Vous me direz que la Chine a ouvert les hostilités en laissant sa devise arbitrairement sous-évaluée. D’abord, ce sont les Chinois qui en payent le plus durement le prix en termes de qualité de vie. Certes, les politiques ne cessent de rappeler le maintien des prix chinois à un niveau artificiellement bas par ce biais; ils oublient de dire que si le taux de change n’est pas libre, il est compensé par l’augmentation des salaires, qui amplifie les inégalités entre ceux dont le salaire stagne et les autres. Les premiers voient leur pouvoir d’achat s’éroder au profit des seconds. Bref dans l’ensemble, contrairement au dollar, le Yuan n’est pas une devise convertible (et elle ne l’est que très marginalement et depuis peu) et n’a donc pas d’impact aussi décisif que le dollar sur l’ensemble du monde en termes monétaires.
Lorsque la Fed fait tourner la planche à billets pour créer 600 nouveaux milliards de dollars, cela représente 4.000 dollars par actif dans le pays. Si on ajoute les 1.600 milliards de dollars déjà créés dans l’idée que cela sortirait les Etats-Unis de la crise. Au total, 7.000 dollars par actifs ont ainsi été crées de rien, ce qui revient à dévaluer d’autant les dollars légitimement gagnés et mis de côtés par ces même actif. N’est-ce pas là une forme d’impôt aussi considérable qu’inodore ? Pas si inodore que ça si on écoute le patron de la Fed de Kansas City (la Federal Reserve Bank regroupe 12 Feds de 12 régions américaines), Thoma Hoenig déclarer que cette monétisation de la dette est en train de créer la prochaine bulle. Ron Paul, le hérault des idées libérales aux Etats-Unis, est aussi tranché :
« »I think the Fed will self-destruct. People will desert the dollar. I think the Chinese are hinting that already. They are not wanting our dollars as much as raw materials. This is a deeply flawed monetary system. Here we have a small group of people who can create $600 billion with the stroke of a pen… »
En Europe, nous avons quelques esprits lucides qui perçoivent bien le danger sur nos économies fragilisées. Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, est lapidaire : « On ne combat pas la dette avec de la dette ». Il soulève aussi le risque que cette abondance de liquidités va faire peser sur les économies en voie de développement, incapable d’absorber pareils volumes d’argent. Axel Weber, candidat à la;présidence de la BCE à la fin du mandat de Jean-Claude Trichet, a également eu des mots très durs pour le QE2, ce raz-de-marée d’inflation. Le G20 va probablement voir Angela Merkel exprimer ses vives réserves à l’égard de cette politique irresponsable des Etats-Unis. J’attends la réaction de Nicolas Sarkozy qui a annoncé un nouvel ordre monétaire, rien que ça. Fondé sur l’or comme le propose le président de la banque mondiale, Robert Zoellick ?