Les carottes ne sont pas cuites pour l’agriculture

Publié le 07 novembre 2010 par Bordeaux7
Le radis de Bègles ou l’artichaut de Parempuyre, de nombreux légumes n’ont pas ou très mal résisté ces 30 dernières années à l’étalement urbain sur la Cub . Certes l’ambition de la Cub et de sa ville centre est de parvenir à une agglomération millionnaire en 2030. Pour atteindre cet objectif, la construction de 50 000 nouveaux logements s’impose pour accueillir de nouvelles populations. Reste que ces constructions ne doivent pas se faire au détriment des espaces naturels et de l’agriculture périurbaine. «Le pendant de l’urbanisation, c’est le maintien de la qualité de vie et cela passe pour beaucoup par la nature», assure le président de la Cub, Vincent Feltesse qui défend toujours son idée d’Eden métropolitain. Aussi, pour préserver ces espaces, synonymes de qualité de vie sur l’agglomération, il était nécessaire de dresser un état des lieux de l’existant pour ensuite décider de la marche à suivre. C’est en partie l’objet de la mission de Philippe Quevremont, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts, mandaté par le ministère de l’agriculture à la demande de Vincent Feltesse et d’Alain Juppé. Ce spécialiste a élaboré ces derniers mois un projet en faveur de l’agriculture périurbaine et des milieux naturels. «L’agriculture représente 10% de la surface de la Cub contre 6 % pour les surfaces en eau et zones humides, 34% pour les forêts et autres milieux naturels», indique Philippe Quévremont. Ce qui revient à dire que la Cub dispose de 50% d’espaces naturels et 50% d’espace urbain. Un équilibre que Vincent Feltesse a bien l’intention de maintenir. «Il y a unanimité des maires de la Cub là-dessus, ce que l’on a aujourd’hui, on le conserve».

Maraîchage en voie de disparition ?

En matière d’agriculture et plus particulièrement de maraîchage, les premiers constats sont assez alarmants. «La part de fruits et légumes assurée par la Cub pour ses habitants représente moins d’une journée de consommation par an». Et pour cause, le nombre d’agriculteurs à «titre principal», c’est-à-dire dont l’activité représente plus de la moitié de leur temps et de leurs revenus, a considérablement baissé. Ne subsiste aujourd’hui qu’une centaine d’exploitations (130 ha de surfaces exploitées), contre près de 260 en 1988. «Il y a eu un véritable déficit de prise de conscience de ces espaces maraîchers ces 20 dernières années», reconnaît Vincent Feltesse. «Nous avons de la chance d’être ici en PPRI (Plan de Prévention des Risques inondation) et je garantis qu’il n’y aura plus un seul m2 urbanisé dans ces zones maraîchères». Un message clair envoyé aux quelques agriculteurs qui auraient encore pu croire vendre leur terrain au plus offrant des promoteurs immobiliers. Aussi, pour inverser cette tendance et au regard des recommandations de l’expert, l’élu envisage de mettre en oeuvre une politique agricole à l’échelle du SCOT, basée sur la protection de l’existant. Il souhaite aussi engager plusieurs initiatives dans les mois qui viennent. Il est question de favoriser l’installation de nouvelles exploitations maraîchères ou de jardins familiaux via l’acquisition par les communes de terres agricoles situées en zones inondables. «Il existe déjà de manière éparse sur la Cub des jardins d’ouvriers ou des jardins d’insertion. L’idée est de lancer rapidement un appel à projet pour structurer tout ça». Vincent Feltesse pourrait peut-être même y voir fleurir ces fameux cottages qui l’ont tant séduit lors de son déplacement à Stockholm.•
Stella Dubourg