Un zeste d’Orange pour embellir nos villes

Par Lilicastille

Je ne sais pas si vous avez remarqué, les zamis, la toute nouvelle décoration urbaine qui fleurit ces jours-ci dans nos villes et quartiers. Pareille à la rosée matinale,  cette touche de couleur délicatement posée avec précision et parcimonie nous est gracieusement offerte par Orange, la marque phare de France Télécom, et son prestatiare de street marketing, pour le plus grand plaisir de nos mirettes. Soucieuse d’offrir au plus grand nombre son ravissant spectacle chromatique, Orange se met en quartiers pour nous faire goûter ses doux arômes, dans les endroits les plus inattendus de la capitale : des pare-brises des Twingo au mobilier urbain en passant par les transparences des cabines téléphoniques. Du street art graphique dans toute sa splendeur. Alors oui, Orange a de quoi rouler des mécaniques car c’est du grand art. Et ne soyez pas jaloux car quand on est bon, on est bon. Un point c’est tout.

Orange se situe ainsi dans la veine de la création artistique d’avant-garde européenne que seule Berlin est à même de concurrencer à ce jour. Bravant le dictat bienpensant du politiquement correct, la marque fait un courageux acte de rébellion morale et crie haut et fort ce que la génération underground pense tout bas, avec son concept fuck-you-in-the-ass-the-planet : un jeu de flayers multicouches (vernis brillant -plastique mou - film protecteur transparent- gel collant) au grammage tellement exorbitant qu’il correspond (pour le produit correspondant) à une semaine de salaire de mon ami dealer X. Dati, frère d’une illustre défenseuse de la fellation qui n’aime paradoxalement pas les saucisses de Strasbourg. Et bien je dis bravo ! Parce qu’on en a marre de subir le dictat de l’environnement et ça Orange a l’air de bien l’avoir compris : on emmerde les baleines, les générations futures (à bas les chiards !) et on inonde la ville de ces autocollants qui comptent certainement comme 30 flayers en termes de pollution. Qui peut le plus peut le moins.

  

Mais ce n’est pas parce qu’elle est à la pointe de la tendance d'avant-garde que Orange est pour autant hautaine avec le petit peuple, peu familier de l’art contemporain : elle se soucie aussi du bienêtre de madame Michu et lui propose une astuce sympa et gratuite pour entretenir son pare-brise : l’autocollant nettoyant réutilisable. L’autocollant se détache parfaitement et emporte avec lui tout trace de saleté laissant ainsi le pare-brise comme neuf et immaculé. Plus encore, le caractère non corrosif pour la carrosserie a dû être particulièrement validé par le service juridique de la firme, du mois par les salariés le constituant ayant survécu au Plan Next (22 000 départs volontaires en 3 ans) et que je salue au passage. Du coup, par mesure de précaution, le flayer autocollant est tellement lubrifié qu’il s’applique, se retire et se réapplique facilement une bonne quarantaine de fois, de quoi traiter efficacement l’entière surface du pare-brise d’une smart. Ils pensent vraiment à tout chez Orange, la marque phare de France Télécom !

  

En outre, comme tout le monde le sait, France Télécom est une entreprise qui a vrai souci de la personne : pas question donc de faire du business sans mener une action en faveur de l’emploi. C’est pour cela que l’opération Un zeste d’Orange dans nos villes a également pour but de redynamiser le marché de l’emploi des entreprises de nettoyage financées par la Direction de la protection de l’environnement de la mairie de Paris et des grandes municipalités des villes françaises, car j’ai l’optimisme de croire que la philanthropie de la marque s’est étendue à l’ensemble de l’Hexagone. Bravo donc à Orange, la marque phare de France Télécom, pour son action vivifiante au sein le marché du travail en ces temps de chômage élevé ! (Applaudissements)

Mais le problème avec l’avant-garde, c’est que souvent elle est trop en avance sur son temps et nous dépasse complètement, nous pauvres consommateurs à l’esprit étriqué. Car que faire, une fois décollée, de cette œuvre gluante ? S’il est facile d’emporter un flayer qui nous intéresse, de le glisser dans la boite à gants de la voiture ou dans son sac, que faire de cet objet visqueux et dégoulinant de lubrifiant ? Comment conserver la précieuse information qu’il s’est donné tant de mal à faire parvenir jusqu’à notre conscience ? Mystère. On est donc obligé de s’en débarrasser au plus vite, dans une poubelle s’il en existe une à proximité, ou simplement en le jetant parterr…. mais ça y est ! Je viens de comprendre ! Quelle stratégie brillante et aboutie ! Quel génie de marque ! Bon sang mais c’est bien sûr : c’est l’aboutissement ultime concept fuck-you-in-the-ass-the-planet : bien polluer et souiller le sol AUSSI, ce qui, par la même occasion, rajoute du travail supplémentaire aux équipes de nettoyage employées par la ville de Paris et relance le marché de l’emploi. Ils sont vraiment forts chez Orange je vous l’avais bien dit ! On sent que ça cogite et qu’il y a du jus chez Orange.

 Alors moi je suis fan et j’ai envie d’aller en plus loin ensemble avec Orange dans sa création en matière de street art marketing. Voici donc quelques unes de mes idées qui, si je peux me permettre, me semblent participer du même brillant esprit :

 

- La main au cul autocollante (déclinable en version camion pouet-pouet) : une équipe de bonhommes Orange qui courent et collent le flayeur autocollant d’une bonne claque fessière ou d’une franche application boobistique. De surcroît, dans la mesure où l’œuvre d’art collée est très épaisse et d’excellente qualité, l’installation arty résistera aux mouvements du support publicitaire vivant qui en profitera, par la même occasion, pour customiser sa tenue de manière originale et à moindre frais !

 - Le Orange car wash : à la station service, lorsque, après avoir fait le plein, le prospect part régler sa note, une bande d’Orange se rue sur son véhicule pour le couvrir tout entier d’œuvres d’arts autocollantes. Quelle ne sera pas sa surprise en regagnant sa voiture ! Pour aller plus loi, je recommande un partenariat avec Toral ou BP, leaders incontestés en matière de pollution mondiale, ce qui leur confère donc une réelle proximité de valeurs avec la marque.

- La Orange surprise party copyrightée Michael Young : un groupe d’amis Orange font irruption chez un particulier pour refaire sa décoration d’intérieur à la mode Orange, avec le même souci de précision, de respect de l’habitat et de la propriété privée que dans l’opération de street marketing Un zeste d’Orange dans nos villes.

- L'Opération Bébé Orange : pour sensibiliser les futures générations de consommateurs dès le plus jeune âge, fournir des affichettes autocollantes aux crèches pour remplacer les couches. Grâce à la mémoire corporelle, devenus grands, les anciens bambins accepteront plus facilement que Orange, la marque phare de France Télécom, les traite comme de la merde.