Ainsi que le déclarait Max Gallo : " Le général de Gaulle semble être au Panthéon de l’unanimité nationale ".
C'est chouette, le temps, cela arrondit bien des angles.
Pourtant, Dieu sait combien de haines le Général a suscité tout au long de sa vie exemplaire ! Il faut avoir été, comme moi, élevée dans la ferveur du 18 juin 1940, pour se souvenir des positions outrancières que prirent ses opposants, des pensées dictatoriales qu'on lui pretait, celle du "Coup d'Etat permanent" en particulier de la part d'un François Mitterrand qui gouverna sans aucun remord selon les institutions qu'il avait données à la France.
Etrange. Je me souviens très précisément des couleurs et des circonstances dans lesquelles je l'ai apprise, et je me revois revivre le film de l'instant où la nouvelle m'a assaillie, en même temps qu'une immense tristesse. Je travaillais alors rue La Boëtie, et je venais de passer la porte des bureaux de la BRED. Il devait être 8 heures du matin car nous devions très tôt être disponibles à la clientèle de PME de la banque. Je me souviens de la couleur de la moquette, du placage d'acajou du meuble d'accueil....Comme si c'était hier. Et j'ai éclaté en sanglots....Pourtant, le Général s'était retiré depuis longtemps à Colombey...Il ne jouait plus aucun rôle dans la politique de tous les jours, depuis que les électeurs l'avaient une fois de plus renvoyé.
Mais il avait déjà, et depuis 1952, lui-même tout prévu de la manière dont il entendait que soient célébrées ses funérailles. Les obsèques nationales, le catafalque, le cortège funèbre et les femmes en voile noir...Non, surtout pas. Une étroite tombe blanche où reposait sa fille Anne, dans le petit cimetière entourant l'église de Colombey, à quelques mètres de la Boisserie, avec la famille, quelques militaires....et c'est tout. Et c'est pour respecter ce voeu que la famille n'a pas communiqué immédiatement au moment du décès, mais seulement au matin du 10, quand tout fut organisé, sans les officiels....
Moi, je me souvenais des extraordinaires Conférences de Presse, suivies à la télévision, des voyages dans toute la France, des visites de chefs d'Etat africains après la décolonisation ...Je me souviens en particulier d'une image fugace : côte à côte à l'Opéra, l'abbé Fulbert Youlou (Président du Congo Brazzaville) , toute petite silhouette en soutane blanche, auprès de l'immense général...Tellement surréaliste...
Aujourd'hui, tout le monde a "récupéré" le Général. Avec le recul, chacun mesure ce que cet homme d'exception a apporté à l'honneur d'un pays vaincu, à la stabilité d'une nation sans cesse divisée et pétrie de rancunes, à l'histoire d'un peuple qui ne le méritait sans doute pas.
Même le fait que ses écrits soient inscrits pour étude au programme de l'Education Nationale a fait débat !
Pauvre France .....