La tirade de Dominique DE VILLEPIN sur Nicolas SARKOZY semble mettre en ébullition une bonne part de l’UMP. Si le propos peut être dur, il n’en demeure pas moins qu’il reflète la pensée d’une bonne part de nos concitoyens. Les mots sont forts, mais ont le mérite de ne pas sombrer dans ces faux-semblants derrière lesquels se cachent nos politiques. Pourtant, ils n'en disent pas moins sous le manteau. C'est beau le courage ! Les vives réactions qui émanent de l'UMP indiquent que la flèche à atteint une zone sensible.
Voilà nos bons petits soldats qui hurlent au loup comme un seul homme. Que voilà un odieux crime de lèse-majesté commis par l’ancien Premier ministre ! Après les crocs de boucher, le sceau de l'infamie... Pas besoin de chercher bien loin des justifications à certains propos tenus dans « De l'Esprit de cour », la meute illustre bien en ce moment la métaphore d'une « cour de perroquets apeurés ». C’est à qui exprimera le plus fort sa colère et prouvera sa fidélité au grand patron. Eh! Mais c'est qu'on remanie... Choqués, scandalisés,… ma foi, il faudrait écrire pour mémoire un florilège des sorties autrement plus scandaleuses de certains membres de la majorité. De l’union avec le Front National aux excès de portes-flingues aussi chevronnés que Frédéric LEFEBVRE, il y aurait de quoi dire. Au sommet, le discours de Grenoble vaut son pesant d'or.
Les Sarkozystes font bloc aujourd'hui? À la rigueur, le chef de l’État devrait s'en féliciter et remercier son rival. Mais, qu'en sera-t-il au lendemain d'une défaite pour leur champion en 2012 ? Il y a un dos qui risque de se hérisser de nombreux couteaux.
Cela dit, les chiens aboient la caravane passe… N’est-il pas préférable de suivre une route qui peut paraître solitaire, que d’être mal accompagné ? à cette question le carriériste répondra par la négative, celui qui cherche à travailler dans l’intérêt général, n’en aura cure. Ce qui n'exclue pas l'ambition pour autant.
Dans ce type de situation, la fidélité se trouve bien souvent plus du côté du pouvoir que des valeurs et idées partagées. Etrange coïncidence, soudain, les « villepinistes » du gouvernement refont surfaces… à l’orée d'un remaniement ministériel... Les voici à tancer Dominique DE VILLEPIN. La presse classe Bruno LE MAIRE chez les villepinistes, elle oublie qu'il a déjà effectué son choix il y a peu, optant pour Nicolas SARKOZY dans je ne sais plus quelle émission radio. On verra si le ministre de l’Agriculture ne s’est pas exprimé trop rapidement. Il n’est jamais bon de se dévoiler trop tôt quand les places sont à répartir entre un trop grand nombre de candidats.
Le style de Nicolas SARKOZY, quelque peu édulcoré depuis quelques temps n’est pas conforme à l’idée que l’on peut se faire de la figure d’un président de la République. C’est-à-dire l’image d’un chef de l’État à l'écoute de l’ensemble des Français, s'élevant au-dessus de la mêlée. S’il n’en occupe plus la fonction, nous avons bien davantage un chef de parti aujourd'hui. Signe éloquent, l’UMP n’est plus doté d'un président, mais d'un secrétaire général… Dernier personnage qu’il faut vraisemblablement récompenser pour ses bons et loyaux services à la tête du parti par un maroquin . A moins qu'il s'agisse d'une exfiltration?
La manière avec laquelle le remaniement est gérée laisse pantoise. Cette séquence lancée il y a plusieurs mois nous offre un spectacle affligeant de membres d’un gouvernement préoccupés moins de l’intérêt public que de leurs carrières. L'actuel hôte de l'Elysée se complaît à observer les agitations des uns et des autres, tirant quelques ficelles de ci et de là. Entrants un jour, sortants un autre, la valse des prétendants n’en finit plus. Ce n’est plus un remaniement, c’est un spectacle de télé-réalité. Et rien n’empêcherait que la palme soit accordée à un candidat surprise, ce qui ne manquerait pas de piquant.
Je concède que pour continuer la bataille entamée, j'entends par là offrir la possibilité d’une alternative à une droite « décomplexée », il faudra définir un projet, offrir autre chose qu’un combat contre Nicolas SARKOZY. Dominique DE VILLEPIN va devoir commencer à dérouler sa vision pour notre avenir commun. Il lui faudra se présenter aux citoyens en tant que bâtisseur, décidé mais en aucun cas belliqueux.