See my Friends, pour quelques noms, faisait pourtant presque envie. Et c'était prometteur de savoir que l'origine du disque venait d'une reprise enregistrée avec le regretté Alex Chilton (autre orfèvre pop) juste avant sa mort. Mais malheureusement il y en a d'autres, des invités... Des petites gloires british récentes, des pointures du hard FM (Jon Bon Jovi et Richie Sambora, non !) qui nous font fuir.
L'autre souci, c'est bien que les invités de Ray - même les bons - n'apportent pas grand chose à des chansons sublimes qui,
évidemment, n'avaient pas besoin de quiconque pour perdurer. Non, franchement, autant se payer un best of des Kinks plutôt que ces versions avariées ou, dans le meilleur des cas, juste
superfétatoires. Elles ne traduisent finalement - et c'est triste - qu'une cruelle perte d'inspiration et un sens du discernement plus que douteux. Plus grave, on y voit se confirmer cette
tendance où les artistes revisitent leur catalogue (ou celui des autres) à défaut d'avoir le cran de sortir de nouveaux morceaux et de se confronter à leur légende passée.
Alors, bien sûr, il y a Alex Chilton, Jackson Browne et Bruce Springsteen (et même Billy Corgan, tout en nerfs, s'en tire plus que bien). Le Waterloo Sunset avec Jackson Browne est d'ailleurs très réussi, mais n'était-ce pas la moindre des choses pour une des plus belles chansons du monde ?
Sinon, quoi ? Vous pourrez entendre Metallica bourriner sur You Really Got Me, et, si c'est plutôt marrant (plus que Sambora s'astiquant le manche sur Celluloid Heroes en tout cas), on ne voit pas trop l'intérêt pour eux de reprendre ce morceau-là, tant l'effet de leur gros son est ici redondant et pleonastique par rapport à l'original, ce morceau parfait et primal, moule précieux de tout le rock garage qui déferlera dans ses larsens. Pour la déférence aux Kinks en inventeurs paradoxaux du hard rock, Van Halen, ça suffisait bien, hein... D'autres démontrent que les Kinks aujourd'hui feraient un puissant groupe de stade, mais ce n'est pas ce Lola-ci, avec Paloma Faith (qui ça ?), que je ferai écouter plus tard à ma fille.
S'il faut écouter un sexagénaire cet automne, ce ne sera donc ni Santana et son manuel de guitare pour les nuls, ni Robert Plant et son coup de mou, ni Bryan Ferry et son ennuyeuse élégance, ni Ray Davies et tous ses potes, mais bel et bien Neil Young transcendé par la production de Daniel Lanois (ici).