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Revolution Under Siege : les rouges et les blancs débarquent sur vos écrans

Publié le 09 novembre 2010 par Cyberstratege

Revolution Under Siege

Cyberstratège s’est entretenu avec SĂŠbastien Lebourcq, responsable du nouveau wargame rĂŠalisĂŠ Ă  partir du AGE engine d’Ageod, interview dans lequel l’ex-rĂŠdac’ chef de notre magazine nous explique l’origine du projet et ses principales caractĂŠristiques. Un wargame sur un conflit mĂŠconnu qui devrait ravir les passionnĂŠs d’histoire et de stratĂŠgie.

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De par son thème peu couru, Revolution Under Siege est une très bonne surprise. Pourquoi le thème de la rÊvolution russe ?

A l’origine de ce projet il y a une demande de l’ĂŠditeur russe Akella qui voulait un ĂŠquivalent de l’excellent Ageod’s American Civil War pour la Guerre civile russe. Mais Philippe Thibaut et Philippe Malacher sont dĂŠjĂ  engagĂŠs sur d’autres projets avec Paradox, dont le fameux Pride of Nations, et ils ont du dĂŠcliner.
Le projet m’intĂŠressait et j’ai donc mis en place une petite ĂŠquipe indĂŠpendante avec Thomas Corriol pour le rĂŠaliser. La Guerre civile russe est un terrain de jeu passionnant pour un wargamer. Il s’agit d’un conflit hybride. Il a un pied dans le XIXe siècle avec ses armĂŠes d’infanterie et de cavalerie, et un autre dĂŠjĂ  dans le XXe siècle avec l’utilisation d’avions et de chars et avec sa dimension idĂŠologique très forte. C’est enfin une guerre titanesque qui s’ĂŠtendait du Pacifique Ă  la Pologne et qui a concernĂŠ non seulement les Russes, mais aussi les Polonais, les Baltes et des contingents français, anglais, amĂŠricains ou japonais. Bref, nous pensions qu’il y avait de quoi bien s’amuser, de permettre aux joueurs de croiser des figures historiques fortes comme LĂŠnine, Trotsky ou Koltchak. Le tout en simulant un conflit auquel on a pas dĂŠjĂ  jouĂŠ des centaines de fois. Un dĂŠfi passionnant !

Pourquoi avoir choisi comme nom Revolution Under Siege, au lieu par exemple de Russian Civil War ?

D’abord pour essayer de faire original. Ensuite et surtout parce que cette expression rĂŠsume bien l’esprit du jeu. C’est une formule de LĂŠnine qui dĂŠcrivait la situation des bolchĂŠviques en mai 1919 : attaquĂŠs par des armĂŠes blanches au nord, au sud et Ă  l’est, sans compter les corps expĂŠditionnaires occidentaux, ces derniers se sont sentis vĂŠritablement assiĂŠgĂŠs. Nous avons retranscrit cette problĂŠmatique dans le jeu : l’ArmĂŠe Rouge dispose d’une base solide, mais elle est entourĂŠe d’ennemis de tous cĂ´tĂŠs. Le joueur communiste devra tenir bon et profiter de sa position centrale pour abattre ses adversaires un Ă  un. De leur cĂ´tĂŠ, les anti-communistes devront tenter de rĂŠduire les positions soviĂŠtiques en Russie centrale en coordonnant leurs moyens limitĂŠs.

Revolution Under Siege est dĂŠveloppĂŠ Ă  partir de Rise of Prussia (et du Age Engine). Au delĂ  des nouvelles unitĂŠs (avions, blindĂŠs) quelles sont les principales diffĂŠrences ou ĂŠvolutions entre ces deux jeux ?

Nous avons voulu accentuer la dimension politique du jeu par rapport Ă  Rise of Prussia. Chaque joueur disposera d’une sĂŠrie d’options politiques, ĂŠconomiques et diplomatiques pour remporter la partie. Les Communistes pourront par exemple utiliser la Tcheka pour rĂŠprimer les provinces rebelles, tandis que les Blancs pourront tenter de faire intervenir des pays ĂŠtrangers Ă  leur cĂ´tĂŠ.
Du point de vue Êconomique, notre jeu se rapproche de ce que faisait AACW avec ses options de gestion et de recrutement très poussÊes.

Combien de temps aura pris le dĂŠveloppement de Revolution Under Siege ?

Deux ans. C’est relativement long car nous sommes une ĂŠquipe indĂŠpendante qui a du se dĂŠbrouiller par ses propres moyens.

Les recherches historiques n’ont pas dĂť ĂŞtre faciles. En plus de la langue, quelles difficultĂŠs cela a-t-il posĂŠ ? Et concrètement, dans le jeu, comment cela a-t-il ĂŠtĂŠ solutionnĂŠ ?

Nous avons eu la chance de rencontrer David Beaudlet, lui-mĂŞme auteur de plusieurs jeux de plateau sur la Guerre civile russe publiĂŠs par le magazine Vae Victis. David a vĂŠcu plusieurs annĂŠes en Russie, il est russophone et il possède un exemple de l’EncyclopĂŠdie SoviĂŠtique. Cette dernière rĂŠpertorie entre autres les ordres de batailles des protagonistes. Il nous les a donc traduits, ce qui nous a fourni des informations prĂŠcises que nous n’aurions certainement pas pu obtenir par nous-mĂŞmes.

Oui, nous avons voulu utiliser la diplomatie pour introduire une part de politique-fiction. Principalement, les Blancs peuvent obtenir l’entrĂŠe en guerre de la Finlande, des Pays baltes ou caucasiens Ă  leurs cĂ´tĂŠs. Ils peuvent ĂŠgalement demander aux Franco-anglais de renforcer leurs corps expĂŠditionnaires pour les rendre plus importants qu’ils ne furent historiquement. Ces interventions ne seront cependant pas systĂŠmatiques. Elles coĂťtent très cher politiquement et elles seront le rĂŠsultat d’une politique mĂťrement rĂŠflĂŠchie.
Ce côtÊ  what-il  nous a paru important pour permettre aux joueurs de varier leurs parties. Pour les Blancs, mener le conflit seuls ou impliquer la Finlande, par exemple, sont des dÊcisions qui changeront le cours de la guerre et provoqueront des parties aux visages complètement diffÊrents.

Dans certaines discussions sur le forum d’Ageod, il est fait mention de similitudes entre Ageod American Civil War et Revolution Under Siege, tant du point de vue des mĂŠcanismes du jeu que du dĂŠroulement de ces deux conflits. Un exemple parlant est celui des dĂŠplacements par voie ferrĂŠe. Pouvez-vous dĂŠtailler ?

Les dĂŠplacements par voie ferrĂŠe fonctionnent de la mĂŞme façon entre les deux jeux, Ă  deux importantes nuances près. D’abord, les russes disposaient de trains blindĂŠs, vĂŠritables cuirassĂŠs sur rail, qui fournissaient un appui-feu souvent dĂŠcisif. Pour pouvoir en bĂŠnĂŠficier, les armĂŠes sont donc incitĂŠes Ă  progresser Ă  leurs cĂ´tĂŠs le long des voies ferrĂŠes. Mais l’immensitĂŠ russe et la rudesse du climat sont d’autres facteurs qui vont rendre le contrĂ´le des axes et des nĹ“uds ferroviaires plus importants encore dans RUS que dans AACW.

RUS - armored units 1

Train blindĂŠ. Pour d’autres screenshots, voyez cette brève.

Jusqu’Ă  quel point Revolution Under Siege collera-t-il Ă  l’histoire, ou permettra-t-il de s’en ĂŠloigner, Ă  la façon d’un what-if ?

Nous avons voulu mettre en place une base la plus rĂŠaliste et la plus documentĂŠe possible… tout en laissant au joueur la possibilitĂŠ de s’en ĂŠloigner, par exemple grâce aux options diplomatiques. Mais bien sur, nous sommes toujours restĂŠs dans le cadre du vraisemblable. Les parties ne devraient pas prendre un tour trop fantaisiste.

Nous avons ĂŠgalement intĂŠgrĂŠ un scĂŠnario entièrement fictif : en 1921, l’Allemagne impĂŠriale, qui a remportĂŠ la Première Guerre mondiale, veut ĂŠcraser la Russie des Soviets. Il s’agit d’un Barbarossa avant l’heure et d’un scĂŠnario aux proportions ĂŠnormes. Un vĂŠritable jeu dans le jeu !

Quels seront les dĂŠfis Ă  relever pour le joueur selon qu’il soit dans un camp ou dans l’autre ? Combien y a-t-il de factions en prĂŠsence (majeure / mineure) ?

Il y a 3 puis 4 factions dans la Grande campagne. Il y a les Rouges, les Blancs de SibĂŠrie (amiral Koltchak) et les Blancs du sud (gĂŠnĂŠral DĂŠnikine). Les Blancs sont bien sur alliĂŠs et poursuivent le mĂŞme objectif, mais nous avons tenu Ă  en faire deux factions distinctes pour que la dĂŠfaite de l’une ne provoque pas la disparition de l’autre. Historiquement, elles ĂŠtaient tellement ĂŠloignĂŠes que chacune ĂŠvoluait en autonomie. Ainsi, quand les BolchĂŠviques ont ĂŠcrasĂŠ Koltchak, cela n’a pas provoquĂŠ la capitulation de DĂŠnikine et Wrangel qui ont continuĂŠ Ă  se battre des dizaines de milliers de kilomètres plus loin.
A partir de 1920, une quatrième faction jouable intervient : les Polonais. Ils ne sont alliĂŠs avec aucun camp et poursuivent des objectifs spĂŠcifiques. Dans une partie, ils pourront ĂŞtre aussi bien dirigĂŠs par un humain que par l’IA. Cela donnera potentiellement un jeu Ă  4 joueurs Ă  partir de cette date.
En conclusion, RUS est donc un wargame multijoueur et coopĂŠratif pour certaines factions.

En plus de la campagne concernant la rĂŠvolution russe, Revolution Under Siege proposera aussi un scĂŠnario sur la Guerre civile finlandaise et un autre sur la guerre russo-polonaise. Pouvez-vous nous dĂŠcrire un peu ces scĂŠnarios ?

Il s’agit de scĂŠnarios courts en 1vs1 portant sur la Guerre d’indĂŠpendance finlandaise (janvier-mai 1918) et sur la Guerre russo-polonaise (mai-dĂŠcembre 1920). Ce sont des conflits mĂŠconnus mais intĂŠressants qu’il nous ĂŠtait facile de reproduire dans ce jeu, nous en avons donc profitĂŠ. Il est Ă  noter que la Guerre russo-polonaise vit une importante intervention française avec des missions militaires dirigĂŠes par le gĂŠnĂŠral Weygand. Ces ĂŠlĂŠments seront bien sur prĂŠsents dans le jeu.

Combien de temps durera la campagne (en tours de jeu) ? Sera-t-elle dĂŠcoupĂŠe en scĂŠnario, si oui lesquels ?

La grande campagne dure de juin 1918 Ă  dĂŠcembre 1921, soit 86 tours. Les autres scĂŠnarios portent sur des pĂŠriodes diffĂŠrentes et ils seront plus courts, Ă  l’exception du scĂŠnario fictif allemand qui court jusqu’en 1923.

Comment l’I.A. s’adapte-t-elle aux dĂŠcisions du joueur ? Tout est-il « scriptĂŠ » ?

Notre programmeur IA, Laurent Favre, a mis un place un code pour qu’elle rĂŠagisse au mieux aux problĂŠmatiques de chaque scĂŠnario. DiffĂŠrentes rĂŠactions sont prĂŠvues en fonction des stratĂŠgies des joueurs et du contexte historique ou mĂŞme climatiques. Nous sommes très heureux du rĂŠsultat et nous pensons que l’IA donnera du fil Ă  retordre aux joueurs en solo.

Y aura-t-il une dĂŠmo ?

Oui, nous prÊparons une dÊmo qui sera en ligne sur notre site dès que possible.

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Tous nos remerciements Ă  Seb pour nous avoir accordĂŠ une partie de son temps. La sortie de Revolution Under Siege est prĂŠvue ce 23 novembre. Pour plus de dĂŠtails sur le jeu, voyez le site officiel.


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