Quelques surprises vous attendent !
LES PARABÈNES
Les conservateurs sont toxiques par définition, puisqu’ils tuent ou limitent les micro-organismes. Mais il est absolument nécessaire de s’en servir en cosmétique, à petites doses, pour limiter les risques de contaminations bactériennes potentiellement dangereuses.
Concernant les parabènes (parabens), il n’y a pas réellement de polémique. Tous les scientifiques sont d’accord pour dire que ce sont de très bons conservateurs, sûrs d'utilisation, pour lesquels on a un recul de 50 ans.
Ils sont extrêmement réglementés par la législation actuelle : toutes les formes de parabènes ne sont pas autorisées et pour celles autorisées, leur dose maximale d'utilisation est de 0,4% pour un parabène seul et de 0,8% dans le cas d'un mélange de parabènes.
Le « sans parabène » est donc un argument marketing. Il montre la puissance du consommateur (et de certains lobbies ?) sur le fabricant.
La polémique sur les parabènes a commencé suite à la publication en 2004 des résultats d’une (seule) étude qui aurait fait état d’un lien possible entre l’utilisation de cosmétiques contenant des parabènes et la présence de parabènes dans des tumeurs du sein. Mais cette étude a été réalisée dans un certain contexte et ses résultats ne sont pas généralisables, loin de là !!! Rien n’est en réalité démontré à ce jour.
Les parabènes pourraient cependant avoir un effet oestrogénique à haute dose, c’est pour cela que leur dose est rigoureusement limitée dans les cosmétiques – sachant qu’ils sont très efficaces à très petites concentrations. Quoiqu’il en soit, ils sont beaucoup moins oestrogéniques que la pilule contraceptive, par exemple…
Par ailleurs, on parle des parabènes dans l’industrie cosmétique, n’oublions pas qu’ils sont également largement employés dans les industries pharmaceutiques et alimentaires, par voie orale voire intraveineuse. En cosmétique, la peau est une barrière naturelle à la pénétration des substances…
Le remplacement des parabènes dans un produit n’est pas anodin car ils limitent très efficacement la prolifération de germes. Il est absurde de les retirer pour mettre à la place d'autres substances, qui sont soit au moins autant toxiques (par exemple, les sorbates sont vraiment allergisant et l’alcool qui présente de nombreux effets secondaires), soit moins efficaces (avec risque de prolifération bactérienne à la clé).
Le danger dans ce cas-là est de décaler le risque : risque toxicologique quasi nul > risque biologique inquiétant.
LE PHENOXYETHANOL
C’est un très bon conservateur et en ce sens son cas est un peu semblable à celui des parabènes. Il est légiféré et autorisé jusqu'à 1% dans les cosmétiques.
Il présente une certaine neurotoxicité, mais le cas ne s’est avéré que dans des conditions très particulières : par exemple, chez des ouvriers qui anesthésiaient des poissons avec du phenoxyethanol, à raison de ½ litre par jour, sans masque, ni gant. L’exposition pour une consommatrice de produits cosmétiques n’est évidemment pas la même.
On se retrouve ici dans un cas similaire à celui de l’alcool, qui est relativement inoffensif dans un produit cosmétique mais peut provoquer à forte dose des effets secondaire, par exemple des irritations ou des vertiges.
LES SILICONES
Je suis étonné par cet engouement de vos lectrices pour cette question, parce que sur un plan toxicologique, les silicones ont toujours démontré une innocuité certaine. Je pense que cet intérêt vient du fait qu’on les retrouve dans tous types d’industries : papier, encre, plastique...
Le problème pour les silicones est plus au niveau de la pollution atmosphérique et environnementale par bioaccumulation, car ils se dégradent mal.
Ils sont par ailleurs très peu allergisants. J'ai trouvé deux cas d'allergie publiés : un chez une femme qui avait un implant mammaire siliconé et un chez un enfant atteint d’une maladie grave qui avait été intubé avec un tuyau siliconé. Rien de lié aux produits cosmétiques à ce jour.
Quant au fait que les silicones « étouffent le cheveu », sur un plan scientifique, ça ne veut rien dire. Ils interagissent avec le cheveu pour le gainer, mais ils ne l’étouffent pas. [NDLR : la fibre capillaire est de toute façon déjà morte, seul le bulbe, dans le cuir chevelu, est vivant].
Et c’est la même chose pour les silicones contenus dans les produits de maquillage et de soin.
LES PEG
Les PEG (polyéthylènes glycols) sont des solvants qui permettent de disperser de manière homogène certains ingrédients au sein d’une formule.
Ils sont faciles à reconnaitre dans une liste d’ingrédients (INCI) : ce sont les substances avec l’abréviation PEG- suivie d’un nombre qui correspond à la longueur de leur chaine.
Les PEG sont assez anodins. On les connait depuis très longtemps et on les retrouve même dans le milieu médical. Ils sont administrés à des patients lors d’études cliniques comme « témoin négatif » [NDLR = une substance utilisée comme placebo à cause de son inaction et son innocuité totales]. Ce sont également eux qui constituent les solutions de lavements de l’estomac [NDLR : !!!].
LES HUILES MINÉRALES
La paraffine (appelée également vaseline) est un dérivé pétrochimique inerte. Les contrôles de fabrication sont très poussés sur ce type d’huiles, elles sont toujours d’une grande pureté. Comme toutes les matières premières, elles font l’objet pour chaque lot d’analyses physico-chimiques et sont livrées avec une fiche de données de sécurité.
Dans ces conditions de contrôle de pureté et d’origine, les huiles minérales sont inertes pour l’organisme, mais sont toutefois mauvaises pour la planète, puisque issues du pétrole.
LES SOLVANTS DES VERNIS A ONGLES
Dans le cas des vernis, il y a des solvants dont la toxicité notoire est avérée, et certains sont même interdits.
Il faut différencier les solvants qui font partie intégrante de la formule du vernis et ceux qui ont servi lors du procédé de fabrication puis qui ont été éliminés (présents parfois sous forme de traces dans le produit fini). A l’heure actuelle, la présence de solvants dans le procédé de fabrication est encore obligatoire pour obtenir un vernis qualitatif. Un solvant interdit par la législation cosmétique peut être toléré si le fabricant prouve qu'il ne se retrouve qu’à l'état de traces dans le vernis.
Dans tous les cas, on fait en sorte que leur utilisation soit réduite au maximum car on sait que ce sont des toxiques carcinogènes et mutagènes. Ce sont par ailleurs des composés très volatiles toxiques pour les poumons et les yeux, c’est pour cela qu’il sont autorisés sur les ongles et pas sur la peau, et qu’il y a toujours des mentions obligatoire : ne pas avaler / ne pas inhaler.
Dans la règlementation européenne, le toluène et le formaldéhyde sont autorisés sous strictes conditions, uniquement sur les ongles, pas sur la peau et les muqueuses. Le DBP (dibutyl phtalate) est totalement interdit.
LES SLS
Les SLS (sodium laureth sulfate ou sodium lauryl sulfate) sont des tensioactifs anioniques. On les retrouve dans les produits d’hygiène (shampooing, gel douche) et leur rôle est de nettoyer la peau et les cheveux par une action « détergente », avec un pouvoir moussant important.
Tous les composés anioniques (= chargés négativement) sont agressifs et desséchants. Ces effets sont avérés depuis longtemps. Mais le consommateur veut que ça mousse, il aime cette sensation et a l’impression que si ça ne mousse pas, ça lave mal - ce qui est faux. Les tensioactifs anioniques sont donc encore intégrés dans les produits moussants juste pour apporter du plaisir à l’usage.
Il existe d'autres tensioactifs tout aussi efficaces, moins moussants, mais mieux tolérés par la peau, les muqueuse et les cheveux : les cationiques (chargés positivement), les non ioniques (non chargés) et les amphotères (chargés à la fois positivement et négativement). Quelques exemples que vous retrouverez dans les liste INCI : ceteth, cocamido propylbetaine, lipoaminoacides, sorbitan stearate....
LES SELS D'ALUMINIUM
Pour les sels d’alu, la toxicité est surtout une question d’alliage (combinaison des éléments chimiques entre eux) et de taille de particules (pénétration).
Ceux autorisés en cosmétique sont règlementés et inoffensifs aux doses autorisées. [NDLR : je vous invite à (re)lire ici un billet que j’avais écrit à ce sujet qui met hors de cause les sels d’aluminium]
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