Edito du lundi (6) : Trop de films tuent les films ?

Par Alainrobert

Même si le discours s'est adouci depuis mon 1er coup de gueule de 2005 (archives linkées en fin d'article), force est de constater qu'année après année, le constat est le même : Au même titre que les autoroutes sont embouteillées lors des grandes transhumances en direction des plages l'été et en direction des pistes de ski l'hiver, certaines semaines cinématographiques voient déferler un nombre impressionnant de films...

Chaque semaine, sans compter la modulation dûe à la multiprogrammation de certains écrans, il doit y avoir autant de départs (films qui quittent l'affiche) que d'arrivées (nouveaux films sur les écrans).
Et comme le nombre de films à sortir augmente sans cesse, 3 phénomènes perdurent :

  1. Un embouteillage à ces périodes de l'année que sont les semaines 45 à 51 que je compare aux grandes transhumances estivales ou hivernales (voir ci-dessus),
  2. Un raccourcissement de la carrière de certains films,
  3. Un resserrement de la combinaison de salles dont auraient pu bénéficier certains films...

Cette excentricité, cette année, prend une ampleur toute particulière puisque la semaine 46 (qui commence mercredi prochain, le 10/11) verra la sortie sur les écrans de 16 nouveaux films. Ils seront 21 la semaine suivante (semaine 47/2010, mercredi 17/11), ce qui n'est pas loin d'être le record absolu !!

Les Distributeurs de films, s'ils sont conscients qu'une sortie à cette période de l'année est souvent synonyme de recettes supérieures à d'autres, savent aussi que ça peut-être contre-productif, la rudesse de la concurrence laissant certains films sur le carreau.
D'autre part, cette concurrence accrue sur cette période où la clientèle est disponible entraine des pics de fréquentation dans certains cinémas à l'origine d'embouteillages (encore !) monstrueux, avec des salles archi-pleines...Alors que les semaines précedentes, ces mêmes salles sont vides !
Pourtant, l'histoire récente (très récente, même) démontre que des sorties décalées sur des semaines dites "calmes" apportent des lots de bonnes surprises, des exemples frappants existent : prenons l'exemple du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des Dieux (2.800.000 tickets vendus depuis sa sortie le 08 septembre) !!!

De fait, et même si l'embouteillage constaté n'est pas uniquement l'oeuvre des Distributeurs français, il serait peut-être intéressant de se demander si l'Industrie Cinématographique ne devrait pas voir tous ses acteurs s'entendre enfin sur un calendrier de sortie raisonné, laissant les films les plus fragiles économiquement sortir sur les périodes les plus fortes et les films quasi-préfinancés à des périodes plus calmes ?
C'est une question...

Pour aller plus loin :