J’ai eu l’occasion de le voir lors de sa toute première projection aux États-Unis, à l’occasion de l’American Film Institute Festival, à Hollywood. Ce film, qui sort dans les salles américaines le 26 novembre, avait déjà remporté le prix du public au Festival du Film de Toronto. Au cours des années précédentes, ce prix a été remis à des réalisations qui ont ensuite remporté l’Oscar du meilleur film (Slumdog Millionaire, American Beauty), ou qui ont été nominées (Precious, Shine).
Ce qui est pressenti pour The King’s Speech, c’est l’Oscar du meilleur acteur : Colin Firth réalise en effet un travail exceptionnel en se mettant dans la peau d’un bègue, roi de surcroît. Il joue le rôle de George VI, le père d’Elizabeth II qui a régné sur l’Angleterre de 1936 à 1952. Fils cadet de George V (Michael «Dumbledore» Gambon), il a pris le pouvoir après que son frère aîné a du abdiquer pour se marier avec une américaine deux fois divorcée. Éduqué «à la dure», il a développé très tôt un bégaiement qui a duré de longues années. C’est avec l’aide de Lionel Logue (Geoffrey «Capitaine Barbossa» Rush), thérapeute plus ou moins conventionné, qu’il a réussi à surmonter ses défauts d’élocution, notamment dans ses discours.
La genèse de ce film est à elle seule un conte de fée. David Seidler, le scénariste, a lui-même souffert de bégaiement dans sa jeunesse. Ce sont les discours du roi, reconnu comme un bègue notoire depuis son premier discours catastrophique en 1925, qui l’ont aidé à surmonter ses propres difficultés. À l’écoute de ses discours remarquables au milieu de la Seconde Guerre Mondiale, il a réalisé que le bégaiement n’était pas une fatalité, et a lui-même réussi à s’en défaire.
Cependant, il ne fut pas facile d’obtenir la permission de faire de l’histoire du roi un scénario. Sa femme, la Reine mère (jouée par Helena Bonham Carter), lui a déclaré que ces souvenirs étaient trop douloureux, et qu’elle refuserait que le film soit réalisé de son vivant. Ironie du sort : David Seidler, qui l’avait contactée dans le milieu des années 1970, n’avait pas prévu qu’elle vivrait jusqu’en 2002.
Ce film de Tom Hooper a donc une longue histoire, et son aboutissement se garde bien de tout ruiner, en présentant, sans sombrer dans le pathos, un roi consacré à une véritable lutte contre lui-même. Approuvé must see.