme se le doit tout jeune noble. Seule ombre au tableau : Logan n'est pas un bon roi, il est plutôt du genre tyran meurtrier, faisant travailler les enfants et organisant des exécutions publiques, dont celles de votre petite amie. Et là, c'est la goûte d'eau qui fait déborder le vase : vous fuyez le palais royal pour démarrer une vie d'aventure afin de gagner le soutien de la population et de renverser votre frère pour prendre sa place.
Ceci est la première partie de l'aventure, et également la plus longue composante du jeu. Dans un style très similaire à celui de Fable II, vous parcourez l'immense territoire d'Albion, suivant un scénario linéaire, tout en ayant la possibilité de vous arrêter un moment pour effectuer les quêtes secondaires qui s'offrent à vous. Combats, exploration et diplomatie sont au rendez-vous, vous aidant à gagner le soutien des nombreuses populations d'Albion afin de jeter votre frère au bas du trône.
Lorsque vous êtes enfin devenu roi commence une seconde partie du jeu au gameplay légèrement différent. Si vous avez toujours l'opportunité de partir à l'aventure régler vous même certains problèmes du royaume au fil de l'épée ou du mousquet (on se demande bien pourquoi vos conseillers vous laissent courir ce risque d'ailleurs), la plupart de votre temps est passé dans la salle d'audience, à répondre à des dilemmes qui n'ont pour la plupart pas de bonne solution, et mettrons vos choix moraux à rude épreuve.
Bien que cette seconde phase soit au finale extrêmement courte, le changement dans le gameplay et le rythme du jeu sont les bienvenus, et vous permettent l'espace d'un instant d'avoir l'impression de réellement gouverner ce royaume, même de manière simpliste.
Fable 2.5 ?
Car admettons le, en dehors de cela, la série Fable n'a définitivement pas fait le même bon entre le second et le troisième épisode qu'entre le 1er et le second. On retrouve en effet un gameplay relativement similaire, axé sur le combat très orienté action, et l'exploration, avec quelques quêtes et interactions sociales à la clefs. Celles-ci ont été conservées et sont relativement similaires à celles de Fable II, on peut toujours danser et effectuer différentes emotes à destination des passants, jusqu'à les faire tomber amoureux puis les guider jusqu'à une chambre pour consommer cette relation, grâce à la nouvelle possibilité de tenir les PNJs par les mains pour les emmener quelque part.
La principale différence dans ce système (et dans tous les autres d'ailleurs) et la manière dont on obtient les capacités. Terminé l'entraînement dans une compétence pour la rendre plus forte ! Désormais, toute action donne des points d'expérience, symbolisés par des "Sceaux de Guildes" qui eux permettent d'ouvrir des coffres magiques contenant nouvelles compétences, améliorations d'armes et nouveaux sorts. Le tout s'en trouve extrêmement compliqué, comme Lionhead avait effectué un nivellement par le bas de sa série afin de l'ouvrir au plus grand public.
Le principal changement se ressent au niveau du combat : si la magie se révèle très similaire à son exécution dans Fable II, le corps à corps et les armes à distance ont été ultra-simplifiées par le retrait de tous leurs coups spéciaux, et combattre avec un fusil se limite désormais à appuyer sauvagement sur le même bouton en effectuant quelques esquives jusqu'à ce que l'ennemi soit à terre.
Les artisanats ont également été simplifiés et fonctionnent désormais tous de la même manière. Enfin, le chien, lui, est toujours présent avec les mêmes capacités que dans le second épisode, toutefois l'attention étant bien moins focalisée sur lui et ses capacités, il m'a été possible de faire tout le jeu sans réellement y faire attention et sans jamais trouver un seul livre pour améliorer ses compétences. Contrairement à Fable II où il avait une grande importance, l'animal n'a ici aucun impact sur le scénario.
L'évolution physique de votre personnage (ou de votre chien) en fonction des choix effectués a été complètement balayée excepté pour la prise de poids, au profit d'une personnalisation manuelle très propice à la vente de costumes payants (on y reviendra), et bien d'autres fonctionnalités ont tout simplement été supprimées du jeu. En bref : sur de nombreux points on a l'impression que Lionhead a fait marche arrière...
Mécanique quantique
Techniquement, Fable III présente une légère amélioration sur son prédécesseur, mais rien de véritablement marquant. On se retrouve donc avec l'univers coloré bien connu de la série, plein de personnages aux formes légèrement exagérées, avec toujours un doublage anglais exquis réalisé par les meilleurs acteurs de leur génération résidant sur l'île, et une ambiance "Renaissance" très réussie, soutenue par une musique discrète et des personnages très hauts en couleur.
Ceci est malheureusement trop souvent gâché par une importante quantité de bugs toujours présent quelques semaines après la sortie du jeu, qui font que le jeu rame parfois sérieusement, ou que certaines fonctionnalités liées au chien par exemple, ne fonctionnent simplement pas. Les développeurs ont déclaré travailler sur le sujet et ont mis en place une page officielle pour remonter les bugs, mais on se demande bien comment ils n'ont pas pu s'en rendre compte avant la sortie du jeu...
Ce sentiment négatif est globalement renforcé par l'ajout d'un "cash shop" intégré au jeu, cette boutique d'objet si commune aux jeux free-to-play et qui permet d'acheter de nouveaux vêtements, ou bien une potion permettant de changer la race de votre chien, contre monnaie sonnante et trébuchante. Alors, que penser d'un développeur qui retire de nombreuses fonctionnalités de son jeu, le sort encore plein de bugs, et ensuite vous incite à dépenser encore plus d'argent pour des contenus cosmétiques ?
Et pourtant...
Et pourtant, Fable III a bien du potentiel. Bâtissant sur ses origines de nombreuses fonctionnalités, le jeu reste agréable à jouer, joli, mais surtout plein d'humour et les quêtes secondaires qui parsèment le chemin vous retireront plus d'une fois un sourire. Tout ça est beau, bien fait, réaliste et original, encore une fois Lionhead nous sort de l'héroïc-fantasy classique et nous fournit un RPG léger et agréable.
Quel gâchis ! Quel gâchis donc que de raccourcir le scénario principal à un peu plus d'une dizaine d'heures de jeu qu'on ne voit pas passer. Pourquoi, alors que le second volet de la série en faisait au moins 5 de plus ? Alors bien sûr, une fois que la quête principale est ouverte, on peut toujours se promener dans le monde afin de tester ce qu'on a raté et de chasser les derniers achievements, et là on en a pour une bonne vingtaine d'heures de plus, mais on aurait bien aimé quelque chose de plus tangible à se mettre sous la dent, particulièrement dans la partie "Royauté" du jeu qui est malheureusement extrêmement courte.
Et puisqu'on en est à parler du scénario, on regrettera également que le final, normalement apothéose dans un RPG, qui manque de faste et laisse un goût de trop peu dans la bouche, tout comme le jeu qui pourra paraître, dans son ensemble, "trop facile". Pour les besoins de ce test, nous avons parcouru l'intégralité du jeu sans mourir une seule fois et sans presque utiliser de potion ou nourriture. A vaincre sans péril, triomphe-t-on vraiment dans un jeu vidéo ?
Conclusion
Fable III n'est pas un mauvais titre et ravira probablement le grand public à la recherche d'un RPG moins sombre que Dragon Age, mais soyons francs : ce troisième épisode n'est pas à la hauteur de Fable II, ni au niveau du scénario, ni du gameplay dont de nombreux éléments ont été simplifiés jusqu'à la mort, ni de la technique qui souffre encore de nombreux ralentissements et bugs. Certes, le jeu n'est pas dénué de bonnes idées, dont la première est l'idée de la royauté et de mettre le joueur sur le trône pour la première fois. Malheureusement, Fable III laisse un goût de "trop peu" dans la bouche des fans qui se retournent vers Lionhead demandent simplement : Pourquoi ?