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Travail gratuit des chômeurs : esclavage garanti !

Publié le 09 novembre 2010 par Kamizole

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Le choix de mes photos de David Cameron et Nicolas Sarkozy ne doit rien au hasard : tous les deux arborent une tronche pas possible. On y voit à l’oeil nu dans leur moue le mépris et la haine à l’encontre des pauvres. Qu’ils fussent retraités, salariés refusant la réforme des retraites, ou chômeurs que l’on veut exploiter encore et encore. Nous sommes tous des “assistés” quand bien même tiendrions-nous nos droits de cotisations versées notre vie durant. Alors qu’eux, qui vivent de prébendes et arrosent à tout va les spéculateurs, les banquiers et les multimilliardaires patrons des multinationales sont bien pire : des parasites qui vivent aux crochets des con…tribuables.

En colère, certainement. Surprise ? Absolument pas. C’est tout à fait dans la logique de l’ultralibéralisme : le travail ne doit rien coûter. Ce n’est même plus un retour quelque150 ans en arrière au temps magnifique – pour les patrons “de droit divin” - de la Révolution indus-trielle, ni à la féodalité – la corvée due par les manants. Non : nous ferions un magistral bond en arrière de presque 30 siècles pour retrouver les Ilotes de Lycurgue. Ceux-là même que le despote mythique recommandait de saouler les jours de fête pour montrer le triste exemple de l’abus de boisson aux jeunes hommes bien nés qui devaient respecter la rigueur de vie et la légendaire frugalité spartiate.

Qu’être des “Ilotes des temps modernes” fût notre sort à plus ou moins long terme, j’en suis intimement per-suadée depuis plus de 15 ans. Taillables et corvéables à merci. Ce temps semble désormais proche. C’est inscrit dans les gènes de l’ultralibéralisme. Un système qui abolit l’espace et le temps, dans une précipitation – entendre dans les deux acceptions : courantes (la hâte) et scientifique, la dissolution d’un corps dans un liquide, ici un magma informe – destinée à semer la plus grande confusion dans les esprits. Ce n’est même plus le présent du “hic et nunc” (ici et maintenant) qui seul permet de se situer par rapport au passé pour se projeter dans l’avenir – mais l’instantané (moment et photographie) et l’immédiat : tout et tout de suite et surtout, sans besoin d’intermédiaire (médiation)…

Quoi ? Des «passeurs» ? Enseignants, parents, amis, livres, culture, connaissances acquises par un travail, une recherche, rencontres qui marquent, bref tout ce qui permet de donner sens et de ne pas sombrer dans le relativisme qui brouille tout avec son «tout se vaut»… tout est jeté par-dessus bord, avec l’eau du bain : ils nous veulent décer-velés : TF1 s’y connaît parfaitement pour «vendre le temps de cerveau disponible» des téléspectateurs à Coca-Cola selon l’ignoble sortie de Patrick Lelay, son PDG d’alors. Très peu pour moi. Et je préfère nettement un gorgeon de la “dive bouteille” rabelaisienne. Sans doute pas n’ais-je pas été élevée pour rien au bord de la Loire !

:)

J’ai le très vif souvenir d’une interview déjà ancienne dans Politis de l’économiste antilibéral Jean-Marie Harribey - universitaire, conseiller scientifique d’Attac et membre de la fondation Copernic – qui affirmait en substance que le grand rêve des patrons était que les salaires fussent réglés par l’Etat : déjà une forme de travail gratuit ! Les exonérations de charge qui y participent grandement ne sont pas suffisantes. Etat-providence pour les patrons et les très riches selon l’aphorisme ultralibéral : «privatisation des profits, nationalisation des pertes». Illustré à merveille avec Sarkozy et sa bande venant au secours des banques et institutions financières entièrement responsables de la triple crise, financière, économique et sociale de septembre 2008…

Etat-pénitence pour les salariés, les retraités, les sa-lauds de pauvres. La vie rêvée des capitalistes parvenus à ce qu’ils espèrent le stade ultime de l’exploitation la plus outrancière. Retour aux sources dialectiques : l’esclavage comme mode d’exploitation de la main d’œuvre. Quand bien même «l’idéologie dominante serait-elle l’idéologie de la classe dominante» (Marx) il n’est pas du tout certain que les dominés l’acceptassent sans regimber. Trop, c’est trop. Et tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse.

David Cameron et ses ministres ont-ils jeté le bouchon trop loin ? En envisageant le travail gratuit des chômeurs (Le Figaro, 7 nov.2010). Dans le seul but de réduire la facture des allocations qui coûtent chaque année 190 milliards de livres sterling (220 milliards d’euros) et – prétendent-ils - «casser le cycle de la dépendance». Notez que l’on retrouve exactement le même discours chez Nicolas Sarkozy quand il fustige les «assistés».

C’est qu’il faut être formidablement fainéant pour accepter de survivre avec la mince obole des allocations hebdomadaires : 65 livres sterling (75 euros)… 300 euros par mois : mais c’est Byzance ! Pas étonnant qu’ils ne veuillent chercher un travail – inexistant. Même pas le montant du Rsa en France : 460,09 euros en 2010 (pour une personne seule).

L’argument humanitaire (!) servant à envelopper ce bouliboulga ultralibéral d’un prétendu joli papier-cadeau (dans la future hotte du Père Fouettard déguisé en Santa Klaus) ? Rendre service aux chômeurs en «leur redonnant une routine de travail»… L’argument pourrait être parfaitement plausible s’il n’était utilisé à leur encontre. Il est en effet notoire pour tous les travailleurs sociaux que plus les personnes en chômage ou exclues socialement sont éloignées de l’emploi, plus il est diffi-cile, vain et illusoire d’espérer les remettre rapidement au boulot.

En France, depuis plus de 30 ans nous avons eu la chance que ces problèmes soient pris au sérieux. Des emplois aidés – des TUC aux contrats Borloo – ont permis une réinsertion progressive. Et surtout, les entreprises intermédiaires pratiquaient en même temps un rôle d’entreprise d’intérim, un suivi et un accompa-gnement social prenant en compte toutes les difficultés, sociales, médico-psychologiques, etc…

Il n’était absolument pas question de les faire travailler gratuitement, bien au contraire. Selon le principe incitatif dit de “l’intéressement”, les personnes qui reprenaient un emploi – souvent à mi-temps – dans des emplois aidés ou par le biais d’une entreprise intermédiaire conservaient totalement ou partiellement leurs alloca-tions (Rmi ou autres) en fonction de leur revenu total, pendant un temps variable (6 mois à un an) tout en percevant leur salaire.

Las ! Nicolas Sarkozy est passé par là : au moment même où la crise la plus rude depuis 1929 sévissait : exit les emplois aidés et feu sur les entreprises intermédiaires.

Ce que propose David Cameron n’est rien d’autre qu’une forme d’esclavage. Au prétexte que les chômeurs sont indemnisés – fort chichement, on l’a vu : je ne sais pas si les indemnités que perçoivent les chômeurs britanniques sont augmentées en fonction du nombre de personne du foyer comme c’est le cas pour le Rsa – ils devraient travailler gratuitement pour la collectivité.

On ne leur propose rien de moins que de prendre la place d’autres salariés : pendant quatre semaines il seraient contraints d’effectuer 30 heures par semaine de travail bénévole : ramassage d’ordures, balayage des rues ou entretien des parcs et jardins. «En échange, le gouvernement compte garantir au bénévole un nouveau «crédit universel» qui remplacerait les catégories d’allocations existantes. Si le demandeur d’emploi ne se présentait pas à son poste, en revanche, il perdrait ses allocations pendant au moins trois mois»…

3 mois ! Je ne sais si les salopards qui ont conçu ce système pervers savent ce que signifie vivre au jour le jour avec si peu d’argent. Quand bien même les chômeurs auraient-ils eu quelques économies, elles n’auront pas subsisté longtemps. Se demander le matin non pas ce que l’on mangera le soir mais si l’on mangera… Je me souviens d’un article du Monde sur la pauvreté où un de ces désormais trop nombreux travailleurs pauvres, touchant un salaire de misère comme il se doit, disait sobrement «c’est trop dur de travailler quand on a faim». Poignant.

J’ai aussi un souvenir très précis qui remonte me semble-t-il à 1977 quand j’étais infirmière en usine. Un intérimaire avait été embauché le lundi. A 14 heures, un ouvrier qui travaillait en équipe du matin et s’en allait est venu au bureau du personnel nous prévenir qu’il l’avait vu manger des frites qu’il ramassait dans la benne derrière le restaurant d’entreprise.

Je peux vous affirmer que cela n’a pas patté en route : la chef du personnel lui a fait remettre des tickets de cantine qu’il réglerait lorsqu’il toucherait sa première semaine de travail et je suis montée au restaurant pour qu’on me fasse un sandwich que j’ai payé avec l’argent de notre cagnote pour le café. Autre temps, autre moeurs. Et aussi, une boîte où il y avait encore un esprit “social”.

C’est tout bénef pour les Conservateurs britanniques associés aux Libéraux : d’ici 2015 ils comptent supprimer 490.000 emplois publics, prétendument pour «éviter la faillite» et «s’éloigner du précipice». Les chômeurs les remplaceront gratuitement ! Ou mieux encore : les fonctionnaires licenciés feront gratuitement le travail qu’ils effectuaient jusqu’à présent contre un salaire.

Il faut de surcroît beaucoup d’outrecuidance méprisante pour oser nommer cela «travail d’intérêt général» ! Certes, le bénévolat des membres d’associations diverses est une tradition en France et ils remplissent diverses missions d’intérêt général et je considère que c’est une bonne chose pour diverses raisons : maintien des solidarités naturelles, restauration du lien social, faire échapper au secteur marchand – qui les guigne ! – des activités qui peuvent ainsi être proposées à moindre coût aux adhérents et/ou à un public plus large.

Mais c’est n’avoir le moindre égard pour ce que l’on entend ici par TIG qui n’est rien d’autre qu’une peine, complémentaire ou non, visant à éviter le passage par la case prison pour certains contrevenants. C’est autre-ment dit, considérer tous les prétendus “assistés” qui perçoivent des allocations à divers titre – et je rappellerais que les personnes qui perçoivent des allocations de l’Unedic ont cotisé ! – comme des criminels en puissance. D’ailleurs, les accusations de “fraude” ne cessent de pleuvoir. Les pauvres sont roublards et voleurs par nature. Plus que Liliane Bettencourt ?

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Comme je puis être – au moins en imagination ! - encore plus perverse que David Cameron et qu’avec de si maigres subsides se posera irrémédiablement la question du logement des plus démunis, lors même que le niveau des loyers en Grande-Bretagne est quasi inabordable – sans compter nombre de pauvres qui ont perdu leur logement pour s’être endettés au-delà du raisonnable avec des crédits aussi toxiques que les morgate subprimes américaines – je suggèrerais donc le retour des fameuses “work-house” qui ont fait fureur en Grande-Bretagne du XVIIe siècle au début du XXe. Entre asile et maison de correction, lieu de travail obligatoire. Tels que les décrit parfaitement Charles Dickens dans David Copperfield et Oliver Twist.

L’idée du travail gratuit des chômeurs devrait faire fureur en France dans les rangs de l’UMP. Frédéric Lefebvre ne voulait-il pas déjà faire travailler les malades ? Plaisir goulu, Benoist Apparu en bave à l’avance ! Bien qu’il admette être partagé sur l’idée de faire travailler gratuitement les chômeurs (8 oct. 2010) article d’Elsa Meyers dans E 24, excellent supplément économique de 20 minutes, qui rapporte la teneur des propos tenus par le secrétaire d’Etat au Logement au micro de RMC et BFM TV le même jour.

Rassurez-vous : aucun problème d’éthique ! Il se dit séduit sur le principe «Que, moralement – c’est moi qui souligne - celui qui reçoit une allocation de la collectivité redonne quelque chose à la collectivité et reste dans la mécanique du travail me paraît plutôt une bonne chose». Sauf que les chômeurs ont cotisé et que ce n’est donc pas à la collectivité qu’ils sont redevables de ces allocations ! Mais sceptique sur sa mise en place, du fait notamment de la difficulté que les pouvoirs publics rencontrent pour faire embaucher des stagiaires, des apprentis, et tous ceux qui n’ont pas d’emploi : «trouver une activité de trente heures par semaine pour trois millions de personnes, c’est quelque chose d’excessi-vement compliqué à organiser». Et encore ne tient-il pas compte du nombre total de chômeurs : 4 millions avec les personnes qui ont occupé un emploi, fût-ce une seule journée…

Et ce cri du cœur : «Et comme je ne souhaite pas qu’on retrouve ces personnes-là dans l’administration, parce que derrière, ça se finira avec des fonctionnaires en plus, je suis très partagé». Ah ! cette hantise des fonctionnaires… Funeste «Révision générale des politiques publiques» (RGPP) qui depuis 2007 vise à éradiquer l’ensemble des personnels (d’exécution : les hauts fonctionnaires n’ont rien à craindre, bien au contraire) des administrations et services publics.

Et aujourd’hui, véritable cerise sur le gâteau, ce sont 1800 salariés du Pôle emploi qui vont être jetés dehors. Lors même que leur nombre est déjà insuffisant pour traiter correctement les dossiers des demandeurs d’emploi. J’entendais hier soir sur France-Info qu’en principe lors du premier entretien le conseiller qui reçoit les demandeurs d’emploi devrait consacrer 45 minutes à l’étude du dossier et qu’on leur impartit désormais à peine 10 minutes, tant ils ne sont pas suffisamment nombreux alors que le nombre de chômeurs ne cesse de croître. Demain, il pointeront eux aussi à Pôle-emploi…

Il faut être particulièrement de mauvaise foi. Depuis 30 ans, l’administration a embauché grand nombre de salariés sous le régime des divers emplois aidés. Sauf à passer des concours administratifs, ils n’ont jamais été titularisés d’autant que ces contrats étaient de durée limitée (de 6 mois renouvelables à deux ans maximum) et que l’administration embauchait ensuite d’autres personnes sous le même statut.

Si Benoist Apparu avait quelque culture il saurait que le travail gratuit exista dans le passé dans les administrations. On appelait ces employés bénévoles des “surnuméraires”… Il en était des pauvres, qui avaient l’espoir de se faire embaucher au bas de l’échelle (comment survivaient-ils sans le moindre émolument ? J’imagine que comme les jeunes d’aujourd’hui contraints de rester fort longtemps chez Papa-Maman ou d’y revenir quand ils ont perdu leur emploi, ils restaient à la charge de leurs parents) et des riches qui visaient soit à se faire des relations parmi les chefs de service et la direction soit à postuler comme hauts fonctionnaires.

Balzac dans «La physiologie de l’employé» - première analyse approfondie de la bureaucratie - est plus que méprisant à leur égard des riches, prétendant qu’ils étaient trop médiocres pour réussir autrement. Pourtant, et malheureusement leur nom m’échappe, il en fut qui menèrent parallèlement ou ensuite de fort honorables carrières d’écrivain, mais sans doute plus tardivement. Certains avaient de solides compétences dans certains domaines et suffisamment de fortune pour se passer de salaire, tels des chartistes qui furent employés notamment aux Archives nationales.

Bien évidemment, en faisant ce petit rappel, je ne prône nullement le travail bénévole en remplacement de vrais employés… Je pointe d’ailleurs un énorme abus commis par Benoist Apparu : comment prétendre parler «d’intérêt général» si l’on envisage de faire travailler gratuitement des chômeurs ou autres allocataires dans des entreprises ? Ce n’est que de l’exploitation pure et simple au service du patronat !

D’ailleurs, Pauline Baron (Marianne, 8 oct. 2010) ne s’y trompe pas Benoist Apparu: chômeurs au travail, patrons au repos !… «Pour les premiers, mieux vaut en effet trimer pour rendre grâce à la collectivité de leur offrir un pécule de subsistance, somme toute déjà conséquent. Le tout sans exiger la moindre rémunération, car après tout ils reçoivent déjà assez d’argent de l’État». Ce n’est plus l’antienne sarkozyste du «travailler plus pour gagner plus» qui a fait long feu mais «Mieux vaut travailler pour rien, que de ne rien faire du tout» (…) nouveau slogan du sarkozysme, version Apparu. De quoi en finir avec les «profiteurs des allocations»…

Ah ! ces salauds de pauvres. Qui ont l’insigne culot de réclamer quelques miettes à la table des convives du Fouquet’s. Si les privilèges et autres avantages des multimilliardaires étaient écornés par les salaires et allocations du vulgum pecus où irions-nous ? Coupable égalitarisme. Chienlit garantie. Il faut les mettre au pas, au turf. Gratos, c’est encore mieux. L’Etat ou les régimes sociaux payent, les patrons récoltent.

«Aux antipodes de la situation des chômeurs de longue durée, les patrons de grande entreprise eux doivent plutôt se la couler douce, s’ils veulent se réaliser et s’en mettre plein les poches. Que le numéro 2 de LVMH, Antonio Belloni, empoche 18 millions d’euros, en une journée, grâce à ses stocks-options ne choque nullement Benoist Apparu :

«Il se trouve qu’en matière de rémunération salariale, les patrons français ne sont pas les mieux payés du monde et d’Europe », a défendu Benoist Apparu : «Tant mieux pour lui s’il gagne 5 millions d’euros. Mais les stocks-options ne me pose pas de problème en tant que rémunération complémentaire (…) l’essentiel c’est qu’il y ait une fiscalité derrière pour que la collectivité bénéficie de cette richesse-là». Quelqu’un devrait peut-être l’affranchir : la fiscalité – bouclier fiscal, niches ultra-dorées et fort dispendieuses pour les finances publiques - est précisément faite pour exonérer les possédants et faire reposer l’essentiel de l’effort sur les Français normaux, des pauvres au classes moyennes. Retour évident aux privilèges de l’Ancien Régime !

Notez bien que le Pôle Emploi a déjà inventé le travail gratuit pour les chômeurs. Je ne sais s’il vous en souvient mais nous avions découvert en avril 2010 que des salariés étaient mis gratuitement à la disposition d’entreprises pour de prétendus stages d’insertion destinés à tester les compétences des demandeurs d’emplois. Source d’abus manifestes pour Denis Carlier (Libération du 9 avril 2010) Ces chômeurs qui travaillent cinq jours «gratuitement» : «Un dispositif de Pôle emploi permet aux entreprises de tester un demandeur d’emploi pendant 40 heures: l’entreprise ne paie rien, le chômeur touche son indemnité. Polémique» (…) Ces dispositifs constituent une bonne idée, mais ils tendent à être détournés de leur objectif premier par certaines entreprises» selon Gaël Guiselier, auteur sous pseudonyme d’un ouvrage sur les coulisses de Pôle emploi.

Plus de 110 000 chômeurs testés sans être payés (Le Figaro du 8 avril 2010) dont le sous-titre indique bien que Pôle Emploi se fiche carrément du devenir des chômeurs : «La part des demandeurs d’emploi finalement embauchés n’est pas mesurée par Pôle emploi»… L’important ? Faire disparaître les chômeurs des statistiques du “noyau dur” des demandeurs d’emploi : la catégorie 1, celle de ceux qui n’ont exercé aucune activité pendant le mois considéré. Le procédé n’est pas nouveau et a été pratiqué depuis 1975 par tous les gouvernements, de droite comme de gauche. Mais les stages étaient rémunérés…

Bien évidemment mes amis d’Actu-Chômage étaient montés au créneau : Comment Pôle Emploi encourage le travail gratuit. «L’évaluation en milieu de travail permet de «vérifier les compétences et capacités professionnelles» d’un candidat à l’embauche. Pendant ce temps, il n’est ni dédommagé ni rémunéré pour les tâches effectuées… Et la part des demandeurs d’emploi finalement recrutés n’est même pas mesurée ! (…) “Du travail gratuit” pour les syndicats, “un moyen d’évaluer les compétences des chômeurs” pour Pôle Emploi…

Je n’avais pas eu le temps d’aller leur rendre visite hier en commençant à travailler sur le sujet mais il m’eût fort étonné qu’ils n’eussent réagi au quart de tour. Une petite visite le confirme en lisant leur revue de presse Le gouvernement britannique envisage de faire travailler gratuitement les chômeurs de longue durée (8 nov. 2010) et le sous-titre confirme que nous sommes bien sur la même longueur d’onde : Il s’agit d’«aider» les personnes sans emploi depuis longtemps à se réadapter au travail… My God : et dire qu’on pensait que l’esclavage était aboli !

God bless you ! Nous en aurons sacrément besoin avec tout ce qui va nous tomber sur le coin de la gueule dans la prochaine loi de finance. Et comme cerise sur le gâteau, la promesse de l’inflation, le grand retour. Les industriels de l’agro-business font le forcing pour obtenir des augmentations de la grande distribution. Au prétexte de l’augmentation du prix des matières premières. Le prix du blé, du pain et des pâtes alimentaires a déjà augmenté en août, avant même que fussent épuisés les stocks. Nous aurons donc comme dans les années 75-85 la “stagflation” : stagnation de l’économie et inflation (à deux chiffres à l’époque).

J’en profite pour dire qu’il faut soutenir Actu-Chômage. Ils font un travail remarquable et sans nul doute irremplaçable sur le front de l’information des chômeurs. Contrairement à d’autres : «Ils le méritent bien»

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Je n’en ai pas fini avec Benoist Apparu… Autant lui tailler toute de suite le beau costard qu’il mérite ! Dans le même article de Marianne Pauline Baron nous en apprend de belles sur ses propositions en matière de logement (c’est son domaine ministériel)

L’équilibre entre les droits des locataires et des propriétaires s’impose ainsi comme un mot d’ordre pour le secrétaire d’État. « On pourrait accélérer la restitution de la caution mais en même temps, il y a de la paperasse à faire », a-t-il concédé. Le fait que certains propriétaires exigent un an de caution, pas de quoi le « scandaliser outre mesure ». «C’est un système de caution qui n’est pas hors-la-loi» a revendiqué Benoist Apparu.

Ben voyons ! Curieuse conception de la légalité, ce qui n’est guère surprenant venant de ce gouvernement. Il devait avoir piscine quand fut adoptée la Loi n° 2008-111 du 8 février 2008 : au terme de l’article 10 II, les propriétaires ne peuvent plus réclamer qu’un mois de caution. Un an est forcément totalement «hors-la-loi» !

Il voulut il y a peu la jouer compassion – pure façade - en accompagnant Tonino Serafini de Libération qui enquêtait sur les “micro-logements” (mais maxi loyers !) et s’était fait passer pour un jeune cadre nouvellement nommé à Paris. Comment imagine-t-il que des personnes disposant de faibles ou même moyens revenus pourraient verser un an de caution ?

Benoist Apparu ne vit pas sur la même planète que nous. Bien évidemment : il touche environ 15.000 euros par mois et le smicard, 1343,77 euros (chiffres de l’Insee). Ils ne peuvent – et surtout ! ne veulent – avoir aucune idée des difficultés que nous pouvons rencontrer, chômeurs, salariés et retraités pour «faire la soudure» d’un mois sur l’autre. J’ai souventes fois lu que pour les plus pauvres, les «fins de mois» commençaient le 10 !

Pourtant, Benoist Apparu s’y connaît drôlement bien en matière de logement social : le sien ! Je l’avais fort justement épinglé sur ce chapitre. Je ne saurais dire si depuis que cette affaire était venue sur la place publique, il avait trouvé à se loger en fonction de ses si faibles revenus…

:)


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LES COMMENTAIRES (1)

Par valentini
posté le 21 novembre à 11:36
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L'esprit de réforme, sauce anglaise, à la chasse au renard ouvrier

L'Anglais standard est un type farci de bon sens. Comme il a deux mains, deux pieds, deux yeux, il sait, par expérience, que, dans la vie, tout va par deux: le haut, le bas, la gauche, la droite, Laurel et Hardy. Les borgnes, les estropiés et les manchots, évidemment, ne comprennent rien à cette extension foudroyante, en droits, de l'homme, dans l'espace public, et donc s'ils tentent, à leur corps défendant, de freiner la concurrence frénétique qui pour l'heure règne et divise entre eux les êtres humains, c'est qu'ils ont perdu tout sens commun. De ce don si précieux de sa personne à la common decency, l'Anglais de haute basse cour a toujours tiré les moyens de son gouvernement. Il y a deux sortes d'hommes, dans la vie, n'est-il pas! Le capitaliste que les lois empêchent, entravent, embarrassent et le prolétaire qui, sans la Loi, verserait, à toute vitesse, dans le caniveau. Nous venons de résumer plus de quatre siècles de philosophie anglaise, en matière d'organisation sociale, soucieuse de pendre les pauvres par milliers et d'imposer le travail forcé, où et quand sa mansuétude, à l'encontre des incapables économiques, l'exige. Car nous ne cesserons jamais de le répéter, en dépit des tartufferies et jérémiades, à propos de la repentance, la colonisation des peuples, contemporaine de l'ouverture du monde au monde du commerce moderne, cette armada ininterrompue de marchandises matérielles et humaines, a commencé aussi, ici même, en Europe. Aussi est-il logique qu'on persiste à parler des aspects positifs du colonialisme, qui plus est, en appelant Marx à la rescousse, avec un toupet hors du commun, Marx qui n'a jamais dit que les classes capitalistes étaient révolutionnaires, en tant que telles, mais, et c'est plus qu'une nuance, que le mode de production capitaliste avait révolutionné les sociétés, ce que personne aujourd'hui ne songe à nier. Mais la goinfrerie inouïe des classes capitalistes, inquiètes de leur insatiable gloutonnerie, du moins du reflet, de l'image que cette dernière projette dans toutes les couches et classes de la société, y compris parmi l'élite qui s'emploie, quel qu'en soit le motif, à défendre leurs intérêts, les poussent à exiger beaucoup plus que la simple richesse matérielle. Elles veulent la reconnaissance qu'elles dénient aux classes sociales, sans lesquelles leur mode de vie disparaîtraient. C'est donc clôturer dans ses propres certitudes intimes, doublées d'une arrogance sans borne, que le pragmatisme tyrannique anglais, qu'un million de pingouins, en France, applaudissent, vient de réinstaurer le travail obligatoire.

Avant toute chose, bornés comme nous le sommes, par l'abjecte liberté des marchés, nous n'hésitons pas une seule seconde, à déclarer, au vu du nouvel esprit de réforme, qui nie, comme un arracheur allemand de dents, et la rigueur et l'austérité, qu'entre la démocratie et le fascisme ou le nazisme, la différence est de degré et non de nature. Cependant à cette humeur standard, qui diffuse aux quatre coins du monde, et pas seulement au-dessus de Saïgon, son parfum concentrationnaire, nous prendrons le parti, chaque fois que possible, d'opposer à cette humeur bonhomme et bienveillante, un humour approprié aux hommes et femmes de fer de notre époque. Voyons comme leurs têtes, aussi rondes et rouillées que des boulets plein de merde, explosent de joie, dès qu'il s'agit de soustraire le moindre penny. Si le pingouin français curieusement pousse et crie simultanément au loup prolétarien, déboussolé qu'il est par la dérive des marchés, son riche voisin, qui vient d'abolir la chasse à courre, gueule, lui, comme un putois du tea party: la chasse au renard a fait son temps, vive la chasse au renard d'un nouveau type! Tel est en l'état, l'esprit de réforme, à la sauce anglaise et toilettes sentimentales, qui a enfilé des habits neufs de groom du capital. C'est que ça coince terriblement, il n'a plus un sou vaillant. Et donc, où en trouver ailleurs, nulle part mieux que dans le puits sans font de l'estime de soi. Le ministre du Travail et des Retraites, un Smith quelconque, a rétorqué à un bonnet ecclésiastique, enfermé, selon la presse-pudding-express, dans son big ben d'ivoire, que: demander à quelqu'un qui est sans travail depuis longtemps de participer à un programme de travail pour stimuler son estime de soi n'est pas une recette de désespoir mais une façon de réparer des vies brisées. Comme cette demande, d'une politesse aussi exquise qu'extrême, est un ordre huilée par le coude de la justice, que peut-on lui refuser? D'autant que ce stimulateur d'énergie en chambre manifeste sa volonté admirable de réparer la vie cassée par ses amis de la City. L'ordure capitaliste ne hait pas la psychanalyse, surtout appliquée au renard ouvrier qui, dans son terrier, se terre, c'est sa rente! Heureusement, il a un flair infaillible, pour faire le tri entre les vrais et faux chômeurs. Ces derniers, s'il les a dans l'pif, instrument de la science la plus concentrée, c'est uniquement pour leur apprendre à connaître la vérité du bonheur dans le travail, étant donné que pas de revenu sans travail. Ce point de vue universel, tous les escrocs étatiques le partagent. Ils suent sang et eau et mettent le monde sens dessous dessus, pour se saisir de toutes les opportunités qui se présentent. Et cette activité-réflexe, autrement dit un atavisme, est proprement saisissante. Elle trouve à toute heure les plus-values nécessaires à la mise en oeuvre du plus merveilleux des programmes: réaliser l'harmonie sociale. Cette harmonie articulée en une langue qui dure longtemps, ça donne: Arbeit macht frei! Et en plus, cerise sur le pudding, ça apaise les actionnaires.

Capitalistes, descendez au cercueil!