« Salut O Terre d'espérance »... Oui, ma chère Cote d'Ivoire, je t'ai aimée bien avant d'aimer ta fille Raphaëlle. Nous étions jeunes et pleins d'avenir, toi et moi. Nous avions vingt ans. Nous rêvions.
Je dois admettre que je suis vieux, trop vieux du moins pour garder les mêmes rêves qu'alors. Toi, tu es encore jeune, que sont trente ans de plus pour un pays? Tu as connu des temps difficiles, pour toi, pour tes enfants. Sans doute n'aurais-je jamais connu Raphaëlle si l'avenir qui t'était promis s'était réalisé. Mais rien n'arrive comme annoncé. Le chaos s'est invité chez toi . Et moi, je ne suis plus retourné te voir. Nous nous retrouverons, je le sais, tôt ou tard.
Ta fille, elle, je l'ai perdue, mais l'ai-je jamais eue? N'est-ce pas toi, et nos rêves communs, que j'ai retrouvés en elle quand je l'aimais d'un amour aussi fou et désespéré qu'il était sincère? Elle est partie, ou bien est-ce moi, je ne sais plus. Toi, tu es là, tu seras toujours là.
Hier, tu as grandi. J'ai suivi, de loin, ce qui se passe chez toi. On a voté. Aucun des candidat ne porte vraiment un espoir mais c'est peut-être aussi bien ainsi, cela évitera la déception et ouvrira la voie à un nouveau futur. Pour toi, il est encore temps, encore temps de construire un avenir, pour toi, pour tes enfants. Je ne serai plus là depuis longtemps et toi, tu brilleras. Car je te fais confiance, je sais qu'enfin tu vas restaurer ta dignité, retrouver la paix, celle que les affiches vantaient au temps du « Vieux ». Mais cette fois, cela va être pour de bon. Les épreuves t'auront aidée à te débarrasser de certains poids hérités de l'histoire, j'espère que tu n'en accepteras pas d'autres qui pourraient aujourd'hui te séduire et demain t'asservir.
Oui, ma Chère Cote d'Ivoire, je t'aime tendrement, comme j'ai aimé ta fille. Mais toi, je sais que ce n'est pas une illusion.