« A chaque effondrement de preuves, le poète répond par une salve d’avenir. » Cette phrase de René Char semble guider Maguy Marin dans sa récente création, Salves. Parce que les preuves s’effondrent les unes après les autres. Et que l’art tente, vaille que vaille, de réveiller l’être humain. Ils sont conviés au festin : Delacroix, Picasso, Léger, Warhol, la sculpture antique et l’art contemporain. Au festin ? René Char, encore, écrit : « Etre du bond, n’être pas du festin, son épilogue. » C’est un conseil pour les grenouilles : saute, sinon on te mangera. La table, c’est aussi «L’amoureuse en secret», dont les derniers mots sont : « Un lit,très loin, sait-elle, patiente et tremble dans l'exil des draps odorants, comme un lac de montagne qui ne sera jamais abandonné. » Mais la femme est-elle toujours condamnée à passer à la trappe ?
Cependant Maguy Marin ne fait que côtoyer René Char, elle ne l’illustre pas, ne le suit pas. Dans son spectacle, le fil de l’histoire de l'humanité la fait passer par le colonialisme, l’impérialisme, le fascisme, tous ces –isme que l’on a combattus sans les empêcher vraiment. En étions-nous capables ?
On n'en finira jamais de recoller les morceaux de l'histoire. Et si l’art est une une salve d’avenir, alors, devenons nous-mêmes salves.
J'ai vu ce spectacle au Théâtre des Abbesses, à Paris.
La photo est de Didier Grappe
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