MyPharma se prête au jeu des pronostiques ministériels. Hervé Karleskind dresse la short-list des candidats potentiels au poste de ministre de la Santé du prochain gouvernement Fillon, Borloo, Baroin, Sarkizy, Surprise (au choix, rayez les mentions inutiles).
Plus on s’approche de l’échéance du remaniement, annoncé pour le 15 novembre, plus les appétits s’aiguisent… Le bal des prétendants n’est pas terminé, même si selon certaines sources, l’affaire semble bouclée. Côté ministère de la Santé, c’est aujourd’hui le député UMP des Alpes-Maritimes, Jean Léonetti, cardiologue hospitalier, qui semble tenir la corde. Les autres candidats ou supposés tels ont-ils encore quelques chances ? Inventaire.
Jean Léonetti, 62 ans, médecin, député, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Spécialiste des questions d’éthique médicale, il a présidé la Mission parlementaire sur l’accompagnement en fin de vie. Il est d’ailleurs le “père” de la loi qui porte son nom sur le droit des patients en fin de vie. Autre paternité: les lois bioéthique sur l’embryon, les mères porteuses etc… Ce profil éthique lui confère un avantage certain pour briguer le fauteuil de ministre. Mais il est également médecin, ce qui devrait lui faciliter la tâche pour renouer le dialogue avec les syndicats médicaux, très remontés contre la future ex-ministre Roselyne Bachelot. Les praticiens hospitaliers, qui ont l’épiderme sensible, devraient lui faire bonne figure. Bref, le candidat idéal pour deux objectifs: 1) ramener les médecins au bercail électoral de la droite avant l’élection présidentielle et, 2) rendre la loi HPST plus digeste aux praticiens en supprimant les mesures jugées vexatoires comme le contrôle des vacances de médecins libéraux.
Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé du dernier gouvernement Raffarin -il avait succédé à Philippe Douste-Blazy, alors parti au Quai d’Orsay-, le futur ex-patron de l’UMP héritera sans nul doute d’un portefeuille ministériel. La Santé? Plutôt le Travail, selon les derniers pronostics. A la Santé, il avait fait merveille auprès des libéraux qui ne tarissent pas d’éloges. Une preuve? La CSMF (le premier syndicat médical français) l’avait invité à son université d’été en lieu et place de Roselyne Bachelot, ministre en titre, priée de ne pas venir. Les praticiens ont conservé un excellent souvenir de ce négociateur habile qui avait su mettre en musique la réforme de 2004 pilotée par Philippe Douste-Blazy. Des chances de revenir? Certes, mais Nicolas Sarkozy pense, dit-on, qu’il serait plus utile au ministère du Travail après le départ d’Eric Woerth.
Elisabeth Hubert, ancienne ministre de la Santé du gouvernement Juppé 1, éphémère titulaire du portefeuille (six mois), médecin généraliste, ancienne députée de Loire-Atlantique, chargée au printemps dernier d’une mission sur la “médecine de proximité” par le président de la République. Très bien placée pour l’emporter, mais victime d’un “trou d’air” qui explique la non-parution d’un rapport sur la médecine libérale qui semble s’être perdu dans les sables. Connue pour son verbe dru qui pourrait avoir contrarié son retour, elle aurait aussi hérissé le puissant syndicat de médecins généralistes MG France qui ne porte pas dans son coeur cette ancienne figure de proue de la CSMF. Autre obstacle: le veto émis, dit-on, par le patron de la CNAMTS, Frédéric van Roekeghem, qui n’a toujours pas digéré le passage du C à 23 euros.
Philippe Douste-Blazy, qui a occupé le fauteuil à deux reprises. Une première fois comme ministre délégué à la Santé, sous la férule ombrageuse de Simone Veil (gouvernement Balladur) et une deuxième fois comme ministre de la Santé du premier gouvernement Raffarin. Ancien député, artisan de la création de l’UMP, ancien maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy a le profil du “gendre idéal” à la Santé. Très estimé des médecins, il est moins en cour à l’Elysée où le président semble décidé à le maintenir dans son exil aux Nations Unies. Un retour donc assez improbable même si l’impétrant dispose de toutes les qualités requises. Sauf une: il n’a plus de mandat électif et son poids politique s’en ressent.