Depuis plusieurs mois, cette phrase sert de sous-titre à mon blog.
Parce que, c’est toi, lecteur, l’extraordinaire étranger. Après plusieurs mois, je suis toujours autant intrigué par tous ceux qui viennent me lire, de manière anonyme. Il y a ceux qui viennent avec la régularité d’un métronome, et dont je ne connais qu’une adresse IP, toujours la même. Et surtout ceux que je ne peux pas suivre, mais qui n’atterrissent pas ici par hasard, mes dont mes statistiques d’accès ne me disent rien de plus.
Parce que ce poème de Baudelaire, c’est elle qui me l’a fait découvrir, alors nous n’avions que quatorze ou quinze ans. Elle : un jour peut-être, je reviendrai sur ces années, ces lettres de plusieurs dizaines de pages que nous nous échangions, cette complicité. Cet amour ?
“Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J’ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu’aimes tu donc, extraordinaire étranger ?
- J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !”Le Spleen de Paris, I.
Charles Baudelaire