Il y a quelques jours, j’ai retiré le premier chapitre de ce roman du site M@nuscrits des éditions Léo Scheer. C’est une démarche logique.
Puisqu’il y a peu de chance qu’il le lise, ce n’est pas de la flagornerie que de dire le bien que je pense de M Scheer. D’abord, en tant qu’éditeur classique, il publie des textes qui, pour certains, ne trouveraient pas leur place ailleurs, rien que pour cela, il mérite le respect. Mais surtout, il a initié cette expérience de M@nuscrits qui permet à tout un chacun de publier sur internet ses écrits et de les proposer à la lecture d’une petite communauté qui s’est ainsi crée. Bien sûr, comme dit M Scheer, l’espace des commentaires déposés à propos de ces textes ressemble à un bac à sable rempli de garnements attardés. J’en conviens volontiers et j’ai d’ailleurs renoncé à y participer régulièrement, tant quelques énergumènes y font régner la terreur. Ces Torquemada de l’écrit veulent paraître satisfaits d’eux-mêmes alors qu’ils sont très perturbés par leur rapport douloureux à l’écriture et aux refus répétés des éditeurs.
Quant à moi, je constate que la grande majorité des textes publiés sur M@nuscrits, à commencer par les miens, si pauvres, ne valent pas grand-chose et certainement pas le prix du papier où certains espèrent les voir bientôt. C’est aussi pour cela que je préfère m’abstenir d’y commenter des textes qui parfois ne sont pas déplaisants à lire, sans être pour autant plaisants. De temps en temps, je lis quelque chose de fort, de bouleversant. C’est rare, mais alors, je dois le dire, comme avec ces poèmes de Ghani, qu’il a gardé sans oser les montrer plusieurs années. De la poésie, pensez vous ! Qui peut être intéressé par des mots que l’on arrange pour exprimer une douleur, un espoir ? Certainement pas un éditeur : qui achète de la poésie aujourd’hui, sauf peut-être les élèves des lycées quand on le leur demande, et quelques intellectuels rêveurs…
Rien que pour les poèmes de Ghani, j’accepte le mépris et les insultes, si communs dans les espaces de discussion d’internet, reçus sur M@nuscrits. Ils ne sont ni graves, ni douloureux. J’ai cru un temps avoir trouvé une communauté de gens raisonnables partageant une passion, celle d’écrire. Hélas, force est de constater qu’il suffit de quelques snippers pour tout dégrader.
Il est possible que je participe à M@nuscrits dans la forme qu’il prendra au printemps prochain, non pour montrer mes écrits mais pour défendre ceux qui me touchent, que j’aurais envie de voir mieux diffusés.
Quant à savoir si j’y publierai encore, c’est une autre histoire. Je pose au moins deux conditions : la première est que l’espace de discussion y soit intéressant, je veux dire constructif, avec de la critique certes, mais réfléchie, la seconde, elle, ne dépend que de moi puisqu’il s’agit de la qualité de ce que je pourrais avoir à y proposer. A quoi bon donner à lire des textes que l’on n’aime pas soi même ? Quand j’ai publié là bas le premier chapitre d’Addiction, c’était une nécessité, comme l’était la création de ce blog. Et c’était une démarche irréfléchie, instinctive. Depuis, j’ai réalisé la médiocrité de ce récit et j’ai entrepris sa révision. Il est très peu probable qu’il devienne bon un jour, mais je l’aime tout de même, ce texte qui m’a fait si mal. J’y passe en ce moment beaucoup de temps, mais je sais que c’est un effort vain. Je ferais mieux de travailler plus à Crime passionnel , qui est aussi un règlement de comptes avec la vie mais qui est moins pollué par les évènements du monde réel.
Je ne pense pas proposer ce nouveau texte sur M@nuscrits. J’ai été tenté d’y mettre le début, pour recevoir critiques et réactions. Et puis je me suis demandé ce que cela m’apporterait, ce que cela apporterait à la rédaction de ce roman. Je n’ai pas trouvé de réponse. J’ai eu par ailleurs quelques rares commentaires venant de lecteurs qui l’avaient trouvé sur mon blog, cela me suffit.
Quant à savoir ce que je ferai de ce roman quand il sera terminé, c’est une question que je ne me pose pas pour l’instant. Probablement le laisserai-je reposer un peu avant de le reprendre, de le modifier, d’élaguer, d’enrichir sûrement. Ira-t-il sur M@anuscrits? Qui sait ?