Mais le père de la victime, chirurgien de métier, rongé par le chagrin et la haine, décide d'enlever l'assassin de sa fille. Il prévient la police qu'il va séquestrer le meurtrier et le torturer pendant 7 jours consécutifs, au terme desquels il l'exécutera et se rendra aux autorités.
Inédit sur les écrans français, cette adaptation du roman de Patrick Senécal est un véritable uppercut. Froid, implacable, dépourvu de toute musique, le film dépeint pendant 1h50 la vengeance d'un père détruit par le meurtre de sa fille, la méthodologie implacable avec laquelle il va se livrer à des actes de torture sur l'assassin, en même temps que la lente autodestruction à laquelle il se livre.
Le thème de la loi du talion au cinéma ne date pas d'hier et a été traité de nombreuses fois. Citons en vrac Un justicier dans la ville, Death sentence, La mariée était en noir, Que la bête meure ou encore le bancal 8 mm.Avec Les 7 jours du talion, Daniel Grou se démarque de ses prédecesseurs en optant pour un parti-pris extrêmement cru, clinique, réaliste, nous plongeant d'emblée dans le drame vécu par ce couple anéanti, et dans la vendetta d'un père qui ne peut se contenter d'une peine de prison pour l'homme qui a violé et tué sa fille. Pour elle (mais aussi pour lui),il se livrera à des exactions corporelles inhumaines sur sa victime, utilisant ses connaissances de chirurgien pour le garder en vie le plus longtemps possible afin de décupler ses souffrances. Il ne lui adressera par ailleurs jamais la parole, ne lui offrant que coups, entailles, douleurs et humiliations.
La force du film de Daniel Grou (également connu sous le pseudonyme de Podz), est de créer une empathie immédiate avec ce père détruit qui basculera dans la barbarie la plus extrême. Cet homme, dont le métier est de sauver des vies, s'appliquera avec un soin méticuleux à entraîner sa victime vers une mort lente et douloureuse, à la mesure de la douleur endurée par sa petite fille. Cette empathie permettra bien évidemment au spectateur de se questionner: et moi, qu'aurais-je fait à sa place ? Pour tout parent, l'identification sera bien évidemment décuplée, l'horreur ayant frappé cet homme pouvant alors se mesurer à l'aune de sa propre expérience de parent.
L'on pourrait bien entendu craindre une apologie de l'auto-défense et de la jutice personnelle. Il n'en est rien. En effet, au fur et à mesure qu'il torture le pédophile, le père sombre petit à petit dans un malaise grandissant, jusqu'à une confrontation avec la mère d'une autre victime du meurtrier, qui provoquera en lui un bouleversement décisif. De même, le personnage du policier chargé de l'enquête a lui aussi vécu un drame personnel, et constitue à ce titre un contrepoint qui servira de base de réflexion au personnage du père. Nulle apologie, donc, mais au contraire la peinture d'une réaction légitime à défaut d'être constructive.
D'autre part, la radicalité du film repose également sur son absence totale de musique. En effet, aucune note ne viendra souligner ou illustrer les images, le
réalisateur nous envoyant ainsi au visage une histoire d'un réalisme glacial, sans ornements ni apprêts. Le malaise et le choc provoqués par les images seront ainsi souvent insoutenables, mais
contrebalancés en permanence par la pensée que ces actes sont peut-être légitimes, et que, nous aussi, aurions peut etre agi ainsi...
Il s'agit enfin de saluer la performance de l'acteur principal, Claude Legault, dans un rôle extrêmement difficile qu'il incarne viscéralement. N'ayant jamais entendu parler de cet acteur, son jeu m'a littéralement sauté au visage.
Les 7 jours du talion s'avère au final une réflexion tétanisante sur la justice personnelle, sa légitimité et son utilité. A la question que lui pose un journaliste en fin de métrage, "pensez-vous que la vengeance soit la meilleure solution ?", le père répondra" "non". A la seconde question "donc vous regrettez ce que vous avez fait?", le père répondra "non". Tout est là. La vengeance ne sert à rien, mais elle peut s'avérer inévitable et indispensable pour celui qui s'y adonne.