On ne peut pas dire que du mal tout le temps de Hanna-Barbera. Le studio, créé par deux animateurs des studios de la MGM qui viennent de fermer : William Hanna et Joseph Barbera, a certes pour vocation première de produire des dessins animés « moins chers », adaptés aux budget des chaînes de télévision et pour réduire les coûts ils ont l’idée simple mais efficace de réduire le nombre de dessins. Mais dans ses premières années, la compagnie qui nous donnera ensuite souvent du pire et rarement du meilleur compte encore sur des concepts décalés et un style débridé pour masquer la différence.
Quick Draw McGraw, c’est déjà un patronyme ironique pour un personnage de dessin animé (« quick draw » : littéralement : croquis rapide), mais en plus c’est un cheval qui est sheriff (et là le « quick draw » fait référence au geste que l’on fait pour dégainer un revolver) ce qui le place aussitôt dans le loufoque (il monte lui même un cheval qui ne parle pas et galope). Les enfants l’adorent et une marque de céréales l’adopte aussitôt pour l’afficher sur ses paquets.
C’est le scénariste et story-boarder Michael Maltese qui supervise la plupart des épisodes.C’est un vétéran du cartoon qui a travaillé notamment pour Fritz Freleng et Chuck Jones et a signé notamment des Porky Pig, Yosemite Sam, Beep Beep ou Tom and Jerry. Il est épaulé par un autre vétéran : Warren Foster qui lui a côtoyé Silvestre, Daffy et Bugs Bunny. On sent bien cet esprit « classique » dans Quick Draw McGraw, dont les épisodes sont d’ailleurs au format cartoon (six à sept minutes chacun et il y en a quatre dans chaque show) et dont les histoires sont un échafaudage de gags que le héros escalade consciencieusement, suivant un raisonnement absurde qui développe sa propre logique.Il y a de longs burning gags et les personnages n’hésitent pas à s’adresser régulièrement à nous.Pour Quick Draw McGraw, le moteur, c’est quand même avant tout sa bêtise. Le bourrin n’est pas malin, pour notre plus grand bonheur et son héroïsme est aussi clinquant que ses plans sont foireux. Les méchants qu’il affronte sont juste un peu plus bas de plafond que lui. Quand la situation l’exige, il se transforme en héros masqué : El Kabong, un surnom qu’il doit à son arme de prédilection : la guitare qu’il écrase sur la tête des méchants (et qui fait donc Ka-Bong !). Heureusement qu’il a avec lui l’ânon Baba Looey qui est le plus censé et surtout le plus efficace à la fin.Il y a aussi un gros chien bien pataud qui se nomme Snuffles (avec un petit cycle de marche de profil bien saccadé). Un autre gag récurrent emprunté aux héros traditionnels des cartoons de cinéma : le méchant en prend plein la gueule, plusieurs fois par épisode et pas qu’un peu. Certains épisodes doivent être un peu difficile à diffuser de nos jours où les grands coups de parapluie sur le crâne font bien grimacer les censeurs (mais curieusement, pas les cadavres du journal). C’est le grand Daws Butler qui fait les voix de Quick Draw et Baba Looey, Don Messick vient donner un coup de main pour les voix supplémentaires.On reconnaît très bien les caractéristiques Hanna-Barbera : les cycles à répétition, les réutilisations systématiques, les corps très fixes… Mais encore une fois : c’est bien fait et c’est assez absurde pour être drôle pour un large public (cette série a même été sélectionnée pour un Emmy en 1960). C’est charmant, c’est fun… Et c’est très mal édité car il paraît que les originaux sont en piteux états. On ne trouve que quelques épisodes éparpillés sur des compilations avec d’autres cartoons.
J.B.
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